Page d'accueil Études et analyses Les entreprises nouvelles en France créent 2 fois moins d’emplois qu’en Allemagne et 8 fois moins qu’au Royaume-Uni

Les entreprises nouvelles en France créent 2 fois moins d’emplois qu’en Allemagne et 8 fois moins qu’au Royaume-Uni

par admin
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L’Irdeme a montré dans une étude de 2014 que les entreprises nouvelles sont indispensables pour le bon fonctionnement de l’économie. En effet les entreprises déjà établies, celles de plus d’un an, ont tendance à perdre des emplois dans leur ensemble à long terme. Seule l’arrivée d’entreprises nouvellement créées peut compenser cet écart entre les créations et les destructions se produisant dans les entreprises existantes. Le manque de nouvelles entreprises employeuses se traduit ainsi par la persistance et l’aggravation du chômage.

L’observation que les entreprises nouvelles sont le moteur de l’économie, car elles permettent le renouvellement permanent du tissu d’entreprises et notamment la compensation des pertes d’emplois, provient de l’étude emblématique de la Kauffman Foundation [[« The Importance of Startups in Job Creation and Job Destruction », The Kauffman Foundation, July 2010.]] qui met en évidence l’importance de ces entreprises.

Nous avons pu vérifier cette observation, faite à l’origine pour les entreprises américaines, sur les données provenant des statistiques nationales pour les entreprises en France et au Royaume-Uni. Dans leur ensemble, bien qu’elles puissent connaître de courtes périodes d’accroissement avec les créations d’emplois excédant les destructions, les entreprises établies de ces deux pays ont également tendance à perdre des emplois sur des longues périodes. Ainsi, seules les entreprises nouvellement créées permettent de garder le solde d’emplois en équilibre, sauf en Allemagne, où les entreprises établies arrivent à créer plus d’emplois qu’elles n’en détruisent.

Notre étude sur les créations d’emplois en Europe nous a par ailleurs permis d’arriver à une autre observation très importante. Les entreprises nouvellement créées en France sont beaucoup moins nombreuses qu’en Allemagne ou au Royaume-Uni, mais surtout, elles créent significativement moins d’emplois dans leur ensemble. Cela explique le fait que le solde entre les créations et les destructions d’emplois en France reste insuffisant pour résorber le chômage qui y persiste depuis plus de trente ans.

Nous avons mis à jour les statistiques des créations d’entreprises et d’emplois pour ces trois pays européens pour conclure que la situation ne s’est pas améliorée en France entre 2010 et 2015, l’année pour laquelle les données les plus récentes sont disponibles, et que les créations demeurent toujours très faibles par rapport à nos voisins européens.

Les entreprises allemandes encore plus performantes à la création

Les créations d’entreprises ont légèrement baissé en Allemagne entre 2010 et 2015, mais le nombre d’emplois nouvellement créés chaque année par ces entreprises a augmenté. Cela veut dire que les nouvelles entreprises allemandes emploient à la création encore plus de salariés qu’avant. Nous retrouvons ainsi les observations faites dans notre étude précédente pour l’année 2010 sur l’écart entre l’Allemagne et la France en termes de créations d’emplois salariés. En 2015, les entreprises employeuses allemandes ne sont que légèrement plus nombreuses qu’en France à la création mais elles ont généré presque deux fois plus de nouveaux emplois salariés que les entreprises françaises.

Il est important de noter que nous ne prenons en compte que les entreprises créées avec salariés, car ce sont elles principalement qui ont une probabilité de grossir et de prospérer à long terme. Les entreprises créées sans salarié sont dans bien des cas des fantômes, et en France elles représentent la grande majorité de toutes les entreprises créées, contrairement aux autres pays. Ainsi, sur les dix dernières années, seulement 6% des entreprises ont été en moyenne créées avec salariés en France, contre 27% en Allemagne et 85% au Royaume-Uni.

Les statistiques d’Eurostat permettent en effet de retracer les créations de nouvelles entreprises avec salariés depuis 2009 pour la plupart des pays européens. Nous avons restreint nos calculs sur le champ de l’industrie, de la construction et des services, sauf les activités des sociétés holding, afin de rester cohérents avec notre étude précédente. La ventilation de nouvelles entreprises par taille nous permet d’identifier, par soustraction, celles créées avec salariés.

L’écart avec le Royaume-Uni s’aggrave

Nous avions déjà découvert un écart important entre le Royaume-Uni et la France pour l’année 2010. Les nouvelles entreprises britanniques créaient cinq fois plus d’emplois que les entreprises françaises. Mais cet écart s’est considérablement aggravé en quelques années suite à la reprise britannique, renforcée par la politique remarquable en faveur des entreprises menée par l’ancien Premier ministre David Cameron.

L’écart en création d’emplois par les nouvelles entreprises est ainsi passé de cinq à huit entre la France et le Royaume-Uni. Ainsi, 53.000 entreprises nouvellement créées en France en 2015 ont créé 105.000 nouveaux emplois salariés, alors que cette même année, 350.000 entreprises nouvellement créées au Royaume-Uni ont créé 830.000 nouveaux emplois salariés.

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Très peu de « vraies » entreprises en France

Il est également intéressant de voir les créations d’entreprises nouvelles avec un nombre de salariés compris entre 5 et 9. Cette taille d’entreprise est importante, car elle permet d’identifier de « vraies entreprises » susceptibles de grossir à long terme et de devenir des entreprises à forte croissance, mais aussi d’éliminer le biais statistique introduit par les différences de cadre législatif autour des créations d’entreprises dans les différents pays. En effet, comme la décision d’embaucher un salarié a un impact beaucoup plus lourd sur une entreprise en France que, par exemple, au Royaume-Uni – connu pour son cadre entrepreneurial plus favorable – le nombre de créations d’entreprises avec moins de 5 salariés reflète inévitablement ce facteur particulier.

Nous prenons donc les entreprises dont le nombre de salariés à la création est compris entre 5 et 9 et trouvons les écarts encore plus importants entre les pays.

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Les nouvelles entreprises ayant entre 5 et 9 salariés à la création sont 3,5 fois plus nombreuses en Allemagne qu’en France et emploient 3,5 fois plus de salariés à la création. De même, ces entreprises sont 9 fois plus nombreuses au Royaume-Uni qu’en France et emploient 9 fois plus de salariés à la création.

Ainsi, les nouvelles entreprises ayant entre 5 et 9 salariés à la création ont créé près de 13.000 nouveaux emplois en France, contre 45.000 en Allemagne et 116.000 au Royaume-Uni. Elles montrent des écarts encore plus importants entre les trois pays voisins que l’ensemble des entreprises nouvellement créées.


Annexes

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