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Des Français champions d’Europe

par Gilles Rigourex
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Si on vous cite Nicolas Karabatic, Teddy Riner, Florent Manaudou, bien entendu tout le monde connaît. Ils ont fait la une de tous les médias, ils ont été reçus à l’Elysée, ils gagnent très bien leur vie sans que personne n’y trouve à redire.
Mais si on vous cite Alexandre Etienne et Anthony Lebarbanchon, Youni Le Coutour, Romain Bouland, Yohan Christians, rideau ! Leur notoriété reste totalement confidentielle, ils ont à peine fait l’objet de quelques news en pages intérieures de la presse de province, ils n’ont pas été reçus à l’Elysée, et ils gagnent très modestement leur vie.
Et pourtant, tous ont un même point commun : ils sont Champions d’Europe !

Si je n’avais pas lu la chronique de Xavier Fontanet dans Les Echos du 9 février, et si je n’avais pas fait l’effort d’aller chercher les informations sur Euroskills, je serais comme nous tous, j’ignorerais l’existence d’Alexandre et d’Anthony, de Youni, de Romain et de Yohan.

Mais quels talents si extraordinaires ont-ils pour avoir décroché une médaille d’or européenne en décembre dernier à Göteborg, dans une compétition extrêmement relevée, où 500 jeunes de 28 pays s’affrontaient dans 35 disciplines « sportives » ?

Enfin, « sportif », c’est une façon de parler. Disons qu’il fallait que la tête et les jambes et les bras et les mains soient au top.

Car le Haut-François Alexandre Etienne et le Normand Anthony Lebarbanchon sont champions d’Europe en « administration des systèmes et des réseaux informatiques » ; le Francilien Youni Le Coutour est champion d’Europe de « couverture métallique » ; le Normand Romain Bouland est champion d’Europe de « menuiserie » ; et le Ligérien Yohan Christians est champion d’Europe de « plâtrerie et construction sèches ».

La France, avec 4 médailles d’or, 3 d’argent et 3 de bronze, s’est classée 3ème au palmarès des médailles, derrière l’Autriche et la Finlande.

Ils ont tous moins de 25 ans. Certains sont membres des Compagnons du Devoir, cette élite de la formation professionnelle.

Voilà la vraie France qui gagne, celle des emplois pérennes d’aujourd’hui et de demain. Car si la carrière d’un sportif encensé de toutes parts est courte, celle d’un artisan modeste et fier est longue.

En cette période électorale où les médias se gargarisent des « affaires » en nous racontant que le public en demande et en redemande (c’est bizarre, je n’ai pas connaissance d’un sondage demandant aux Français s’ils préfèrent que les médias leur parlent des « affaires » ou des « programmes »), que ne parle-t-on pas de la valorisation des métiers et de « l’apprentissage » qui est l’une des clés de notre avenir à tous.

Depuis des décennies, les mauvaises fées se penchent sur le berceau. Aujourd’hui, l’orientation vers les formations professionnelles est considérée le plus souvent comme une « punition ». On pourra changer tout le système, on pourra détacher complètement la formation professionnelle de l’Éducation nationale (chose indispensable), cela ne servira à rien si les jeunes n’ont pas envie et ne se bousculent pas d’eux-mêmes au portillon.

Prenons l’exemple des « cuisiniers ». Métier très dévalorisé jusqu’à une période récente. Et puis sont apparues les émissions télé en prime time « Top Chef », « Master chef », « Cauchemar en cuisine », « Chefs », etc. Et selon les proviseurs des lycées hôteliers, les vocations ont explosé. Alors qu’ils avaient de nombreux candidats pour les métiers de service en salle, et peu pour la cuisine, la proportion s’est totalement inversée. Les jeunes veulent devenir « chefs » !

À quand les « Olympiades des métiers » en prime time sur une chaîne de service public, de grand public, à l’instar des jeux olympiques ou des championnats d’Europe ? Il y a très facilement de quoi faire du spectacle, de l’excellent spectacle, divertissant, propre à stimuler de nombreuses vocations.

France 2 l’a fait pour la musique avec « Prodiges », et ça marche ! Alors qu’attend le service public pour le faire pour la mécanique, le design et la décoration, la taille de la pierre, l’ébénisterie, la plomberie, les soins esthétiques, la réfrigération, le soudage, etc. Les possibilités sont infinies.

Nous reviendrons très prochainement sur les mesures concrètes que les futurs responsables devront impérativement prendre si l’on veut que la France rattrape son retard en matière d’apprentissage par rapport à l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suisse. Mais encore une fois, aucune mesure ne sera efficace si au préalable on ne suscite pas l’envie et la fierté chez les jeunes.

En attendant, allez sur le site worldskills-france.org et soutenez les compétiteurs français pour les prochains « Worldskills » à Abu-Dhabi du 14 au 19 octobre 2017, et pour les prochains « Euroskills » à Budapest du 26 au 28 septembre 2018.

Ohé ohé, les chaînes télé, réveillez-vous ! Et programmez les retransmissions de ces compétitions. Les droits sont certainement très modiques, donc même avec une audience nettement plus faible que pour des JO ou des championnats d’Europe, vous devriez vous y retrouver financièrement. Et puis il faut bien que notre redevance télévisuelle ne serve pas qu’à diffuser des débats politiques stériles, des matchs de foot, ou « le plus grand cabaret du monde ».

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2 commentaires

Gerard Tardy mars 19, 2017 - 7:34 pm

Des Français champions d’Europe
Bravo pour cet article qui change du négativisme. Il y a en pratique beaucoup de talents à revéler . Bien evidemment changer les cadres relementaires es tbien mais il faut surtout donner le gôut et faire connaitre les initiatives qui peuvent motiver et fédérer . C’est nouveau pour ceux qui veulent nous ranger dans des cases : Droite / gauche, riches/ pauvres, éduqués/ ignorants, Francais de souche/immigrants…….

Regardez https://www.youtube.com/watch?v=jD8tjhVO1Tc&t=8s

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BOOT mars 20, 2017 - 8:55 am

Des Français champions d’Europe
Bravo beau développement !! mais en plus court, et plus compréhensible, pour le français moyen que je suis, développer le secondaire (l’industrie quoi) plutôt que le tertiaire.
Moi détenteur de deux CAP’s dans la mécanique et reconverti, par des cours du soir, en ingénieur en électronique. Et qui termine sa carrière à 65 ans.

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