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Prenez votre retraite Monsieur MARTINEZ,

par Yves Buchsenschutz
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Il semble bien que « la plus longue grève » de France depuis longtemps, soit en train d’agoniser lentement, même si elle a des sursauts désordonnés avant probablement de s’éteindre complètement. Ces derniers soubresauts ne sont plus que des rassemblements d’une centaine de personnes arc-boutées sur ce message fédérateur peut-être, mais néanmoins stupide : l’âge pivot ne passera pas ! L’adaptation globale de la France à une nouvelle espérance de vie s’est faite en dépit du bon sens et à contre-courant de l’ensemble du monde développé pour se terminer en un immense happening qui pourrait bien signer la fin de la CGT.

Un peu d’histoire

Au lendemain de la guerre de 1945, lors de la fondation de notre État-providence national, l’âge de la retraite avait été fixé à 65 ans, lequel âge d’ailleurs coïncidait peu ou prou avec l’espérance de vie à l’époque. En 1983, cette espérance de vie ayant largement augmenté mais dans un souci électoral de court terme, le président Mitterrand modifia l’âge de départ en le ramenant – oh stupeur – à 60 ans ! Il créait ainsi une situation ingérable dans le long terme à l’inverse de tous les autres pays développés. Depuis cette époque tous les gouvernements les uns derrière les autres tentent de corriger cette décision contracyclique et à chaque fois, la CGT se lève en refusant l’évidence. Pourtant, pendant cette période nous sommes passés d’un régime quasiment sans retraite à un régime de retraite raisonnable pour la grande majorité de la population, même s’il n’est pas parfait. L’instauration quasi simultanée des 35 heures ayant d’ailleurs aggravé la question.

L’erreur du gouvernement actuel a probablement été de vouloir simultanément faire avancer le rattrapage de l’âge limite tout en corrigeant simultanément trop d’imperfections et d’injustices entre les régimes. Peut-être qu’une simple annonce de deux ans de travail de plus pour tout le monde, pour être couvert jusqu’à 80 ans au lieu de 65 aurait été une méthode plus acceptable, quitte à reprendre les injustices à un autre moment. Malheureusement on ne sait jamais où auraient mené les chemins que l’on n’a pas suivis. Nous aurions peut-être aussi eu droit à deux épisodes de grève au lieu d’un.

Le rôle des syndicats, associations de salariés destinés à défendre leurs intérêts tant immédiats qu’à long terme

Revenons à leur rôle : ce qui reste incompréhensible c’est le soutien quasi indéfectible de l’opinion au syndicat le plus réactionnaire que nous ayons, à savoir la CGT. Soutien curieux d’ailleurs puisque les Français continuent à soutenir majoritairement, mollement il est vrai, la grève mais « en même temps » souhaitent majoritairement que la négociation engagée par les syndicats dits « réformistes » aboutisse ! Le tout sur fond bizarre puisque les jeunes affirment carrément qu’ils n’auront, eux, pas de retraite ! Globalement nous percevons donc bien qu’il existe un régime qui fonctionne à date, qu’il doit être aménagé sous peine de disparaître, mais en même temps nous affirmons « il ne faut rien changer » ! La CGT de M. Martinez a transformé les Français en autruches.

Cerise sur le gâteau, ces grèves auront coûté plus d’un milliard d’euros à notre pays, que ce soit aux entreprises concernées, à l’économie en général, des centaines de millions aux grévistes eux-mêmes et une immense lassitude et fatigue au reste de la population. Si les écologistes étaient des gens responsables, ils pourraient y ajouter un coût écologique non négligeable : plus de transport en commun, du CO2 à tout-va, des déchets enfouis au lieu d’être valorisés, des dysfonctionnements de toute sorte, etc. ainsi qu’une défiance renforcée envers les lacunes des services publics soi-disant vertueux défenseurs de l’intérêt général. Rien n’y fait, les Français sont des stoïciens et comme à l’époque de Charlie Hebdo, continueront à vivre comme avant, comme s’il ne s’était rien passé.

La CGT : le chant du cygne ?

Non contents d’avoir mené la danse avec la SNCF, la RATP et dans une certaine mesure des catégories de fonctionnaires comme les professeurs, les aiguilleurs du ciel, ou les dockers, (toutes professions peu ou prou protégées)… La CGT ayant échoué à mobiliser le privé, tente de jouer les prolongations à EDF ou dans les raffineries. Mais le mur de la réalité, lui, ne bouge pas.

Comme les Français moyens se laissent faire sans réagir réellement, il ne reste qu’un espoir c’est que les prochaines élections syndicales, même si elles ont une valeur extrêmement relative vu le nombre de syndiqués en France (11 % des salariés) voient encore évoluer le rapport de force. Il faut que le nombre de voix pour les syndicats qui, tout en défendant raisonnablement leurs adhérents, tentent des compromis avec le reste de la nation, augmente son avance sur les syndicats jusqu’au-boutistes du type CGT. Aux dernières élections professionnelles, la CFDT est passée devant la CGT, de mémoire pour la première fois : espérons que cette avance s’accentuera aux prochains scrutins et que les tenants de la CGT en tireront les conséquences pour M. Martinez : qu’il prenne sa retraite, il a assez fait de mal. Et puis, il a largement dépassé les 52 ans.

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1 commenter

zelectron janvier 31, 2020 - 7:35 pm

le grand timonier de la CGT
Martinez doit rester, c’est le meilleur négociateur que la CGT n’ai jamais eu, chaque jour une demi-douzaine d’adhérents rendent leurs cartes, c’est pas un beau résultat, ça ?

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