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Chômage : le désastre du financement des start-up françaises confirmé par Bercy

par Bernard Zimmern
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On sait que la création d’entreprises et d’emplois en France, déjà insuffisante depuis 30 ans, a continué de s’effondrer.

Avec 40.000 entreprises employeuses (ayant au moins un salarié) par an avant la crise de 2008, nous créions déjà la moitié du nombre d’entreprises employeuses créées par les Allemands ou les Britanniques. En 2009, ce chiffre est tombé à 33.000 et a poursuivi sa chute.
Eurostat publiait ainsi, qu’en 2012 nous avons créé seulement 26.000 entreprises employeuses avec 100.000 emplois salariés et les Britanniques 237.000 entreprises employeuses avec 600.000 emplois salariés. Un désastre qui explique la montée inexorable du chômage en France alors que les Allemands et les Britanniques sont proches du plein emploi.

Les chiffres que vient de publier la DGE de Bercy sur le financement des start-up donnent l’explication de cet effondrement.

La DGE (la Direction Générale des Entreprises) est la direction de Bercy qui rassemble les experts de l’ex-ministère de l’Industrie. Dans un PowerPoint présenté lors du dixième anniversaire de la naissance des Réseaux de Business Angels, la DGE a montré que les sources principales de financement des start-up, que sont normalement les Business Angels, et accessoirement, le capital-risque, étaient insignifiantes :

– 60 millions d’euros pour les Réseaux de Business Angels et vraisemblablement autant, d’après un rapport européen, pour les Business Angels que l’on peut qualifier d’indépendants (voir explications en annexe pour définitions). Pour référence, le même chiffre aux USA cité par le PowerPoint, était de 20 milliard de dollars. Nous pouvons ajouter qu’au Royaume-Uni, les statistiques du Trésor britannique montrent que sous l’impulsion du seul avantage fiscal que représente l’EIS, l’équivalent de l’avantage Madelin en France, les Business Angels investissent déjà plus de 1 milliard de livres.

– Le Powerpoint indique par ailleurs que le capital-risque injecte dans nos entreprises environ 6 milliards d’euros, mais en donnant la distribution des apports par taille et en commençant avec un premier échelon qui se situe à 5 millions d’euros, il montre bien, « en creux », que les apports du capital-risque français dans la zone critique du démarrage des start-up, celle entre 100.000 et 1 à 2 millions, sont également négligeables. On le sait depuis longtemps : il y a plus de 50 ans que les Américains ont reconnu que le capital-risque ne trouvait pas sa rentabilité dans des investissements situés dans cet intervalle ; et ils ont mis en place des dispositifs fiscaux pour multiplier les Business Angels. Pour faire traverser aux entreprises la « vallée de la mort », seuls des apports de fonds par des individus se sont révélés rentables et non ceux d’institutions comme les fonds de capital-risque.

– Un petit coup de chapeau est donné par le Powerpoint à la BPI (successeur d’Oséo) et à la Caisse des Dépôts qui viennent saupoudrer un peu tout le monde avec des fonds publics ; mais quel est le Français qui peut encore croire que les représentants syndiqués de la BPI vont se défoncer pour l’entreprise dans laquelle ils n’ont aucun investissement personnel et avoir, même de loin, l’efficacité des investisseurs privés risquant leurs fonds personnels ?

Il faut savoir gré à la DGE de Bercy d’avoir avoué publiquement ce que les connaisseurs savent depuis longtemps et que ceux qui ont essayé de créer des start-ups ont appris à leur dépens.
Il serait cependant bon que la DGE corrige officiellement une erreur indiquant un investissement moyen par Business Angel aux USA de 400.000 dollars et de 114.000 euros en France alors que le document européen source cite pour la France seulement 16.000 euros. Ce montant de 114.000 euros pourrait laisser croire que les investissements des 8.000 Business Angels estimés pourraient atteindre 900 millions alors que le document source indique bien que l’investissement total est d’environ 120 millions, tous Business Angels confondus.

Explications complémentaires :

– Différence entre réseaux de Business Angels et Business Angels indépendants : les Business Angels sont ceux qui apportent des fonds à une entreprise dans sa phase de démarrage en contrepartie d’actions ou de titres de participation en espérant faire un jour des plus-values. Les montants moyens mis par un Business Angel américain étaient déjà en 1990 (rapport Gaston) l’équivalent de 200.000 euros de nos jours, permettant ainsi à un créateur d’entreprise de réunir 500.000 euros avec une poignée d’actionnaires. Il y a quelques années se sont développés aux USA des réseaux, des groupes de petits Business Angels mettant individuellement 5 à 10 fois moins et se groupant pour parvenir à investir collectivement le même montant qu’un Business Angle indépendant. Mais ils représentent seulement quelques pourcents de l’investissement total des Business Angels opérant individuellement et que nous désignons par Business Angels indépendants. Le peu de succès des Business Angels de réseau, qui en fait presqu’un apostolat, s’explique par le fait que le créateur d’entreprise veut bien accroître son assemblée générale de quelques actionnaires, mais pas de dizaines qui rendent les prises de décision beaucoup plus difficiles.

– Faute de dispositifs fiscaux adéquats comme en ont les USA ou le Royaume-Uni, la France n’avait pas en 2002 de Business Angels et les faisait même fuir avec l’ISF. Comme leur absence est devenue évidente et insoutenable politiquement, Renaud Dutreil, ministre des PME et Bercy ont imaginé de faire croire que le problème était résolu en encourageant par des subventions la création de réseaux mais en évitant soigneusement tout dispositif qui pourrait créer des vrais Business Angels indépendants, seuls à même d’avoir un impact sur la création d’entreprises. Un village Potemkine de plus imaginé par Bercy après un Avantage Madelin plafonné au dixième des Britanniques et le rendant inopérant, la SUIR (Société Unipersonnelle d’Investissement à Risque dont il a été créé moins de 10 exemplaires), etc.

Documents publics à consulter :

« Éléments sur la politique française d’innovation et son impact sur les start-up ».DGE.11 mars 2015.
– Document européen cité : http://ec.europa.eu/enterprise/dg/files/ba-rep_en.pdf)
Eurostat

 

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5 commentaires

Picsou 75 mars 23, 2015 - 11:27 am

Business Angel ? mais pourquoi…
Business Angel ? je me demande pourquoi j'irais prendre des risque avec mon épargne qui a déjà supporté l'IR, et l'ISF cumulés… Pour gagner quoi ? une plus-value taxée à l'IS si c'est dans un holding, et pire encore si je suis en direct ?

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François mars 26, 2015 - 9:04 am

Survivant, de justesse
J'ai commis la folie de créer une entreprise fin 2013. A ce jour nous sommes survivants de justesse.
Malgré 50% de fonds propres au départ la BPI nous a refusé sa garantie (un directeur a osé me dire qu'avec ce montant de fonds propre ils garantissaient "évidemment", ses services ont montré le contraire). Donc les banques nous ont suivi pour moins de la moitiée de ce qui était prévu.
Puis l'Etat, ou plutôt l'un de ses janissaires fonctionnaires a fait du zèle en refusant pendant 18 mois de nous rembourser le crédit de TVA des lourds investissements que nous avons réalisés.
Sans ma famille nous serions en cessation de paiement depuis l'ouverture… Je dois dire que nous sommes soutenus par nos clients très satisfaits (progression continue du CA) et par certains fournisseurs qui ont cru en la qualité de notre projet! Bien sûr j'ai tout fait pour échapper aux serres mortifères du RSI en choisisant une SAS. Encore fragile mais sortie de la vallée de la mort en vue!

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AB mars 26, 2015 - 7:31 pm

Powerpoint..?
Ou est-il ce power point? Pas repris par la presse? confidentiel? Est-ce que France Angels peut le diffuser?

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Valérie mars 31, 2015 - 1:36 pm

Powerpoint..?
Vous pouvez vous adresser aux Business Angels des Grandes Écoles (président Jacques-Charles Flandin) et demander le powerpoint diffusé par le représentant de la DGE.

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zelectron mai 7, 2015 - 6:28 pm

compétance, compétance !
Les critères d'attribution des aides sont du ressort des loteries, les fonctionnaires préférant cette façon de procéder dans la mesure où ils n'ont aucune idée quant aux innovations qui leur sont soumises. . . il n'est qu'à observer leur regard hébété . . .

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