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Présidence Macron : apothéose énarchique

par Bernard Zimmern
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Le premier triomphe de l’ENA a eu lieu sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Polytechnicien, il y est entré hors concours grâce à un décret de Pompidou introduit par son père, lui-même inspecteur des finances. Ce décret permettait à deux polytechniciens (un aurait été outrancier) sortis de l’X dans le premier cinquième de leur promotion d’entrer à l’ENA sans courir les risques du concours d’entrée. Sorti comme son père à l’Inspection, l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République marque la première apothéose de cette école, qui fut créée à la Libération par le général de Gaulle avec la paternité de Michel Debré et Maurice Thorez.

Sous Giscard, l’ENA triomphe en occupant les postes importants de Bercy, notre ministère des Finances (Pierre-Mathieu Duhamel, Michel Poniatowski) mais l’économie s’enfonce avec une augmentation et une généralisation de la TVA et un accroissement d’environ moitié du nombre des fonctionnaires, ce qui permet de masquer le chômage grandissant. Cette époque est marquée par la création par Jacques Chirac, Premier ministre, du monstre d’inefficacité que sera l’ANPE, et par la taxation accrue des dividendes accompagnée de la détaxation des intérêts d’emprunts publics, ce qui permet d’attirer l’argent privé vers le budget public et de couvrir le déficit croissant.

Depuis, le déficit public et le chômage ne cesseront d’augmenter, bien que chaque gouvernement s’ingénie à créer de nouvelles mesures pour tenter de les réduire.

Leur point commun est leur inefficacité, car ces mesures sont toutes issues ou validées par Bercy et toutes sont conformes à son idéologie. Celle-ci interdit les mesures ayant fait leurs preuves dans les pays anglo-saxons, sous prétexte qu’une disposition fiscale ne peut contribuer à rendre plus riches ceux qui le sont déjà. Or, les emplois se créent lorsque des entrepreneurs créent de nouvelles entreprises avec l’espoir de faire des plus-values et de devenir plus riches. Bien au contraire, les étatistes au pouvoir traquent les plus-values au nom de la recherche de l’égalité des revenus et de la haine des riches.

L’incapacité de la haute administration française à accepter l’existence des inégalités et des riches va de pair avec son inexpérience. Pour rappel, elle a fait sombrer la banque française, à travers des pertes qui dépassent les 500 milliards d’euros quand on totalise les résultats des inspecteurs des finances ayant pris le contrôle du Crédit Lyonnais, de la Société Générale, et des grandes sociétés d’assurance (hors AXA).

Ces désastres confirment que la formation énarchique, qui ignore ce qu’est réellement une entreprise, forme de beaux parleurs, brillants, mais des gestionnaires incapables.

Ce sont pourtant eux sur lesquels vont continuer de s’appuyer les gouvernements de droite de Chirac et Sarkozy en multipliant les plans d’aides au retour à l’emploi, tous bâtis sur les mêmes schémas éculés : formation des chômeurs –mais sans créer d’emplois-, et incitation des chômeurs à créer leur entreprise – mais avec des investissements si faibles que ces entreprises sont des zombies. Ils s’occupent par ailleurs de faire cacher par l’organisme de mesure de l’emploi, l’INSEE, l’inefficacité des mesures de Bercy en sortant des statistiques – comme les créations d’entreprise – qui n’ont plus aucune signification.

L’échec généralisé de ces politiques est soigneusement masqué par les médias devenus la voix de l’énarchie à travers un maquis de subventions et réglementations dont l’État tire toutes les ficelles et dont les seuls bénéficiaires sont les énarques et leurs clients à travers les lois et avantages qu’ils se votent. On peut en donner pour exemple le logement intermédiaire ou l’expansion des postes pour énarques dans des domaines où ils sont manifestement incompétents – comme la santé.

Avec cette vision, l’arrivée d’un inspecteur des finances à la présidence (Macron) renforcée par celle d’un énarque sorti dans un autre grand corps (Conseil d’État : Philippe) et confortée par la multiplication des énarques à tous les postes de ministres ou de conseillers, ne peut que terroriser. Nous sommes vraiment passés sous le contrôle de la « firme » avec même, comme ministre, celle qui a dirigé les études des énarques à Strasbourg. Pour qui a lu La ferme des énarques ou La promotion Ubu roi – des descriptions du séjour à l’ENA par des élèves qui en sortent – la perspective d’une politique française menée par la « firme », une firme qui ne connaît l’entreprise – le matériau dont sont faites les économies modernes – qu’à travers des livres sans jamais l’avoir vécue, est une perspective catastrophique.

Faut-il se réjouir de ce que les adversaires comme Laurent Wauquier ou Valérie Pécresse sortent aussi de l’ENA en passant par le Conseil d’État ?

Les entrepreneurs, ceux que l’on loue comme étant les héros de l’économie mais qu’on n’entend que très rarement, ont un énorme travail à accomplir pour que la situation française ne continue pas à se dégrader.

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1 commenter

Anonyme juillet 3, 2017 - 9:09 am

Présidence Macron : apothéose énarchique
Et si la frilosité dont fait preuve l’énarchie française venait de la terreur que lui inspire la gauche et l’extrême gauche ? Les rugissements de leur leader et les crocs que montrent ses militants à la moindre déviation vers le libéralisme, doivent sûrement impressionner nos délicats énarques plus habitués aux salons feutrés des préfectures, des assemblées régionales et, pour les plus malins, des grands corps de l’Etat. La craintes des émeutes, des violences urbaines, des blocages du pays et de l’opprobre internationale qui s’ensuivrait seraient-ils suffisants pour freiner les plus téméraires ? La douceur de vivre et l’objectif d’une carrière bien remplie méritent bien quelques concessions. La France c’est le cirque Barnum avec dans le rôle du dompteur, les élites, et dans le rôle des fauves, tous les autres; mais, dans notre cas, le dompteur n’entre jamais dans la cage.

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