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Sur quel critère se fonder pour choisir notre Président ?

par Claude Sicard
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La campagne électorale ouverte pour choisir, en avril prochain, notre futur Président entre à présent dans sa phase active, bien que le principal candidat ne se soit pas encore prononcé, à savoir notre actuel président de la République. Son épouse, Brigitte Macron, interrogée le 12 janvier sur Tf1, a répondu : « Comme vous, j’attends sa décision ».

Les Français vont avoir à choisir entre plusieurs candidats, et le problème du critère à retenir pour les départager est donc essentiel.

Si l’on se plonge dans la sociologie des Français pour tenter de faire un pronostic on en vient rapidement à penser que les citoyens de ce pays opteront pour un dirigeant habile qui puisse leur permette de continuer d’être, en Europe, le pays où l’on travaille le moins tout en ayant un niveau de vie tout à fait convenable. Il faut donc un magicien ! La France est en effet un pays qui vit au dessus de ses moyens, et ce depuis longtemps : déjà, en septembre 1976, Raymond Barre en présentant son plan d’austérité, avait déclaré dans une allocution télévisée : « La France vit au dessus de ses moyens ». Et Thierry Breton, en arrivant au ministère de l’Economie, en 2005, avait fait la même déclaration. La France est, en Europe, le pays où les personnes ont la durée de vie active la plus brève, et où, de surcroit, dans l’’année on travaille moins longtemps que partout ailleurs. Agnès Verdier-Molinié, la directrice de l’IFRAP, nous dit dans un article récent du Figaro Magazine : « La France travaille 7 milliards d’heures par an de moins que la moyenne des pays européens ». C’est, néanmoins, le pays où les personnes peuvent se soigner tout à fait gratuitement en bénéficiant d’un « restant à charge » ridiculement bas, le plus faible de tous les pays européens, c’est un pays où les travailleurs partent à la retraite à 62 ans alors que partout ailleurs il s’agir de travailler plus longtemps ( 67 ans dans le cas de l’ Italie, par exemple), c’est un pays où dés qu’un dirigeant envisage de faire la moindre réforme, on fait grève pour faire échouer la mesure, en sorte que la France est de tous les pays développés celui où il y a le plus de jours perdus chaque année pour des raisons de grèves. C’est, il faut le rappeler, le pays où l’on a abaissé à 35 heures la durée hebdomadaire légale du travail, une mesure qu’aucun autre pays n’a cru bon d’adopter !

Il faut voir que la France est aujourd’hui le pays d’Europe qui est plus désindustrialisé, la Grèce mise à part, alors que ce secteur d’activité est celui qui contribue le plus à fournir de la richesse à un pays. Et l’Etat doit donc faire avec ce handicap qui mine l’économie : avec le taux d’industrialisation très faible (10 % du PIB) qui est aujourd‘hui le sien, la France est un pays sinistré qui, pour faire tourner son économie, est contraint de s’endetter un peu plus chaque année. L’industrie n’a jamais eu, dans ce pays, une bonne presse : c’est une activité qui pollue l’environnement, où le travail est fastidieux, répétitif, et dégradant pour l’individu, comme l’avait montré Charlie Chaplin dans son film « Les temps modernes ». Le communisme a ainsi très vite trouvé, là, un terrain favorable pour s’épanouir : il faut voir ce que contient la charte d’Amiens, adoptée par les syndicats en 1906, une charte qui a été l’ADN du syndicalisme français ! L’industrie y est vue comme une activité où les capitalistes spolient les individus, s’accaparant indument des plus values crées par les travailleurs : le syndicalisme français est ainsi un syndicalisme révolutionnaire qui combat le patronat et prône la lutte des classes. La France s’est très vite donc désindustrialisée après que le général de Gaulle eut, au lendemain de la dernière guerre, entrepris de redresser le pays, une période faste que l’on a appelée « Les Trente Glorieuses ». Notre pays se trouve donc contraint, maintenant, d’importer la plupart des produits manufacturés dont il a besoin, rendant sa balance du commerce extérieur en permanence négative. Et comment paye-t-il ses importations ? En s’étant incorporé dans la Zone Euro, dont il néglige d’ailleurs de respecter, il faut le souligner en passant, les contraintes, en sorte que les devises dont il a besoin pour payer ses importations sont gagnées par ses partenaires, l’Allemagne et les Pays-Bas notamment.

La France est, par ailleurs, un pays où les citoyens ont pris l’habitude d’avoir plus de droits que de devoirs, en sorte que le gouverner est extrêmement difficile. Le philosophe Gaspard Koenig, dans les Echos du 10 novembre 2021, fait remarquer que dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, un texte fondateur, il n’est mentionné qu’une seule fois le mot « devoir ». Qu’est ce qu’un devoir pour un citoyen ? : c’est, dit-il, d’obéir à la loi et d’être prêt à défendre le territoire et la liberté de son pays. On voit que ces notions se sont évaporées aujourd’hui : les minorités n’acceptent plus la loi de la majorité ce qui est pourtant tout à fait fondamental en démocratie. On voit ainsi, avec l’épisode de la pandémie de la Covid-19, des minorités, dans tout le pays, s’agiter en permanence et se révolter contre l’obligation qui est faite aux citoyens de se faire vacciner, ceci afin tout simplement de ne pas saturer les moyens dont disposent nos hôpitaux pour soigner les cas les plus graves. Et pour ce qui est de la défense du territoire on voit que les thèses des candidats qui veulent défendre notre civilisation et nos valeurs contre le risque de les voir disparaitre sous l’effet de flux migratoires devenant de plus en plus importants, ne mobilisent qu’une minorité de personnes. La France se soumet aux oukases du Conseil de l’ Europe et se plie à ses recommandations étonnantes : et l’une d’elles, la Résolution 1743, dit, dans son article 3 : « Les musulmans sont chez eux en Europe ».

Selon les tendances lourdes de la sociologie française, la majorité des Français pourrait donc bien se prononcer, demain, en faveur du candidat qui leur paraitra le plus à même de continuer à les faire vivre avec toutes ces illusions: il faut pour cela un dirigeant qui soit un illusionniste, un habile magicien. Cela est bien possible, car la France est un pays chanceux qui a connu dans son histoire des renversements de situation étonnants. En 1940, par exemple, son armée a été vaincue en un rien de temps par la Wehrmacht : mais la France s’est trouvée, néanmoins, miraculeusement hissée quelques années plus tard, en 1945, au rang des vainqueurs du troisième Reich. Le maréchal Wilhem Keitel, qui signa l’acte de capitulation pour l’Allemagne, lorsqu’il vit à la table le général de Lattre de Tassigny, fut complètement interloqué, et il murmura : « C’est un comble ! ». Il n’en croyait pas ses yeux.

D’autres Français, plus réalistes, et mieux informés des réalités, préféreront, sans doute, s’orienter vers des candidats qui leur proposent de sortir des fictions dans lesquelles on a entretenu le pays jusqu’ici, et voudront porter au pouvoir un candidat qui ne fait pas prendre les apparences pour la réalité. Ils voteront pour un candidat qui propose de mener lucidement un combat pour éviter que le pays ne sombre. Et pour cela : travailler davantage, réduire les dépenses de l’Etat, faire des économies partout où on le peut, partir à la retraite plus tard, réindustrialiser à vive allure le pays et cesser de s’ouvrir béatement aux flux migratoires. Un candidat pour qui, dans notre système démocratique, les droits sont assortis de devoirs.

Il faudra, en somme, faire le choix entre un magicien qui nous dirait qu’il possède une potion magique, qui s’appelle, par exemple, l’ Europe, pour nous tirer d’affaire, ou bien un candidat peut être moins talentueux verbalement, moins envoutant, sans doute plus besogneux, qui proposerait de lutter avec acharnement par nos propres moyens pour que la France ne disparaisse pas, demain, et continue à vivre selon ses valeurs.

En fait, si l’on prend le soin de s’élever au dessus des querelles partisanes, on voit qu’il y a deux, et seulement deux enjeux essentiels : redresser l’économie du pays et maitriser les flux migratoires. Le premier nécessite que l’on réindustrialise rapidement le pays car c’est seulement par cette voie que notre économie pourra retrouver ses grands équilibres : il faudra le faire le plus vite possible, et c’est ainsi que l’on pourra fournir des emplois à tout le monde, réduire nos dépenses sociales, donc les dépenses publiques, diminuer progressivement la pression fiscale, et rembourser peu à peu nos dettes. Et c’est en maitrisant nos flux migratoires que l’on pourra continuer à être un pays qui conserve son identité et où les citoyens soient en mesure de vivre dans une société où tous les membres partagent le même mode de vie et les mêmes valeurs.

Quelle voie la majorité des Français va-t-elle donc choisir ? Il est très difficile de le dire. Puissent les Français ne pas céder, demain, à la tentation de la facilité.

 

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