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Le clientélisme électoral : où est passé l’intérêt général ?

par Bernard Zimmern
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C’est chaque jour que le parti au pouvoir, le parti socialiste, distribue l’argent des autres à ses affidés pour les remercier, et surtout pour acheter leurs voix aux prochaines élections.
L’un des détournements les plus outranciers a été la suppression du jour de carence par Marylise Lebranchu pour se concilier la bonne grâce des fonctionnaires.

Mais c’est à tout moment que l’achat de voix par les faveurs non justifiées se produit, que ce soient les coups de pouce donnés aux traitements de la fonction publique, la démocratie larmoyante de François Hollande qui au lieu d’inaugurer les chrysanthèmes assiste aux premiers ébats de nos bambins sous le signe de l’amour pour tous, ou l’inégalité flagrante entre les avantages du privé et ceux du public que le parti socialiste considère comme son fief et tient d’ailleurs de près avec des syndicats qui ne sont plus des agents de progrès mais les agents de défense de positons acquises et de privilèges.

Le drame est que le parti opposé, qui devrait dénoncer ces abus, ne peut le faire, car il a lui aussi largement trempé dans la soupe et qu’il peut difficilement présenter des textes qui essayeraient de moraliser la vie publique.

C’est pourquoi cette moralisation s’arrête à moraliser le secteur privé, à interdire les parachutes dorés ou les primes de départ, mais ne s’indigne pas des transferts de joueurs de foot ou des primes que le secteur public s’attribue à lui-même.

Ce clientélisme atteint les institutions les plus importantes de notre démocratie, celles chargées d’assurer l’indépendance de ses règles de fonctionnement.

On sait qu’à la différence des anglo-saxons, la France dispose d’un système judiciaire différent pour les matières sui touchent l’État et celles qui touchent la vie privée des Français. Nous avons d’un côté les tribunaux judiciaires avec les tribunaux d’instance, ceux d’appel et au sommet la Cour de Cassation chargée de défendre le droit, et de l’autre les tribunaux administratifs dont la cassation est assurée par le Conseil d’État.

Les recrutements sont en gros très différents puisque les tribunaux judiciaires sont tenus par des juges issues de l’école de la magistrature alors que les tribunaux administratifs sont en principe tenus par des anciens élèves de l’ENA.

Il est intéressant de voir à chaque changement de majorité le chassé-croisé entre les hauts fonctionnaires qui occupaient les postes les plus élevés de l’administration sortante et ceux sortant notamment du Conseil d’État qui les remplacent.

À côté de ce remue-ménage, le « spoil system » américain, où les ministres et secrétaires d’État du gouvernement sortant sont remplacés par des cadres du parti gagnant, fait pâle figure, car le nombre de dirigeants ainsi remplacés est du même ordre que le nombre de ceux qui échangent ainsi leurs places en France alors que la taille de la France est 5 fois plus petite. Et au moins les jeux de chaises musicales se font au grand jour, pas dans les couloirs (dorés).

Il est amusant de noter la remarque qui aurait été faite à un avocat auprès du Conseil d’État, dont la coloration serait plutôt de droite, par un membre du Conseil d’État en partance pour occuper un poste dans l’administration socialiste du gouvernement Ayrault en 2012 : « vous allez enfin cher Maître, pouvoir gagner vos procès ». En une phrase laconique, on ne pouvait mieux caricaturer le spoil system à la française mais aussi poser la question de l’indépendance de nos institutions vis-à-vis du pouvoir politique et nous rappeler que le premier problème de notre pays est la distribution des honneurs, des places et des avantages ou privilèges pour se garder ou conquérir un électorat.

 

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