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Création d’entreprises : tartufferie d’État

par Hervé Gourio
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Évolution des créations d’entreprises en France selon le nombre de salariés (2001-2011)

Des chiffres erronés de création d’entreprises nous éloignent de la solution principale au chômage de masse : créer des entreprises à potentiel et les faire grossir.

Non, nous ne sommes pas, en France, champions dans la création d’entreprises. Comme dans beaucoup d’autres domaines, le talent de la « classe parlante », le bagout des « diseux » opposés aux « faiseux »[[Cf. Alexandre Jardin.]], impose une contrevérité.

Tous ceux qui ont participé peu ou prou dans les gouvernements précédents à la création des autoentrepreneurs se targuent de leur grand nombre. Mais ils additionnent leur chiffre avec celui des entreprises classiques. Ils ne veulent pas voir que 96% des créations d’« entreprises » ainsi recensées (chiffres 2015) ne s’accompagnent d’aucune embauche de salarié[[Félix Bonnetête et Sylvie Rousseau, « Les créations d’entreprises en 2015 : net repli des immatriculations de micro-entrepreneurs », Insee Première, N° 1583, janvier 2016.]]. Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, c’est le cas depuis un certain nombre d’années.

Évolution des créations d’entreprises en France selon le nombre de salariés (2001-2011)

Évolution des créations d’entreprises en France selon le nombre de salariés (2001-2011)

Un abîme nous sépare ainsi de nos voisins allemands ou britanniques, chez qui les entreprises nouvelles génèrent entre 150.000 et 600.000 emplois salariés par an depuis plus d’une décennie, alors que chez nous c’est seulement de l’ordre de 80.000 emplois qu’elles créent chaque année.
Depuis 20 ans, c’est donc au moins 2 millions d’emplois nouveaux qui nous ont échappés par pénurie d’entreprises nouvelles.

Négliger cette vérité « qu’on ne saurait voir » est d’autant plus dommageable que les diseux – y compris la plupart des candidats à la Primaire en cours – détournent eux aussi le regard de ce qui devrait être prioritaire dans la lutte contre le chômage : il y a en effet une forte corrélation entre le dynamisme de l’emploi marchand dans un pays et la création d’emplois par les entreprises nouvelles (cf. étude IRDEME 2015).

Certes, d’autres facteurs, politiques, macroéconomiques, administratifs ou fiscaux sont des entraves importantes. Mais en France les discours portent plus sur ces freins que sur l’insuffisance de la création d’entreprises employeuses. Dans les programmes électoraux des candidats à la Primaire, figurent au premier rang des mesures destinées à réduire l’écart avec nos concurrents européens en matière d’environnement macroéconomique. Mais cela ne suffira pas à créer les dizaines de milliers d’entreprises de croissance qui nous manquent.

Au lieu de nous concentrer sur les freins, il faut en effet débrider le moteur. Créer son entreprise est devenu une perspective attrayante pour beaucoup de Français qui en ont l’énergie et les talents, mais ce sont les fonds propres qui font défaut. En 2014, même en excluant les autoentrepreneurs, les deux tiers des entreprises françaises se sont créées avec moins de 16.000 euros de capital. Moins de 13% se sont créées avec un investissement initial supérieur à 80.000 euros[[Damien Richet et Stéphane Thomas, « Les créateurs d’entreprises en 2014 : moins de chômeurs et des projets plus modestes qu’en 2010 », Insee Première, N°1600, juin 2016, p.2.]]. Sachant qu’il faut de l’ordre de 20.000 euros de capital en moyenne pour créer un emploi salarié, il n’est pas étonnant que la création d’emplois par les entreprises nouvelles soit atone.

Il faut donc se tourner vers la solution prioritaire : susciter des « business angels », à un stade où les entreprises sont encore trop petites pour intéresser le capital-risque. Beaucoup d’entrepreneurs en activité, ou retirés, sont en effet prêts à épauler les jeunes financièrement tout en leur apportant leurs relations et leur expérience. Un tel partenariat est bien plus efficace que n’importe quelle subvention. C’est cette armée de réserve en faveur de l’emploi qu’il faut mettre en marche. Mais avec l’ISF, l’impôt sur les plus-values et des « incitations », en réalité aussi coûteuses qu’inadaptées, le système fiscal décourage de se lancer dans des investissements à risque.

S’il faut investir massivement dans des jeunes entreprises pour réduire le chômage en France, le gouvernement se doit donc de créer les conditions pour que des business angels accroissent considérablement leur soutien aux start-up.

 

Évolution des créations d’entreprises en France selon le nombre de salariés (2001-2011)
Évolution des créations d’entreprises en France selon le nombre de salariés (2001-2011)
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3 commentaires

HUBIN octobre 20, 2016 - 12:11 pm

La taxe sur les plus values le plus gros des freins à l'emploi
il n'y a que cela à faire mais il faut s'attaquer trés fermement aux impots et cotisations sur les plus values et les supprimer pour tout investissemnt dans une entreprise non cotée en les ramenant pour les autres , à un maximum de 25/30% (csg inclus) en prévoyant zéro au delà d'une détention de 2 ans .

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Charles Garnier octobre 22, 2016 - 2:26 pm

La vérité ne viendra jamais de l'INSEE
La France est le seul pays de l'OCDE a avoir son organisation de statistiques qui est dépendante des pouvoirs publics…donc toutes les informations données sont là pour servir les mensonges de l'Etat.
Ce n'est d'ailleurs pas par hasard, si nous sommes aussi le seul pays à interdire les statistiques ethniques, mais chut, pas d'amalgames.
Charles Garnier

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Charles Garnier octobre 24, 2016 - 10:31 am

Mensonge d'Etat
Nous sommes le seul pays ou les services des statistiques dépendent directement des pouvoirs publics.
Le mensonge d'Etat a encore frappé!
Nous sommes aussi les seuls à interdire les statistiques ethniques, mais chut, pas d'amalgame.

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