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Patrick Drahi, des milliards qui n’ont pas été apportés par les cigognes

par Valérie Pascale
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Drahi est né à Casablanca en 1963. La famille quitte le Maroc pour s’installer à Montpellier quand il a quinze ans. Fils de deux professeurs de mathématiques, il rentre à Polytechnique puis enchaine avec Télécom ParisTech. Après quelques années chez Philips et Millicom, où il déploie des réseaux câblés en France et en Espagne et participe au lancement de chaînes TV en Europe de l’Est, il décide de se lancer à son propre compte.

C’est ainsi qu’il crée en 1993 sa première entreprise, Communications Media Associates, le cabinet de conseil spécialisé dans la communication et les médias. Il s’agit d’une SARL avec 7.600 euros de capital apportés à parts égales par Drahi et son père. « Je me suis lancé sans argent, avec seulement des idées et la volonté de travailler dur », explique-t-il.

Mais la vraie passion de Drahi devient vite le câble. Il s’inspire beaucoup de l’exemple américain de John Malone, milliardaire qui a fait toute sa fortune en consolidant le secteur. Après son voyage aux États-Unis à la fin des années 1980, Drahi se rend compte que le câble y est en plein développement, contrairement à ce qui se passe en France. Il décide alors de conquérir le secteur et « devenir le premier concurrent de France Télécom ».

Les années d’apprentissage

Pour construire des réseaux, Drahi a besoin de financement. Il se tourne de nouveau vers l’Amérique et convainc InterComm, câblo-opérateur américain appartenant à la famille Rifkin, d’investir dans la création en 1994 de son premier câblo-opérateur Sud CableVision à Cavaillon. Il vend des abonnements en personne de porte-à-porte. Un an plus tard, il recourt encore au financement américain (provenant cette fois-ci de la famille Schneider à travers leur société UPC, devenue ensuite filiale de Liberty Global de John Malone), et crée ainsi son second câblo-opérateur Médiaréseaux à Marne-la-Vallée.

Suite à des augmentations de capital menées dans ses sociétés par les actionnaires américains, Drahi se voit progressivement diluer, et sa part baisse à 0,5% dans Sud CableVision et à 0,4% dans Médiaréseaux. Mais sa société de conseil achète pour 46.000 euros de bons de souscription d’actions dans Médiaréseaux, qui peuvent être convertis en 5% du capital du câblo-opérateur, et Drahi obtient de la part de UPC une promesse d’achat de ces 5% à leur valeur de marché.

Drahi se voit nommer responsable des activités de UPC en Europe de l’Ouest et du Sud, lorsque ce dernier introduit ses réseaux câblés européens en bourse. Le poste étant basé à Genève, il déménage en Suisse en 1999.

Avec 1,2 milliard d’euros levés par UPC lors de l’introduction en bourse, le câblo-opérateur américain continue sa conquête du marché européen et, sous la direction de Drahi, dépense 330 millions d’euros pour racheter cinq câblo-opérateurs en France en moins d’un an. UPC devient ainsi le quatrième câblo-opérateur en France, et Médiaréseaux est désormais valorisé à 800 millions d’euros. Les 5% de Drahi valent donc 40 millions d’euros, et il décide de les vendre, juste avant l’éclatement de la bulle internet. Drahi est devenu millionnaire, mais pas milliardaire.

L’éclosion d’un milliardaire

Drahi quitte UPC, et crée en 2001 sa propre société, le fonds d’investissement Altice. Il s’entoure d’une équipe, qui maîtrise tous les aspects du câble : Bruno Moineville, diplômé de la London Business School qui dirigeait le câblo-opérateur Réseaux Câblés de France, Armando Pereira, qui dirigeait l’intégrateur de réseaux télécoms Sogetrel, et Angélique Benetti, une spécialiste des contenus qui venait du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Les nouveaux associés possèdent désormais 20%, 20% et 9% des fonds d’Altice respectivement (une décennie plus tard, les deux premiers se retrouveront aussi avec Drahi dans le classement des milliardaires Challenges avec un milliard de patrimoine chacun).

C’est ainsi que Drahi commence la consolidation du câble en France. Avec la participation du fonds d’investissement britannique Cinven puis de l’américain Carlyle, il rachète presque tout le câble français, notamment Numericable, Noos, France Telecom Câble et même UPC France de John Malone, pour 2 milliards d’euros au total. La stratégie de Drahi consiste à racheter des sociétés par endettement.

« C’était le seul à croire au câble quand personne n’y croyait plus », explique son ancien salarié.

Drahi se lance également à l’étranger, et rachète des câblo-opérateurs au Portugal, au Benelux, en Afrique de l’Est. Mais sa plus grande réussite se trouve en Israël, où il rachète un câblo-opérateur puis un opérateur mobile et les fusionne pour créer ce qui est devenu le premier câblo-opérateur du pays, à la fois fournisseur d’accès à Internet, diffuseur de télévision par câble, détenteur d’une licence mobile et producteur de contenus avec 25 chaînes de télévision.

Le prix du risque

Drahi réussit à faire en Israël ce qu’il rêve de réaliser en France depuis un moment. La consolidation du câble en Europe, marché qui reste encore assez fragmenté, concerne tous les pays, et l’entrepreneur fait face à ses concurrents au niveau européen Telefónica et Vodafone Group. Le rachat de SFR lui permettra de renforcer sa position dans cette course.

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« Le câble est l’avenir, mais le véritable avenir est la convergence des communications mobiles et fixes. Nous ne sommes pas en train d’inventer quelque chose ici. Cela se passe partout autour de nous », explique Patrick Drahi.

Drahi finance l’achat de SFR, valorisé à 15 milliards d’euros, par un LBO, leveraged buy-out en anglais. Numericable, valorisé à 4 milliards d’euros en bourse, s’endette pour 8 milliards, auxquels s’ajoutent 2,5 milliards de dettes existantes. Il s’agit du septième LBO réalisé par Drahi, et à chaque fois l’opération est plus grosse que la précédente. Son pari est de devenir leader européen à long terme, et de compenser le risque important qu’il a pris par le développement et la consolidation du secteur.

 

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1 commenter

Anonyme novembre 17, 2014 - 12:59 pm

Patrick Drahi, des milliards qui n’ont pas été apportés par les cigognes
Il ne faudrait pas oublier des liens avec les politiques, comme le Prèsident Sarkorsy qui a peine èlu lance un projet national de la fibre optique, l’investissement des fonds règionaux pour la fibre dans son ancien fief, la promotion du demi frère de M Sarkosy dans la sociètè Carlyle dont les fonds sont en partie de la famille Bush, pour gerer l’investissement dans le numèrique. Finalement pour Israel qui ètait à la recherche d’une chaine multi langue pour promouvoir une meilleure image a l’international, ce fut un plaisir d’aider un homme si bien soutenu… Etre devenu milliardaire en vendant des services qui ne fonctionnent pas, ce n’est pas normal. Il y a bien eu une volonté supèrieure pour que Bouygues se mettent à vendre un produit deffectueux. Comme pour Carlyle, le monde de la finance n’utilise pas les mème règles de jeu pour enrichir des individus contre toute logique…

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