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Heurs et malheurs d’une élection européenne

par Yves Buchsenschutz
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Nous venons de vivre une élection parmi d’autres, mais pour finir assez intéressante.
Le FN bat d’une courte tête LRM, suivi de deux surprises : une performance relativement bonne des VERTS et un écroulement de LR.
Plusieurs remarques : bien que d’aucuns traitent le gouvernement de Messieurs Macron et Philippe de droite, la gauche dont personne ne parle, à carrément disparu : exit les partis de Messieurs Glucksmann, Hamon, voire Mélenchon. Personne ne l’a remarqué mais il semblerait qu’il n’y ait plus de gauche en France hormis celle qui participe au gouvernement ? Pas non plus de gilets jaunes qui interdisent d’habiter les centres-villes, en particulier à Paris, depuis 9 mois, y compris par l’arrêt des transports en commun[[Cela pourrait peut-être mériter une ristourne sur la Taxe d’Habitation, droit d’usage s’il en fut.]].

Sauver ou gérer la planète, monopole de gauche ou de droite ?

À droite, le parti au gouvernement ne s’écroule pas, mais, surtout le FN, a mis de l’eau dans son vin et il n’est plus question de quitter ni l’Europe ni l’€uro. Ou comment arriver à récupérer un maximum de LR qui se partagent progressivement entre LRM et FN. Au passage, que deviendra le Sénat qui s’est révélé souvent un régulateur précieux ?
À ce propos, quels furent les résultats de ces différents partis aux dernières européennes (en 2014, le FN avait obtenu 25,4% donc plus qu’en 2019 et l’UMP 21%). Plus surprenant surtout de ce point de vue, la performance des Verts : 13% contre 9,4% à la session précédente ! Tout doucement ce parti se fait une place, même si c’est dans la confusion des personnes et des concepts. Il faut préciser au demeurant que ce parti a, de fait, une part de voix dans les médias usuels, exceptionnelle : c’est une publicité tous azimuts et à jet continu (vive le bio, vive le réchauffement climatique, ah bas les voitures, vive la nature, plantons des forêts au cœur des villes – c’est Alphonse Allais qui doit être content -, à bas le glyphosate, vivent les animaux, etc.) Vu sous cet angle, ce n’est pas si génial, sauf si l’on intègre tout doucement que le vert sort de sa gangue gauchiste pour inonder l’ensemble du paysage politique : après tout, on peut peut-être vouloir sauver la planète en étant de droite. Toujours aucune trace, mais alors aucune, dans les grands médias du climato-scepticisme. Est-il interdit d’antenne ?

La France ou le village d’Astérix ?

L’autre grande campagne médiatique ambiante c’est le « Achetez Français et Cultivons et Produisons Français et Transportons Français, etc. » ceci donne une idée du niveau de culture économique de nos concitoyens qui n’ont toujours pas vraiment compris que l’échange et la spécialisation étaient quelque part une des sources majeures de la richesse collective. Aucun souvenir du Plan Marshall non plus. Si je ne mange pas de haricots kenyans comment ces derniers vont-ils payer les avions que je souhaite leur vendre ? La tomate qui pousse sur mon balcon a surtout comme caractéristique d’être imbibée d’anti-pucerons car il vaut toujours mieux en mettre trop que pas assez. Mais, force constatée de la répétition publicitaire, la nouvelle question sur les marchés est devenue : ̶ Ces salades sont-elles françaises ? ̶ Oui Madame, c’est d’ailleurs pour cela qu’elles sont plus chères !

Des risques de proportionnelle intégrale

Autre constatation : le mode de scrutin choisi est la proportionnelle nationale intégrale. Il paraît que c’est le plus juste, sinon le plus efficace. Les raisons de mon vote sont en général, un parti, un programme et en parallèle également une personnalité. Côté parti, seuls trois partis tirent leur épingle du jeu : FN, LRM et Verts. Tous les autres sont en déshérence… Y inclus les partis établis comme LR, quitté par madame Pécresse, ou démissionné comme monsieur Wauquiez et l’ex-PS, disparu corps et biens entre messieurs Glucksmann et Hamon. (des doutes planent même sur Madame Loiseau et monsieur Jadot !) Aurais-je voté pour des fantômes ? Côté programmes, la France ne sait toujours pas s’en servir : peu de gens les connaissent et ils ne font pas l’objet d’une construction de contrat de gouvernement comme en Allemagne par exemple. Nous préférons les oublier et improviser au fur et à mesure. Douce incertitude du vote. Côté personnes : le scrutin de liste gomme les personnes et donne le pouvoir aux partis (et aux promesses). Et pourtant, entre voter pour un filou avec un beau programme et un candidat sérieux qui ne pense pas tout à fait comme moi, je pense que je préfère la deuxième solution. Je ne pense réellement pas que le scrutin de liste national soit une manière sérieuse de se rapprocher du terrain. Je savais autrefois qui était le député européen de ma région, maintenant c’est le brouillard absolu… Une dose de proportionnelle certes, mais pas une overdose. Et que l’on ne nous parle pas des réunions – monologues de quartier. Si l’on a par hasard le droit de s’y rendre, elles sont tout sauf une discussion constructive[[Il paraît que la Mairie de Paris propose des réunions, mais ouvertes sélectivement aux quartiers « qui votent bien ». J’ai appris par l’ouverture du chantier que ma rue devenait cycliste. Ils vont me livrer mes courses ?]].

La valse-hésitation de Monsieur le Premier ministre

Venons-en maintenant au discours du Premier ministre, censé clore cette séquence. On pouvait s’y attendre : « Nous avons déjà beaucoup fait et nous allons continuer ». Ce gouvernement a sûrement fait de la voile, car en termes techniques, il tire des bords face au vent : un jour à gauche, un jour à droite, et on recommence. Il est vrai que ceci est structurel du fait même de sa composition hétérogène. Tout de même il y a des choses qui choquent tout de suite. Les principaux points du programme de Monsieur Macron sont bien abordés, mais quand il s’agit de réaliser, on met un doigt de pied dans l’eau et cela s’arrête le plus souvent là. On en parle pour faire plaisir à la droite (du parti LRM) et on ne réalise pas pour ne pas fâcher la gauche (de ce même parti). Quand on ne fait pas carrément du rétro pédalage : on va baisser les impôts des particuliers mais supprimer les niches des entreprises ! On repart donc dans un système très français où les entreprises payent. On va baisser les impôts mais pas ceux des riches qui sont ceux qui le payent et sont susceptibles d’investir. Cela va sûrement simplifier les comparatifs et les calculs, et au passage cela fera un bon contrepoids à l’allocation d’aide unique qui ressort. Elle est promise régulièrement mais sans arriver à se mettre en place[[Quand le gouvernement et les chambres la votent, c’est l’administration qui la bloque !]]. Des économies, peut-être, mais où et quand ? Pour le moment il va déjà falloir financer le budget « gilets jaunes », en fait une rallonge… de dettes !

 

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