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L’entreprise, quel objectif ?

par Yves Buchsenschutz
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Dans le cadre de l’opération « PACTE » en cours, se pose la question de la définition de l’entreprise, voire de son objectif, le gouvernement souhaitant manifestement y inclure davantage les salariés, tout en désirant accélérer le développement des entreprises. Sur le terrain, on constate que leur donner une vocation qui a du sens booste la productivité et la rentabilité.

Ayant eu l’occasion pendant ma vie professionnelle de remplacer un jour la question : « comment augmenter mes ventes de 5 % ? » par une autre « en définitive à quoi sert une entreprise ? », j’ai constaté que cette autre formulation modifiait complètement ma vision de cette dernière et entraînait des résultats inespérés.

À côté de la définition de l’entreprise du Code civil[[Définition de l’entreprise dans le Code Civil : affecter à une entreprise commune des biens, en partager les fruits et s’engager à contribuer aux pertes.]], qu’il ne faut à notre avis pas modifier car ce sont bien les détenteurs de parts qui prennent des risques (entrepreneurs et actionnaires), nous avons l’habitude, tant patrons que cadres dirigeants, de répéter à satiété qu’une entreprise est faite pour faire des profits. Pourtant on ne dit pas que le métier du médecin est de toucher des honoraires, ni que celui d’un salarié est de toucher un salaire ou que l’État a pour vocation unique la collecte des impôts. Alors pourquoi ce raccourci réducteur de certains et surtout quelle en est la conséquence ?

Assimiler une entreprise à ses profits et à cela uniquement, revient à notre sens à confondre les fins et les moyens et surtout cela bloque l’entreprise dans un raisonnement court-termiste et sans issue. En fait, le métier de médecin, ou sa fonction sociale, est de soigner les gens ; s’il soigne ses malades, il touchera des honoraires ! La fonction des salariés au sein de l’entreprise est d’exercer une spécialité qui sera utile à cette dernière ; c’est en contrepartie de cette contribution que le salarié touchera un salaire, en théorie d’autant plus élevé que la contribution sera plus complexe, rare et utile à l’entreprise. L’État de son côté ne lèvera pas indéfiniment des impôts s’il ne remplit pas les fonctions collectives que la société a souhaité lui confier.

Pour l’entreprise, elle doit de la même manière assumer un rôle utile et clair vis-à-vis de la collectivité. Dans son cas, sa réponse devrait être économique (qu’est-ce qu’elle fournit comme bien et/ou prestation nécessaire ou au moins utile à la société) mais aussi sociale (elle emploie des salariés, gère des conditions de travail, distribue des rémunérations, satisfait des consommateurs, est un carrefour entre des flux venant d’opérateurs divers…). Ce n’est qu’après avoir rempli cette fonction, et ceci de manière satisfaisante, que l’entreprise, et à sa suite les actionnaires, pourront recevoir des profits. Ces derniers, comme pour l’individu, comme pour l’État, seront variables en fonction de la qualité de la prestation fournie ainsi que de l’équilibre offre / demande sur son marché particulier.

Responsable d’une activité d’alimentation infantile, nous avons remplacé un jour notre objectif de croissance des ventes de 2 %, toujours plus délicat à atteindre, par la fonction : nourrir correctement et dans un bon rapport qualité / prix les bébés pendant les trois ans de leur petite enfance dans une organisation qui intéresse et motive l’ensemble des parties prenantes[[Ou « stakeholders » dans la formulation anglaise originale, c’est-à-dire : clients, actionnaires, salariés, fournisseurs, collectivités, etc.]]. La croissance de la société a été multipliée par 2, les profits et les rémunérations globales des salariés comme des actionnaires également ![[Ce résultat mériterait un article complet, voire une étude. A ce stade, nous avons constaté qu’une question, en induisant une réponse, exclut d’autres réponses. Nourrir les bébés ouvrait naturellement un champ d’activité élargi à tout ce qui pouvait alimenter 1,6 million d’enfants en bas âge alors que faire croître les ventes de x % nous entraînait surtout vers la promotion sur les petits pots !]]

Dans la même veine, il nous semble que l’État pourrait avantageusement remplacer son appellation traditionnelle de service public par service AU public. Ce simple article devrait changer en profondeur le comportement de ses agents, leur rappelant à chaque instant leurs fonctions : assurer un cadre collectif stable, efficace, productif et compétitif à la société « civile », qui fondamentalement reste la créatrice des richesses.

 

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1 commenter

zelectron février 8, 2018 - 12:38 am

un pacte avec ce diable d’état ?
une entreprise élabore des produits, des échanges, des services, en foi de quoi elle peut faire éventuellement des profits mais rien ne le garanti (pas même l’état si bienveillant comme chacun sait).

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