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Sinistres prédictions d’un best-seller – New-York Times

par Jacques-Charles Morini
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Le New York Times a mis dans la liste de ses best-sellers « La montée des robots » (« The rise of the Robots ») par Martin Ford, qui par certains côtés rappelle le célèbre livre de Malthus « Essai sur le principe de population ». Nous avions tous l’impression que le développement des ordinateurs et l’Internet aboutissaient à un enrichissement de l’humanité en multipliant les possibilités humaines. Eh bien c’est une vision fausse car tous ces programmes aboutissent à un résultat : la destruction des emplois.

Sur plus de 200 pages, l’auteur, lui-même un expert et créateur d’une société de software de la Silicon Valley, nous démontre, citations et statistiques à l’appui, que non seulement les robots ont pu remplacer des personnes dans des tâches répétitives mais que même des emplois beaucoup plus qualifiés comme ceux d’assistant-avocat ou d’éducateur allaient être remplacés par des logiciels.

L’Intelligence artificielle avec les programmes développés notamment par IBM, avait permis aux ordinateurs d’IBM de battre aux échecs Garry Kasparov en 1997, mais des programmes beaucoup plus puissants, notamment Watson, ont permis de gagner un jeu de télévision appelé Jeopardy ! et de gagner contre des champions.

En d’autres termes, n’étaient plus seulement en danger les emplois de fabrication qui n’ont cessé de chuter puisqu’ils représentent moins de 10% des emplois contre 30% en 1955 ; mais cette destruction est en train de s’étendre des cols bleus aux cols blancs ; ce sont donc les futures positions de tous nos étudiants qui seraient en cause.

Les seuls qui seraient à même d’en profiter sont ceux qui ont déjà un poste ou qui sont déjà au sommet, car cette évolution est accompagnée bien entendu par une augmentation du profit des grandes entreprises ainsi que d’un accroissement de la distribution des inégalités, avec un développement de la fameuse courbe de Ricardo sous-titrée « a winner take all/long tail distribution ».

Devant ce désastre prévisible, il n’est pas très étonnant de voir proposer des mesures comme un revenu minimum pour tous, accroître les aides sociales, etc.

Heureusement, pour lutter contre la dépression psychologique qui s’empare du lecteur, il existe des sources statistiques qui sont tout simplement l’évolution des emplois secteur par secteur sur 10 ans aux USA publiée par le Department of Labor.

La prévision y est que l’emploi américain va s’accroître en 10 ans, de 2014 à 2024, de +9,8 millions d’emplois, soit une augmentation de la population active de 6,5%.

Il semble que ce chiffre soit le même que celui observé dans la période 1970-2010 où la croissance de l’emploi d’après les chiffres du Census a été de 30 millions ; elle se serait peut-être accélérée.

C’est qu’en effet, si les emplois dans certaines professions et pour certains travaux diminuent ou disparaissent (comme en agriculture qui occupait 80% de la population vers 1900 et n’en occupe plus que 2% actuellement mais avec un « output » très accru), d’autres se développent.

On ne sera pas surpris de découvrir à travers des tableaux très détaillés puisqu’ils portent sur plus d’une centaine de catégories, que les postes liés à la santé, de l’ophtalmologiste à l’audiologiste en passant par les infirmières, les médecins, bien entendu, etc., vont connaitre un accroissement considérable, et ce, même si les États-Unis sont déjà de très loin en pourcentage du PIB le premier consommateur de santé mondial.

Ce qui serait intéressant, ce serait de suggérer à Monsieur Martin Ford de regarder, non pas les destructions d’emplois par les nouveaux moyens mis à la disposition de l’homme, mais les nouveaux besoins que ces moyens nouveaux permettent d’envisager de satisfaire. Il trouverait peut-être que la demande et les possibilités de création d’emplois sont extraordinairement élevées sinon infinies.

 

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3 commentaires

zelectron mars 1, 2017 - 12:17 pm

Sinistres prédictions d’un best-seller – New-York Times
Sans robots point de conquête des étoiles . . .

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Geneviève Bouché mars 1, 2017 - 3:54 pm

Sinistres prédictions d’un best-seller – New-York Times
Oui, le robots vont faire les tâches dégradantes, fastidieuses, hypercomplexes ou dangereuses. Le plus tôt sera le mieux. Il vont satisfaire nos besoins de à court terme.

Nous allons pouvoir donner du temps au développement des besoins de nos communautés à long terme : la famille, les savoirs, la démocratie, la spiritualité … Pour cela, nous devons compléter notre pacte social qui ne récompense que les activités productives (court terme), pas les activités contributives (long terme) qui sont pour le moment dédiées au volontariat et au bénévolat, c’est à dire un statut instable.

Or, le tâches contributives deviennent la base de la compétitivité des nations. C’est donc un nouveau pacte social qui est à inventer.

http://s298243136.onlinehome.fr/dotclear/index.php?post/2017/02/19/Le-revenu-de-base-%3A-l%E2%80%99erreur-fondamentale-de-Pierre-Gattaz

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JEAN-PIERRE VEROLLET mars 1, 2017 - 7:43 pm

Sinistres prédictions d’un best-seller – New-York Times
Il n’est pas très difficile d’avoir une idée approximative des emplois impactés, modifiés ou supprimés: il suffit de « pifométrer » une estimation à partir des catégories d’emplois actuels. Prospective destructrice facile
Par contre comment avoir une idée des emplois qui seront créés? Comment les imaginer? On n’en voit pas beaucoup d’estimations et celles qui sont positives ne sont pas mises en tête de gondole. Prospective créative difficile.
Comment pondérer les 2 visions?
Conclusion évidente: il vaut mieux aider le Marché à être innovant pour créer un futur meilleur s’appuyant sur l’initiative du plus grand nombre que de trop compter sur des experts orientés d’humeurs variables ou une planification réductrice et myope par nature.

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