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La mise à niveau du temps de travail dans la fonction publique, une occasion perdue ?

par Yves Buchsenschutz
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Il a fallu voter en août 2019 une loi exceptionnelle pour imposer au personnel de la fonction publique un minimum de temps de travail par an. Ceci relève déjà de la pure fantasmagorie. Nous sommes probablement le seul pays au monde où, à force de constater la lâcheté et le clientélisme des responsables des administrations ou des collectivités locales il a fallu passer par une loi pour obtenir l’abrogation de privilèges pourtant définis par comparaison avec un régime dit « des 35 heures », lui-même déjà extravagant. Il a déjà considérablement avantagé en son temps le personnel travaillant dans le privé en France et détérioré la compétitivité des entreprises françaises qui depuis créent du chômage au lieu de créer de l’emploi.

Non content d’avoir tergiversé, on a laissé également du temps aux administrations comme à leurs employés pour trouver des solutions acceptables par les uns et par les autres. Nous sommes aujourd’hui au pied du mur et l’on continue à ratiociner commune par commune, administration par administration, ministère par ministère sur l’application d’une loi, qui relève d’un minimum de justice sociale, à l’envers peut-être de l’habituel toujours plus, mais tout de même d’égalité basique.
D’après la loi, les communes auraient dû s’aligner dès le 1er janvier 2021, les départements en fin d’année. En avez-vous entendu parler ? On a surtout entendu parler de compensations : les primes et les compensations vont pleuvoir ! (sans changer le temps de travail dans bien des cas !)

Madame Hidalgo, maire de Paris, qui clame haut et fort qu’elle compte solliciter les suffrages de ses concitoyens pour les élections présidentielles sait elle seulement que ses employés ne travaillent que 1552 heures par an. Que de plus leur absentéisme est globalement le double de celui d’une société privée ! (grossièrement 10 % de perte de travail au total) C’est semble-t-il un sujet qui ne l’intéresse pas même si le déficit de Paris s’accroît chaque année.
Elle met des en place par compte à grand frais une nouvelle forme d’accession à la propriété dans Paris à moitié prix pour ses protégés sous prétexte de mixité sociale. Car c’est la collectivité qui va bien entendu financer le rachat du foncier qui sera désormais séparé de la propriété de l’immobilier. Il paraît que le parc de logement aidé devrait bientôt atteindre à Paris, 30 % ! Décidément, la France s’enrichit.
On se demande réellement dans quel pays nous vivons et surtout ce qu’il faudrait faire pour arrêter toutes ces distributions électorales. N’existe-t-il pas des lois qui interdisent les pratiques d’achat de votes ? Il est vrai que si elles sont aussi bien appliquées que celles concernant le temps de travail des agents de la fonction publique ou les primes exceptionnelles des membres du Conseil Constitutionnel, nous pouvons attendre longtemps. Savez-vous que les administrations ont tout simplement bloqués sous des prétextes techniques divers l’application de la création d’un fichier unique d’allocations sociales qui permettraient enfin de savoir qui touche quoi ? (A l’époque de l’intelligence artificielle, pendant que l’on envoie un véhicule intelligent sur Mars, cela paraît assez risible)

Deux caractéristiques nouvelles de notre pays sont en train de se faire jour :
Les lois sont parfois votées mais elles ne sont plus appliquées même lorsqu’elles ont été quasiment vidées de leur substance.
On ne sait plus pour qui voter puisque non seulement les décisions deviennent de plus en plus absurdes mais que, de plus, le courage et la volonté de les appliquer semblent des vertus disparues. Les taux d’abstention aux élections posent d’ailleurs désormais de vraies questions sur la légitimité de décisions voulues en fait par 20 % à peine de la population.

Pourtant les décisions sont comme les plis de pantalon : une seule fois mal exécutée, il est très difficile ensuite de reprendre le droit fil. La remise à niveau du temps de travail dans la fonction publique était une occasion unique et simple de reprendre des habitudes de bonne gestion : gageons qu’elle est déjà perdue.
Dernière nouvelle : On annonce la suppression de l’ENA : il va être très intéressant d’observer comment va s’organiser le sabotage !

 

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4 commentaires

Yves Golder avril 8, 2021 - 1:30 pm

Merci !
Merci pour cet article de « salut public » !

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Molimard avril 9, 2021 - 10:53 am

Jean Fourastié et son ouvrage, « les 40 000 heures »
Il y a 56 ans, Jean Fourastié écrivait son livre baptisé » les 40 000 heures « , très intéressant ! Jean Fourastié, grand esprit libéral, prédisait une baisse inéluctable du temps de travail depuis ce temps révolu, sous Louis Philippe où les machines n’avaient pas encore fait leur apparition, et où les ouvriers faisaient 90 heures maximun multipliées par 50 semaines, soit 4500 heures multipliées par 20 ans d’espérance de vie professionnelle en moyenne, soit 90 000 heures dans une vie en moyenne, en passant par le front populaire et ses 40 heures par 50 semaine par 40 années maxi d’espérance de vie professionnelle, soit 80 000 heures, puis les années 60, toujours 40 heures par 47/48 semaines en moyenne par 37,5 années pour la retraite (ou même 30 ans pour 40 % du salaire brut, eh oui !), soit 72 000 heures. Pour les années 80 à 2000, en fonction d’une forte hausse de la productivité due aux machine semi automatiques, à commande numérique, l’arrivée des robots, le temps de travail dans une vie devait, selon ses estimations très poussées, descendre jusqu’à 40 000 heures dans une vie. Aujourd’hui, ou en sommes nous ? Le nombre d’années à travailler se rapproche doucement, mais surement des 42, 45 à 50 ans, voir plus.. du jamais vu !? Le nombre de semaines est celui de 1981, soit 45 à 47, selon les jours fériés ?!… Je ne parle pas de ces grands organismes qui ventilent RTT, 6ième semaine, compte temps, etc…Et le nombre d’heures, quel est il ? 35 heures officiellement, certains profs agrégés, 7,5 pour 15 heures quand une heure en amphi compte double…mais pour certains, auxquels j’ai appartenu, 55 heures régulières, avec bien des pics(les cadres sup allant jusqu’à 80, 100 heures par semaine, y perdant femme et enfants au passage !), pour juste ne pas se faire virer en invoquant la surcharge de travail pour expliquer le retard dans certains projets, le taux horaire, en conséquence, redescendant bien entendu et très souvent au dessous du SMIC… Et la fonction publique, alors ? Je me souviens de mes colonels et du général, dans les années 80, qui s’empilaient déjà régulièrement leurs 50 heures par semaine, puis cela a suivi, les heures ne sont plus comptées dans le public aussi, la productivité s’y est accélérée, la sélection y est beaucoup plus dure qu’à l’époque du pein emploi, là où les salaires étaient de 25 000 francs par mois, ils sont maintenant de 2500 euros par mois, donc où est passée cette productivité robotisée de ce cher Jean Fourastié ? Je vous donne une piste : Patrick Revelli, le valeureux ailier gauche de l’ASSE avait négocié un contrat de 12000 francs par mois à la fin de l’année 1977, un an après la finale perdue de 76. Neymar, lui, est à 3 000 000 euros par mois, Ronaldo a gagné plus d’un milliard de dollars en moins de 20 ans (1000 ISF), et ils ne sont pas les seuls, là, il y a toujours de l’argent et surtout : …50 matchs par 1,5 heures cela fait 75 heures par 20 ans maxi, soit 1500 heures, eux, humour ?! … ils ont lu Fourastié !

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BUCHSENSCHUTZ avril 10, 2021 - 12:51 pm

Mr Molimard votre article
Merci de votre commentaire, mais c’est un article complet : rejoignez-nous ! Cordialement. Yves Buchsenschutz

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BUCHSENSCHUTZ avril 10, 2021 - 12:55 pm

VOS COMMENTAIRES
Merci et monsieur Molimard, c’est un article complet : rejoignez-nous. Amicalement Yves Buchsenschutz. Vrai aussi pour Mr Golder quand il aura la plume « articulée » plutôt que livresque.

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