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Macron, Philippe. Le prophète et le directeur d’hôtel. Alerte.

par Hervé Gourio
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L’un tire trop haut. L’autre trop bas. Vont-ils manquer la cible ? Le Parlement pourrait certainement cette fois corriger les énarques.

Après les deux grands discours de la semaine dernière, le paysage s’éclaire. Pas très rassurant pour autant.
Le 3 juillet le président a déclaré son ambition : faire de la France le pays rêvé pour et par les humanistes. Comment ne pas être séduit ? Comme ses prédécesseurs sans exception le voilà propulsé sur la scène internationale et soucieux de faire reluire l‘image de notre pays. Son expérience internationale lui fait viser plus juste que des prédécesseurs imprégnés du marigot national. À vrai dire ce n’était pas de ce côté-là qu’on l’attendait, mais plutôt du côté du redressement d’une situation problématique. Il en a dit quelques mots, le moins possible.

Mardi, à l’Assemblée, après le prophète, le manager opérationnel ? Sans doute un peu, puisque nous avons entendu de la bouche du grand maître la liste impressionnante, à la Prévert, des services de tous ordres que notre État providence va nous rendre mieux et moins cher qu’avant dans tous les domaines imaginables.

L’image du directeur d’hôtel vient immédiatement m’assaillir après le discours du Premier ministre. Elle est du grand éditorialiste américain Lewis Lapham longtemps directeur de Harper’s (magazine ultra démocrate) quand il compare les citoyens américains aux clients d’un hôtel. De leur gouvernement ils attendent des services de qualité de tous ordres pour assurer leur bien être à un très bon prix. Rien de plus, rien de moins que du directeur d’un grand hôtel ou d’un club de vacances.
Et, pour faire bonne mesure, le discours d’Édouard Philippe mentionnait de nouveaux services en tous genres (vaccinations, grand plan d’investissement, internet pour tous, que sais-je ?) comme s’il n’y avait pas déjà beaucoup trop de produits dans la vitrine. Comme si les électeurs n‘avaient pas déjà exprimé leur mécontentement sur l‘offre actuelle. Autre citation bienvenue de Lapham : “The supply of government exceeds demand” (l’offre d’administration dépasse la demande).

Quel vertige s’empare donc de nos dirigeants, ces hommes éminents ? N’ont-ils pas compris qu’ils prennent l’opinion à contrepied ? Ils ont battu leurs concurrents (et de quelle manière !) parce que les électeurs ont enfin conclu que les gouvernements précédents avaient échoué. Nos concitoyens n’attendent pas nécessairement de monter au pinacle. Emmanuel Macron n’a pas été élu pour nous amener au Nirvana. Sa philosophie politique est assez originale et n’a pas été vraiment développée pendant la campagne électorale. Ce serait bien étonnant qu‘elle soit comprise et partagée par des millions de Français.
D’autant plus que Édouard Philippe reste lui dans le rôle du directeur d’hôtel jonglant avec la mise en œuvre effective de centaines de programmes bien technocratiques et donc bien éloignés des envolées du président. Conformément aux enseignements énarchiques et aux pratiques si décevantes de ses prédécesseurs.

Alerte ! Ces messieurs sont très respectables et talentueux mais ils se compliquent une tâche où d’autres, bien talentueux aussi, ont échoué avant eux. C’est dans l’autre direction qu’il aurait fallu se mouvoir. Le banquier d’affaires sait bien qu’il ne faut pas augmenter les attentes de ses clients pour faciliter leur satisfaction et conclure un deal. Le Premier ministre devrait suivre la leçon de Percy Kemp (dans Le Prince, Le Seuil 2013) : plus on multiplie les promesses tous azimuts plus on accroît les insatisfactions. En particulier quand les motifs de colère sont déjà si puissants et difficiles à maîtriser : chômage et sécurité. Pour les autres sujets, le gouvernement devrait prendre ses distances.
De quelle couleur est cette alerte ? Rouge ? Peut-être pas, l’opinion publique reste bienveillante et admire le talent des nouveaux responsables.
Mais ne nous y trompons pas, si dans six mois on ne voit pas d’inflexion dans les courbes de l’emploi, les réformes de société ou les changements technocratiques ne feront pas le poids.

En dehors d’un retour sur terre de ces grands personnages, on peut trouver un motif d’espoir chez certains « marcheurs » ou autres élus, familiers eux, des priorités de nos concitoyens. Ceux-ci savent qu’il faudra donner un élan réel sur le terrain à la création d’emplois, qui passe d’abord par la création d’entreprises bien financées. Par ailleurs, on ne peut pas éviter les réformes radicales de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de la législation du travail, c’est à dire des mesures concrètes pro business.
Ils savent aussi que le gouvernement devrait cesser de s’occuper du bien-être des citoyens. C’est leur affaire. Fin du manichéisme socialiste comme annoncé par le candidat Macron.

Surtout, que ceux qui ont le cœur à gauche se rassurent, Lewis Lapham n’est pas un Républicain pro Trump. C’est un Démocrate radical qui croit à l’énergie des Américains en faveur de leur liberté. Un bel exemple qu’on peut suivre ici aussi.

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