Une des grandes fictions propagées par les médias est que les riches Américains seraient des cadres de très grandes entreprises ou des membres de professions indépendantes comme médecins, avocats, artistes.
Rien n’est plus faux, car les riches Américains sont essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, des entrepreneurs ayant créé leur entreprise et ayant créé des emplois.
De nombreuses enquêtes le démontrent.
La première est l’enquête Forbes sur les milliardaires, une enquête annuelle effectuée depuis 1983 et dont les séries sont parmi les plus fiables.
Sur les 400 personnes qui en font partie, 67% doivent leur position de milliardaire aux entreprises qu’ils ont créées ou développées en partant de peu de choses, parfois de rien.
Et si on y ajoute leurs parents, c’est 90% des milliardaires dont la fortune n’existe que par les entreprises qu’ils ont créées.
Un examen plus attentif effectué par Tino Sanandaji de l’Université de Stockholm, montre que les professions indépendantes sont pratiquement inexistantes parmi ces milliardaires, une seule artiste, Oprah Winfrey, y trouvant place.
Mais les milliardaires ne sont qu’une petite couche parmi les riches, puisque d’après nos calculs ils ne représentent qu’environ 2% du total des revenus américains.
Plus intéressante puisque plus générale, est la classe de ceux qui appartiennent au 1%, c’est-à-dire au centile des Américains dont, soit le revenu, soit le patrimoine est le plus élevé. Environ 75% de ceux qui sont dans ce centile des revenus sont aussi dans le centile des patrimoines et réciproquement.
Pour prendre les revenus, le 1% représente entre 15 et 20 pour cent du revenu total des Américains soit environ 10 fois plus que le revenu des seuls milliardaires.
Une étude menée par deux chercheurs en 2006, Cagetti et De Nardi, à partir des données du « Survey of consumer finances » de la Banque Fédérale américaine, a montré que 67% de ceux qui figurent dans ce 1% sont des entrepreneurs actifs, c’est-à-dire qui jouent un rôle actif dans une entreprise non cotée.
Et nous sommes en train nous-mêmes de montrer à partir des données de cette enquête, qu’environ la moitié de ces entrepreneurs ont créé eux-mêmes l’entreprise qui les a rendus riches, l’autre moitié étant faite d’entrepreneurs qui ont acheté leur entreprise ou en ont hérité.
Une des caractéristiques les plus remarquables est le lien qui existe entre le nombre d’emplois créés et le revenu ou la fortune.
Pour être vraiment dans le 1%, il ne faut pas se satisfaire de créer quelques emplois de proximité mais vraiment créer des ruches à créer des emplois qui permettent de faire état de dizaines d’emplois créés au cours de la vie de l’entrepreneur.
S’agit-il d’un épisode dans la vie économique américaine, ou d’une constante qui est amenée à se perpétuer dans les années qui viennent ? S’agit-il d’une explosion entrepreneuriale comme le monde en a connu au 19e siècle avec le coton de Manchester, ou aux États-Unis à la fin du 19e et au début du 20e avec ceux que l’on désigne couramment sous le nom de « robber barons » (barons voleurs), un qualificatif absolument faux ?
Arrivons-nous vers la fin d’une nouvelle explosion entrepreneuriale déclenchée par les circuits imprimés sur silicium, le composant fondamental sans lequel il n’y aurait pas d’ordinateur ni d’internet ?
C’est la grande interrogation que nous espérons pouvoir aborder à travers nos recherches, mais probablement sans pouvoir lui apporter une réponse solide.