Page d'accueil Regards sur l'actualité La lente agonie de la démocratie représentative

La lente agonie de la démocratie représentative

par Yves Buchsenschutz
114 vues
arton772.jpg

Une montée en puissance jusqu’au XXème siècle

La démocratie a fini par triompher dans notre pays au moment de la Révolution française, même si en 1789 c’était sous une forme que nous aurions du mal à reconnaître aujourd’hui.

En effet le droit de vote y était loin d’être universel. Cela n’est pas si étonnant : la démocratie est issue – au moins dans notre imaginaire collectif – de l’Antiquité gréco-romaine. Or à cette époque, elle était élitiste : seuls les riches possédants avaient le droit de vote et la société prise dans son ensemble s’appuyait largement sur l’esclavage. Quoiqu’il ne soit plus question d’esclavage dans la France métropolitaine de 1789, il faudra encore une longue période avant que le principe « un adulte, une voix » s’applique de manière systématique. Par exemple le vote des femmes ne sera acquis qu’après la deuxième guerre mondiale, en mars 1944 très exactement ! Mais de ce jour, la démocratie représentative associée à l’État de droit est réellement installée dans notre pays.

Dans le monde par ailleurs, la fin de la deuxième guerre mondiale entérine la victoire des démocraties, quoique partagée entre deux types bien différents : les démocraties libérales regroupées autour des États-Unis et les démocraties populaires autour de l’URSS. Dans le cadre de l’ONU et de la Déclaration des droits de l’homme de 1946, ce concept devient une sorte de modèle, lequel sera proposé aux différents pays en cours de création ou de consolidation, en particulier dans le cadre de la décolonisation. Les nations opteront plus ou moins librement, soit pour la version libérale représentative, soit pour la version dite populaire. Cette dernière sera considérée comme un régime viable jusque dans les années 1990, lorsque la Perestroïka de Gorbatchev et Eltsine confirme au monde son échec devenu patent.

Dès cette date, la démocratie représentative libérale devient la panacée universelle : « Installez ce régime dans votre pays, et l’on vous aidera tant sur le plan technique[[Le doyen Vedel a écrit personnellement par exemple nombre de constitutions des pays issus de la colonisation française à qui l’on proposera systématiquement ce régime.]] que sur le plan financier : vous rejoindrez, n’en doutez pas, le concert des nations libres et riches que la démocratie représentative permet de faire fonctionner correctement »[[Formulation de l’auteur de l’article.]]. Mieux, les USA élaborèrent un plan d’introduction de la démocratie libérale, au Moyen-Orient par exemple, incluant l’élimination des tyrans locaux[[Cela avait déjà été une des raisons du plan Marshall proposé à l’Europe au moment de la reconstruction.]] ! La première tentative de mise en place de ce plan fut l’élimination du colonel Kadhafi en Libye, suivi par des opérations en Irak et dans une certaine mesure en Syrie.

De nombreux échecs et un essoufflement préoccupant

Malheureusement le plan n’a pas fonctionné… Dans ces trois pays comme dans beaucoup d’autres dans le monde (Égypte, Algérie, Russie, Chine et de nombreux pays en Afrique, Asie centrale et Orient) il n’a pas été possible d’implanter le modèle de la démocratie représentative libérale.

Pire, ce régime s’essouffle et tend vers l’impuissance dans nombre de ses pays d’origine assaillis par le populisme, prélude traditionnel à des régimes autoritaires. Ainsi, à date son avenir paraît bien sombre ! Il est en train de perdre son statut de modèle « idéal »…

Pourtant, quel que soit l’indicateur choisi, il semble prouvé qu’il reste la moins mauvaise solution en termes de bien-être des populations. Tous les pays ayant un indice de développement humain[[Indice de Développement Humain.]] (basé sur le PIB et l’Éducation), ou un indice de « bonheur »[[World Hapiness Report (ONU).]] élevé, sont des démocraties représentatives libérales[[Le Danemark, la Suède, la Suisse, la Norvège, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, le Japon, la France (encore), etc.]]. Par ailleurs, on constate que dans ces démocraties, l’indice de Gini[[L’indice de Gini mesure les inégalités. 0 = l’égalité totale, 1= l’inégalité totale.]] – qui mesure la répartition des revenus – est situé aux environs de 0,30. On peut donc émettre l’hypothèse que c’est en participant à la réduction des inégalités mais en laissant également une certaine liberté aux citoyens, que les démocraties libérales représentatives créent les conditions du bien-être des citoyens. D’une manière qui lui est liée, on pourrait ajouter que ce régime est celui qui propose la moins mauvaise égalité des chances, à défaut de celle – utopique – des résultats.

Pour ces raisons, il est donc particulièrement regrettable que ce régime connaisse aujourd’hui soit l’échec soit l’essoufflement. Pourquoi ces dysfonctionnements, et pourquoi maintenant ?

C’est ce que nous explorerons la semaine prochaine

 

arton772.jpg

Tu pourrais aussi aimer

1 commenter

rene rupert octobre 24, 2016 - 2:08 pm

bon début
Au Royaume Uni, il existe déjà l'obligation pour les mandatés de démontrer les progrès de leur mission.
On pourrait s'en inspirer,
au lieu de signer des chèques en blanc.
L'idée du premier message est bonne aussi. C'est voisin.
Mais gare aux indicateurs de succès : ce sont eux qui font dérailler logiquement, légalement et en toute bonne foi.
RR

Répondre

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d’accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus

Privacy & Cookies Policy