Nous ne pouvons que féliciter l’OCDE pour un remarquable rapport publié en 2007 sur le rôle des entrepreneurs dans la création de richesse dans les pays développés. Ce travail a été fait sous la direction de Jean-Philippe Cotis, alors chef économiste de l’OCDE, avant son départ à la tête de l’Insee jusqu’en 2012, et actuellement à la Cour des comptes. D’autres études sur les entreprises à forte croissance et les gazelles ont été également réalisées par l’OCDE à la même époque mais, à notre grand regret, aucune n’a été poursuivie dans le temps.
Le rapport[[Jean-Philippe Cotis, « Entrepreneurship as an engine for growth: evidence and policy changes », OECD, 2007.]] nous rappelle des résultats importants sur les entrepreneurs et les créations d’entreprises que nous connaissions déjà par ailleurs, notamment grâce aux travaux fondamentaux de la Kauffman Foundation, organisme de recherche américain spécialiste de l’entrepreneuriat, et sommes très heureux de retrouver ces résultats dans le discours officiel de l’OCDE.
L’entrepreneuriat est devenu le sujet phare de nous jours, comme le rappelle l’OCDE. Il est le seul moyen de création de richesse dans les pays développés et c’est pourquoi il doit être encouragé par les politiques. Il existe une évidence scientifique au fait que l’entrepreneuriat contribue à la création d’emploi, à la productivité et, par conséquent, à la croissance économique.
L’OCDE a eu pour objectif de se concentrer davantage sur l’entrepreneuriat comme source de la croissance économique. Nous résumons ci-après les principaux résultats du rapport OCDE de l’époque.
? Il existe un écart important entre les États-Unis et les autres pays de l’OCDE, notamment en termes de PIB par habitant.
? À l’exception de quelques pays nordiques et anglo-saxons, il n’y avait pratiquement aucun effet de rattrapage entre les pays de l’Europe continentale et les États-Unis depuis les 15 dernières années.
? Après plusieurs décennies du déclin technique, les États-Unis et quelques petits pays de l’OCDE ont enfin connu une reprise importante, mais cela n’est pas le cas dans la plupart des pays européens qui sont toujours en train de stagner.
? Les innovations sont très importantes pour les gains en productivité. Les pays européens sont nettement en-dessous des États-Unis sur ce point de vue.
Ce sont les entreprises nouvelles qui produisent et fournissent les innovations aux entreprises existantes. Mais elles ont tendance à croître beaucoup plus vite aux États-Unis qu’en Europe. Aux États-Unis, même si les nouvelles entreprises naissent petites, elles grossissent et augmentent rapidement leur productivité grâce aux innovations et à l’optimisation des processus de travail. Il faut noter que 8 sur les 25 plus grandes entreprises américaines n’existaient même pas ou étaient très petites en 1960, alors qu’en Europe les 25 plus grandes entreprises étaient déjà grandes cette même année.
Le mécanisme qui crée le lien entre l’entrepreneuriat, l’innovation, la productivité, et enfin la croissance, est connu sous le nom de la « destruction créatrice », introduit tout d’abord par Joseph Schumpeter et vérifié ensuite dans plusieurs travaux de la Kauffman Foundation.
? La « destruction créatrice » se manifeste par le fait que dans la plupart des pays de l’OCDE entre 20 et 25% des entreprises sortent et entrent chaque année sur le marché.
? Entre 15 et 30% des gains de productivité dans les pays de l’OCDE s’expliquent par la turbulence des entreprises. Il a fallu 20 ans pour remplacer un tiers des entreprises de la liste Fortune 500 en 1960. Il a fallu seulement 4 ans pour remplacer celles qui faisaient partie de cette même liste en 1998.
Les innovations représentent un processus hasardeux. Les entrepreneurs créent de nouvelles entreprises et ainsi introduisent et propagent les innovations. Ces innovations poussent les entreprises existantes à innover à leur tour ou bien à quitter le marché. Les nouvelles entreprises sont donc très importantes d’un point de vue de la promotion de nouvelles technologies. Il peut s’avérer difficile pour les entreprises existantes de modifier leur organisation interne et de s’adapter aux nouvelles technologies, et pour cela les nouvelles entreprises sont indispensables.
Bien que l’entrepreneuriat existe depuis longtemps, pour les économistes c’est un phénomène récent qui mérite d’être étudié en profondeur. Mais comme le note l’OCDE, le manque de données pour la plupart des pays nécessite d’être résolu en urgence pour permettre des études comparatives sur les créations d’entreprises et l’entrepreneuriat au niveau international. Ces données permettraient aux chercheurs de l’OCDE de mieux comprendre les origines de l’entrepreneuriat et les politiques publiques propices à son développement. Comment encourager les entrepreneurs à créer plus d’entreprises ? C’est une excellente question que se pose l’OCDE dans cette étude.
À notre connaissance, plusieurs démarches ont été entreprises par l’OCDE dans la direction d’une recherche poussée sur l’entrepreneuriat. Il faut notamment citer la création d’une base sur la démographie des entreprises dans les pays de l’OCDE (« Structural and Demographic Business Statistics », SDBS), mais malheureusement cette base n’a été disponible que quelques années (2005-2007) et n’a pas évolué dans le temps.
Quelques rapports sont également sortis, notamment en coopération avec Eurostat[[Eurostat-OECD Manual on Business Demography Statistics, 2008. « Enterpreneurship at a Glance », OECD, annual edition 2011-2015.]], après le départ de Jean-Philippe Cotis, mais ils n’ont pas trouvé d’écho dans la presse.
On se demande ce qui s’est passé depuis à l’OCDE ? Pourquoi ce passage dans le camp des égalitaristes qui méconnaissent l’entrepreneuriat et les empêchent de créer la croissance ? Ne faut-il pas que l’OCDE en revienne à ses préoccupations entrepreneuriales ?
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Pourquoi ne pas publier un livre collectif qui soit un recueil des meilleurs articles parus ?
Pourquoi ne pas recenser les meilleurs articles parus: quasiment tous sont bons, mais il faut néanmoins être sélectif, pour "tenir" le lecteur, et devenir un "livre-référence" ?.
Ce livre paraîtrait à la fois en librairie, puis ensuite sur l'internet.
Vos idées le méritent vraiment, mais n'hésitez pas à être sélectifs, même si la plupart de vos analyses sont excellentes.
Mais vous avez le devoir de les faire connaitre, et beaucoup, auront plaisir à les diffuser , ou tout au moins à les recommander à leurs amis;
Il faut agir, d'autant plus que là, le travail est fait à 80 %.!!
Cordialement
Henri Lagarde,