Page d'accueil Regards sur l'actualité France-Europe/Quelles options face aux grands blocs?

France-Europe/Quelles options face aux grands blocs?

par Yves Buchsenschutz
344 vues

Après une longue période de stabilité, quasiment sans changement majeur, il semble que la  géopolitique mondiale bouge tout à coup dans toutes les directions.

En effet, après la guerre de 1945, les États-Unis d’Amérique d’un côté, l’URSS de l’autre étendent une large ombrelle au-dessus de leurs clientèles respectives, appuyée sur des alliances tant militaires qu’économiques.

L’Europe se scinde en deux parties  : l’Europe de l’Ouest a choisi globalement de s’abriter sous l’ombrelle US, l’Europe de l’Est est tombée dans l’escarcelle de l’ex-URSS.

Tout en restant si possible objectif, on peut dire que chaque camp s’est organisé à sa guise sous la houlette sourcilleuse du grand frère : l’abri américain plutôt sous la forme de démocraties traditionnelles occidentales via le plan Marshall et L’OTAN, l’abri soviétique sous la forme de démocraties dites populaires (en fait plutôt plus musclées voire autoritaires) coordonnées par le pacte de Varsovie….

Un premier accroc va apparaître lors de l’explosion de l’ancienne URSS. Cette dernière a le plus souvent conservé son influence sur sa clientèle antérieure mais elle va éclater en de multiples morceaux dont certains iront rejoindre l’ombrelle américaine (à commencer par les pays de  l’Europe de l’Est). D’autres resteront dans l’orbite soviétique tout en participant moins à sa puissance initiale.

Le dernier avatar, si l’on exclut le cas particulier de la Corée du Nord, est la montée en puissance et l’avènement de la Chine qui semble avoir inventé un système mixte capitalo-communiste autoritaire performant. Cette réussite lui permet, manifestement, de déployer une nouvelle ombrelle dans l’espace mondial.

Jusqu’à 2024, et l’Europe n’ayant qu’ébauché son union, nous étions encore peu ou prou dans un système à 3 centres : USA RUSSIE CHINE dans les situations relatives était les suivantes

A noter toutefois que la « gouvernance » mondiale était tout de même plutôt dominée par les USA (renforcés par l’Europe) l’ONU, l’Otan et des accords multiples, multilatéraux et souples entre les pays et en particulier l’OMC. Le monde vivait sur un mode collaboratif même si celui-ci avait bien des aspects musclés.

En effet l’extraordinaire développement connu sous le nom (on se demande bien pourquoi) de mondialisation a permis de faire collaborer des pays de système politique très différents, d’ambitions contradictoire, de niveaux de vie et donc de structures de coûts extrêmement divers, malgré un système de transport mondial tellement économique qu’il  gomme pratiquement  les distances géographiques. S’ajoutent les distorsions de concurrence liées aux législations et à l’écologie au sens large. Rappelons que pendant cette période, la grande pauvreté dans le monde est passée de 40 % de la population à 10 % !1.

Dernière remarque : les États-Unis, contrairement à ce que prétend Monsieur Trump  sont encore et de loin les leaders mondiaux, mais Il est vrai par contre, que la Chine les rattrape un peu plus chaque année. La Russie semble devenue un peu un colosse aux pieds d’argile : encore très significative militairement, elle n’a par contre pas réussi à devenir une vraie grande puissance économique.

Le coup de tonnerre dans cette fourmilière est la nouvelle politique de M. TRUMP lequel, au prétexte  fallacieux que les États-Unis ont été les dindons de la farce (pour mémoire le PIB moyen par habitant aux USA tangente les 80 000 $/an contre 42 000 en France et 11 000 en Chine, celui  de la Russie reste difficile à évaluer et varie selon les sources), décide de transformer  les USA en une sorte de forteresse face au reste du monde et ceci par des politiques protectionnistes et « deals » successifs.  À cela bien entendu chacun répond qu’il va faire la même chose. On devrait donc assister à la création progressive de blocs cernés de droits de douane et de règles contradictoires : on sort du « soft » de l’OMC pour aller vers une sorte de diplomatie de la terreur permanente, en particulier économique.

Le problème est que la forteresse USA – si elle est réalisable ce qui n’est pas prouvé  –  est éventuellement transposable à la Chine mais pas aux autres pays du monde : trop petits ou encore trop pauvres.

 Des unités plus petites telles que le sont les pays européens, sont loin par ailleurs  d’avoir encore réalisé une unité suffisante pour représenter un bloc  puissant et homogène.

Pour un pays comme la France nous avons en fait  trois voies possibles  :

  1. disparaître en tant qu’interlocuteur mondial sauf peut-être touristique ;
  2. devenir une grosse Suisse ;
  3. participer à  un bloc suffisamment homogène riche et important qui puisse  jouer dans la cour des grands : le moins difficile et le plus complémentaire semble  tout de même l’Europe ;

La majorité des pays européens ont d’ores et déjà construit l’union européenne et nous pouvons en remercier nos prédécesseurs. Globalement c’est une réussite et la plupart de ses membres font partie des pays développés ou sont en voie de le devenir.

L‘Europe a bien entendu des avantages et des inconvénients. Mais il est évident que son fonctionnement  actuel n’est pas adapté à la compétition entre blocs. La solidarité et le front unique doivent devenir ses maîtres mots.

Paradoxalement nous démarrons aujourd’hui dans beaucoup de domaines avec un handicap : trop de différences résiduelles trop de normes trop de règles trop de divergences pas assez de solidarité etc .

Si nous voulons que l’Europe serve à quelque chose, il faut qu’elle atteigne l’efficacité de ses concurrents :  USA ou Chine, pour devenir un interlocuteur valable dont la France mais aussi les autres membres pourraient bénéficier :  A VOS TABLES A DESSIN ! L’Europe est à reconfigurer !

NB : dans cette hypothèse d’ailleurs elle pourrait même jouer le rapprochement du bloc Amérique du Nord avec celui de l’Europe pour finir plus compatibles que beaucoup d’autres2.

  1.  il existe des thèses prétendant que la mondialisation n’y est pour rien. Je suis pour le moins perplexe sur les autres causes annoncées. ↩︎
  2. certains auteurs privilégient les associations entre pays à niveau de développement comparable ce qui probablement facilite les choses ↩︎

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Tu pourrais aussi aimer

1 commenter

zelectron juin 21, 2025 - 3:31 pm

quel Est ? un peu curieux ce partage de l’Europe ! le bon exemple c’est l’Ukraine donc à l’Est ? Orban à part le gaz de Russie n’a pas du tout envie d’embrasser Putin sur la bouche, les polonais s’arment jusqu’aux dents en prévision de mouvements russes, idem les pays baltes, la Finlande voit ses frontières menacées par des stationnement massifs de soldats et matériels militaires qui n’ont pas l’air d’avoir envie de rire, à part la Biélorussie tous les anciens pays de l’ancien bloc se sont bon gré mal gré ralliés à l’occident mais sans les USA ?

Répondre

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy