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Royaume-Uni, un modèle ?

par Bernard Zimmern
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Un très célèbre cours de Sciences Po des années 60 sur le Royaume-Uni débutait par ces mots : « le Royaume-Uni est à l’intersection de trois cercles, le cercle Etats-Unis, le cercle Commonwealth et le cercle Europe, mais trois cercles qui ne se coupent pas ».
Le Royaume-Uni vient de nous en donner une nouvelle preuve avec le vote du Brexit.

Faut-il prendre modèle sur la Royaume-Uni et sortir de l’Europe ? L’Europe est-elle vraiment si néfaste ?

Beaucoup sont hostiles aujourd’hui à l’Europe, en raison de sa bureaucratie bruxelloise qui paraît l’étouffer sous les réglementations.

Mais ce serait oublier que la France lui doit d’avoir, grâce aux principes de la libre concurrence, secoué des entreprises qui sinon l’étouffaient, comme la Poste, France-Télécom.
Il lui a manqué de réussir et d’imposer le marché commun au rail dont la SNCF a su se protéger en interdisant jusqu’à présent la concurrence.

Mais les entreprises françaises ont appris, ou plutôt commencé à apprendre – que la protection nationale ou les relations avec l’Etat ne peuvent tenir lieu d’efforts pour améliorer leurs produits ou leurs services.

Pour la Grande-Bretagne, les choses en ont été différemment, parce que, vivant sous un cercle atlantique inspiré des Etats-Unis, les Britanniques chérissaient déjà la concurrence et la création d’entreprises et n’ont pas trouvé dans l’adhésion au marché commun la même incitation à la concurrence qui existait déjà chez eux.
Dans une étude menée il y a un an par l’IRDEME, nous avions pu montrer que les créations d’entreprises en Europe continentale sont totalement liées statistiquement à la croissance économique : si celle-ci devient nulle, devient nulle aussi la création d’entreprises.
Aux USA, même avec une croissance du PIB nulle, la création d’entreprises continue, à peine diminuée, et la croissance du PIB n’a donc sur elle qu’une influence modeste.
Au Royaume-Uni, on retrouve à peu près la même caractéristique : qu’il pleuve ou qu’il vente, les Britanniques créent bon an mal an 300.000 entreprises avec salariés (contre environ 20.000 actuellement en France et 80.000 en Allemagne).

On a pu admirer la performance de David Cameron qui a su réduire de 500.000 le nombre des fonctionnaires (mais n’a pas su privatiser cet albatros qu’est le NHS) mais il n’est possible de privatiser ou supprimer des emplois publics que quand l’emploi privé en crée trois fois plus et que les salaires y sont donc plus élevés – à responsabilités et travail comparables – que dans le public. Alors qu’en France il faut être fonctionnaire pour que les banques prêtent pour l’achat d’un logement ; elles ne prêtent pas à un jeune embauché du privé.

Mais si le Royaume-Uni reste un cas à part dans l’ensemble des pays européens, un pays qui a su par exemple créer un mécanisme de contrôle de sa dépense publique, que la Chine, la Suède et bien entendu tous les pays du Commonwealth ont copié, un modèle qui est probablement une condition pour permettre à la démocratie de survivre et de ne pas se voir pirater par des multiplicités d’intérêts privés, comme c’est le cas en France, il restera un modèle à imiter.

Le Brexit devrait même être une bonne leçon pour ceux qui pensent que la construction européenne est un mal nécessaire mais qu’il y a eu beaucoup trop de laxisme dans sa gestion et que ce serait l’occasion de donner un coup de torchon sur une organisation qui a perdu son souffle sous le poids de sa bureaucratie.

Pourquoi maintenir deux sièges, Bruxelles et Strasbourg pour le Parlement avec un coût phénoménal ?
Pourquoi un statut de fonctionnaire européen, et pourquoi notamment les fonctionnaires sont-ils exemptés d’impôt sur le revenu, ce qui ne fait qu’encourager au gonflement du budget ?

Pourquoi le Parlement européen ne suit-il pas le Parlement anglais dans son processus de contrôle de la dépense publique et ne fait-il pas comparaître les hauts fonctionnaires de Bruxelles devant un comité parlementaire pour rendre compte de leur gestion ?

Et le Brexit n’oblige-t-il pas à reconnaître que l’Europe est un mal nécessaire pour les pays de l’Europe continentale car il n’y a plus de destin international pour un pays de 60 millions d’habitants s’il n’a pas la chance d’avoir su se trouver à l’intersection de trois cercles qui ne se coupent pas ?

 

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1 commenter

Jean-Xavier ROCHU juin 27, 2016 - 11:56 am

Le mal français: l'ingérence!
Il est incroyable que votre cercle d'influence accepte que vous puissiez écrire: "il n’y a plus de destin international pour un pays de 60 millions d’habitants". Si l'Angleterre a 3 cercles fertiles, Etats-Unis, le Commonwealth et le cercle Europe, la France n'est pas moins bien lotie.

Mais surtout nous avons un énorme handicap: la rue St Guillaume dédaigne notre industrie. Apparemment, vous en faites partie!

Un étudiant fonctionnaire français fait quatre stages d'un trimestre quand son collègue chinois passe 5 ans dans l'industrie avant d'engager sa carrière publique. Ils sont tellement ignorants qu'ils ont laissé dépérir les Grands Corps qui ne sont plus capables de cantonner les politiques dans leur fonction de ciblages d'objectifs. Pour se faire valoir électoralement, ils ont l'arrogance de fixer où et quand il faut sabrer les capillaires ferroviaires (petites lignes de chemin de fer nourricières du réseau national) ou mettre au point une technologie nucléaire nouvelle chez l'un des clients parmi les plus difficiles du monde, la Finlande!

Oui les politiques ont eu la peau des Grands Corps parce que ses agents n'ont plus aucune idée des contraintes du survivre en concurrence. Ils sont incapables d'apprécier les mérites de nos industriels qui quittent la France pour des cieux plus compétents!

Pire! comment imaginez vous que, de Taiwan à Singapour, ou de la Suisse à Israël sans parler de la quantité de pays de 20 millions d'habitants, ces pays puissent survivre en autarcie?

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