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Forces et faiblesses d’un Emmanuel Macron, Premier ministre

par Bernard Zimmern
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Avec la création de son nouveau mouvement « en marche » Emmanuel Macron suscite l’imagination de tous les chroniqueurs politiques.
Certains le voient déjà s’allier à Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé pour les élections présidentielles et en devenir Premier ministre.

Avec Alain Juppé, le rapprochement est assez évident : tous deux sont non seulement issus de l’ENA mais de son corps le plus recherché sur le plan économique, l’Iinspection générale des finances et ils n’auraient donc guère de difficultés à se faire obéir par l’administration ni à s’entourer des énarques les plus influents, sinon les plus efficaces. On sait que la plus grande des difficultés d’un gouvernement est de se faire obéir, car les énarques détiennent environ 80% des directions de cabinets et des postes ministériels, sans la coopération desquels les textes votés par le Parlement deviennent des chiffons de papier.

Il n’est cependant pas sûr que deux inspecteurs des finances à la tête de la France soient capables de remettre la France sur rails économiquement car les réformes qu’il faudrait accomplir impliquent un changement de vision dont ils sont peut-être loin.

Ils sont plus favorables aux entreprises existantes comme le montre l’accueil accordé au nouveau mouvement par Pierre Gattaz, le patron du Medef.

Macron a déjà démontré qu’il connaissait l’étouffement des entreprises par le Code du travail, et compris le rôle suicidaire des syndicats qui n’existent pratiquement plus dans le secteur privé et ont un rôle purement négatif de défense des avantages acquis dans le secteur public. On le voit très bien instituer un régime à l’allemande où les syndicats retrouveraient un rôle positif, par exemple en gérant l’accès aux retraites ou à des assurances santé pour les membres acceptant de payer une cotisation volontaire de l’ordre de 1% du salaire versé. Un régime où les multiples interventions des syndicats dans l’entreprise seraient simplifiées et légitimées par une représentation unique issue du personnel de l’entreprise.

Mais tous nos hommes politiques ne raisonnent jamais qu’en se référant aux entreprises existantes ; il y a une bonne raison pour cela, c’est que seules les personnes dans des entreprises existantes votent, et seules les entreprises, en dehors de l’État, ont les moyens financiers de soutenir des politiciens.

Ils oublient cependant que la création d’emploi, le talon d’Achille de l’économie française, dépend peu des entreprises existantes et essentiellement des entreprises à naître.
Rappelons qu’une économie dynamique perd en moyenne 1% de ses effectifs par an du fait de la destruction créatrice de Schumpeter et qu’elle gagne 3% de l’emploi total par an par les créations d’entreprises nouvelles, pour un solde net de 2% de l’emploi existant.

À supposer que leurs économistes parviennent à convaincre Macron et Juppé ou Sarkozy de ces invariants, il leur resterait encore à mettre en œuvre et découvrir le chemin de Damas de leur pratique économique et politique : accepter que ce ne soit plus l’État, et notamment la BPI, dirigée par l’un de leurs camarades de l’Inspection, Nicolas Dufourcq, qui finance les créations d’entreprises mais bien des entrepreneurs privés.

Il leur faudrait effectuer deux révolutions intellectuelles :

• la première, encourager les petits chefs d’entreprise à investir dans les créations des entreprises d’autres entrepreneurs et éliminer de ces investissements tous les organismes des financements publics dont l’inefficacité explique que notre taux de création d’entreprises à fort développement, qui feront les grands emplois de demain, soit moitié ou tiers de ce qu’il est en Allemagne, au Royaume-Uni aux États-Unis ;

• la seconde, comprendre qu’il faut une forte incitation fiscale pour encourager les petits chefs d’entreprise à prendre le risque d’aller investir ailleurs. Ceci veut dire, non seulement supprimer les barrières idiotes qui ont tué ces investissements, telles que l’ISF et la taxation des plus-values mobilières, mais également inciter ces chefs d’entreprise à mettre de 100.000 à 500.000 € par projet en faisant prendre par l’État la moitié du risque.

Il leur faudrait ainsi faire admettre que le rôle de l’État est d’aider les riches à devenir plus riches en créant des emplois, même si cet enrichissement se paye, horresco referens, de plus d’inégalités.

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