Nous sommes évidemment ravis que l’INSEE nous informe, année après année, du nombre d’adhérents à la Fédération Française de pétanque. Mais quand on découvre par ailleurs qu’il n’existe pas la moindre donnée sur les disparitions d’entreprises… on ne sait pas s’il faut rire ou pleurer.
Les données concernant les disparitions d’entreprises ne sont plus disponibles sur le site de l’INSEE et ce depuis… 1998. Pourquoi l’INSEE a-t-elle décidé d’arrêter de les produire à cette date? Nous serions curieux de le savoir… Mais ce n’est pas tout. De surcroît, les fichiers annuels du stock d’entreprises ne sont pas à jour, ce qui rend le calcul des disparitions par soustraction impossible. L’INSEE indique : « Le stock d’entreprises mis à disposition n’est pas complètement conforme à la réalité […]. Par conséquent il est déconseillé de comparer les stocks de 2 années consécutives. ». Il avait été observé déjà depuis 1996 que le fichier Sirene[[Base de données sur les entreprises françaises et leurs établissements, gérée par l’INSEE, qui est donc censée pouvoir donner le stock d’entreprises françaises.]] était faux[[Entreprises considérées en activité alors qu’elles ont fermé (14,1%) + entreprises renseignées avec une mauvaise adresse (5,2%).]] à hauteur d’environ 20%. Nous constatons malheureusement que les choses ne semblent pas avoir été fondamentalement corrigées.
Ce déficit d’information est d’autant plus criant que l’INSEE nous fournit beaucoup d’informations bien moins importantes. Nous avons donné l’exemple de la pétanque mais il y en a d’autres : par exemple, l’INSEE nous apprend que 7 Auvergnats sur 10 habitent leur région natale, ou encore, elle suit année après année le pourcentage de Français ayant un congélateur… L’INSEE semble ainsi mieux connaître le nombre de congélateurs que le nombre d’entreprises.
Or, pour rappel, nous avons en France un déficit de plus de 5 millions d’emplois privés par rapport à l’Allemagne et au Royaume-Uni. Il apparaît donc vital de favoriser la création d’entreprises, ainsi que leur développement et leur survie. Mais comment mener des politiques appropriées quand l’Institut National de la Statistique lui-même ne fournit pas des données élémentaires comme leur stock et leurs disparitions annuelles ? Dans les autres pays, nous l’avons vérifié, la situation est bien différente. Pour l’Allemagne par exemple, on dispose du détail entre fermetures d’entreprises, déplacements et reprises. Pour le Royaume-Uni et les États-Unis, il existe même les séries longitudinales d’entreprises (suivies par cohorte ).
« Mesurer pour comprendre », telle est la toute nouvelle devise de l’INSEE. Nous en sommes ravis… Mais mesurer quoi pour comprendre quoi ?