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Qui peut redonner du sens au travail ? Dirigeants et managers, retroussez vos manches avec vos salariés

par Gérard Laloi
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La réticence au projet de réforme de l’accès à la retraite par le décalage de l’âge de départ surprend par l’ampleur des mouvements sociaux et l’intensité du refus. L’argument de logique implacable de l’allongement de la durée de vie justifiant mathématiquement une extension du temps de travail se révèle largement, sinon majoritairement, inaudible !

La démonstration démographique – de moins en moins de naissances, de plus en plus de séniors (données INED et INSEE de janvier 2023) – fondée sur un raisonnement de l’évidence, se heurte à un déni de réalité.

L’analyse simple des paramètres du revenu différé qu’est la retraite – hauteur des cotisations, temps de la contribution, niveau des pensions – et le choix du système retenu en faveur de la durée ne convainc pas davantage alors qu’il maintient le pouvoir d’achat des actifs et des futurs retraités.
Pourquoi tant de Français, majoritaires selon les dernières études, refusent- ils de travailler plus longtemps dans les proportions pourtant minimes de moins de 5% : addition de 2 ans sur 43 ? De surcroît justement aménagées pour des cas particuliers comme la pénibilité ?

Certes, l’esprit général de contestation traverse notre époque : idéologie politique, remises en cause des élites dirigeantes, bouleversement accru des valeurs consécutif à la pandémie. L’anxiété générée par l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, l’instabilité géopolitique et en particulier la guerre en Europe peuvent renverser les priorités et rejeter aux calendes grecques, voire aux oubliettes, la nécessité d’une réforme des retraites.

Mais un facteur clé de société, cause ou conséquence de ces impressions de doutes et de repli sur soi, paraît fortement émerger : le nouveau rapport au travail, plutôt initié par les jeunes mais largement ressenti par la population active dans son ensemble.

Le résultat d’un sondage réalisé par l’IFOP en octobre 2022 confirme cette profonde évolution : 58% des Français « seraient prêts à arrêter de travailler s’ils gagnaient un revenu égal en ne faisant rien », ils n’étaient que 33% en 1993 ! Même si ce rêve reste inhérent à la condition humaine, l’ampleur du bouleversement frappe encore plus que le constat d’aujourd’hui !

Que s’est-il donc passé en 30 ans ? Les réponses des jeunes (étude BVA sur les 18 24 ans septembre 2022) apportent en contrepoint un éclairage essentiel. Cette génération, avide d’épanouissement dans sa vie, en général, et donc aussi professionnelle, attend de son entreprise du sens, des vertus d’abord de respect (57%) et de confiance (44%) qui conditionne l’adhésion à un projet et, surtout, de l’estime de soi.

Apparaît alors déterminant le rôle du dirigeant dans la création d’un environnement de travail épanouissant dans une bonne ambiance, dans l’application cohérente des belles valeurs de la charte de société à l’égard des salariés dans leur traitement quotidien.
Le bouleversement des marchés par la mondialisation, des modes de fonctionnement par des technologies en perpétuelles innovations, ont exigé des restructurations profondes des organisations et engendré des remises en cause des comportements et des habitudes inédites par leur ampleur, voire leur brutalité.

Facteurs de pressions devenus incessants, ces mutations ressenties avec stress par beaucoup, ont incontestablement contribué au mal être au travail perçu aujourd’hui.
Donner du sens à la vocation de sa société, l’exprimer dans un langage simple compris de tous, susciter l’adhésion à son projet par l’incarnation, constitue encore plus pour le chef d’entreprise d’aujourd’hui une responsabilité majeure.
Le seul objectif de résultat, gage indispensable de pérennité de son affaire, demeure insuffisant s’il n’est pas soutenu par une politique de recherche d’épanouissement des collaborateurs de tous échelons.

Dès leur fondation, des Groupes comme AUCHAN avec la création de l’actionnariat salarié, comme BSN devenu DANONE, avec le développement de son double projet économique et social et la mise en oeuvre d’un mode d’intéressement au résultat, ont contribué à la génération du bien être de leurs collaborateurs.

Les tentatives pour formuler le sens, formalisées dans la loi RSE, sont pour le moment moins convaincantes. Formulée très souvent sous forme de souhait universel, elles tournent trop facilement au greenwashing ou au vœu pieux. Ceci d’autant plus que la probabilité de sauver le monde pour une entreprise seule est illusoire. Ce dernier nous semble plus à rechercher dans sa contribution particulière au bon fonctionnement général de la société. Il n’y a pas de sot métier disait autrefois le bon sens populaire. A chaque entreprise la responsabilité de trouver sa fonction économique et sociale, sa raison d’être pour ses clients et ensuite ses collaborateurs (tâche souvent plus difficile que l’on peut le pense) qui va valoriser son rôle et celui de ses membres qui pourront l’expliquer à leurs amis ou enfants. Comment passer du simple rôle de rouage à profit â celui de participant à un résultat positif pour la société et pour moi ?[[C’est quand les membres de la société Bledina par exemple ont réussi à formuler que leur rôle était de nourrir les bébés correctement, dans un bon rapport qualité x prix, et non d’augmenter les ventes de petits pots de 5 % que cette activité de Danone a repris un fort développement, malgré la baisse des naissances. La réussite de Decathlon, (groupe Auchan) c’est la satisfaction (?) des sportifs !]]

Ces entreprises, bien sûr confrontées aux aléas et dures réalités de la vie économique, ont su garder avec le temps la qualité de leur climat social et leur place sur leur marché respectif.
Enfin, le rôle du manager dans sa capacité d’animation et de communication, d’écoute et de reconnaissance se révèle fondamental dans le vécu quotidien par ses équipes des valeurs de respect et de confiance si ardemment réclamées. Ses facultés personnelles en la matière méritent l’attention précieuse de son propre patron. Son aptitude à relayer sur le terrain les messages de l’entreprise – et dans les deux sens montant et descendant – détermine la capacité et l’acceptation de ses collaborateurs à comprendre la vision de leur société et à y adhérer. De son attitude, vecteur de confiance et d’ambiance agréable à vivre, naîtront et se diffuseront le goût du travail et la sensation de bien-être dans l’équipe.

Travailler 43 ans, un peu plus, un peu moins, là n’est pas la question ! Passer ces nombreuses années à s’épanouir dans son savoir faire que l’entreprise reconnaît au sein d’un groupe où je me sens bien, là est l’enjeu !

Chefs d’entreprise, dirigeants, managers, sachez (re)donner à vos salariés du sens à leur travail et à leur besoin d’estime de soi ! Vos organisations, vos collaborateurs, vous-même, s’en porteront mieux!

La France aussi !

 

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2 commentaires

moulin janvier 31, 2023 - 9:45 am

Partager une vision et la raison d’être de l’entreprise
Partager une vision et la raison d’être de l’entreprise ? C’est beaucoup d’échanges montant, descendant et transverses entre collègues pour
trouver sa fonction économique et sociale, sa raison d’être pour ses clients et faire de chacun un participant à un résultat positif pour la Société, l’entreprise et chacun.
Ce sera toujours de longs et patients efforts … pas évidents à initier et à faire aboutir pour les dirigeants sous pressions.

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zelectron février 3, 2023 - 10:43 am

Qui peut redonner du sens au travail ? certainement pas Hauts fonctionnaires et élus
il va falloir procéder à une décimation d’iceux-là !et si ce n’est pas suffisant ou qu’ils n’aient pas compris, une seconde . . . .

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