* « Inequality is Bad for Growth of the Poor (But Not for That of the Rich) »
Non, ce n’est pas le titre d’un chapitre écrit par la CGT ou le Front de Gauche mais par la Banque Mondiale comme « Policy Research Working Paper » par deux chercheurs du « Development Research Group » appartenant au « Poverty and Inequality Team ».
On pourrait penser que la Banque Mondiale se préoccupe du développement des économies en vue d’encourager les riches à devenir plus riches pour les encourager à créer des emplois.
Comme l’explique le résumé de leur rapport, les chercheurs de la Banque Mondiale sont préoccupés de mesurer l’impact que peuvent avoir les inégalités, et particulièrement celles entre les pauvres et celles entre les riches sur le taux de croissance des différentes tranches de revenu.
À travers une analyse de microcensus des différents états des États-Unis de 1960 à 2010, la conclusion est claire : des hauts niveaux d’inégalités réduisent la croissance du revenu des pauvres. Et quand on divise la mesure des inégalités entre celles des plus pauvres et celles des plus riches, ce sont essentiellement les inégalités mesurées entre les plus riches qui freinent la croissance des pauvres.
Pour être plus précis, nous donnons ici la traduction du bas de la page 3 :
« Nous trouvons qu’une forte inégalité d’ensemble paraît seulement endommager la croissance du revenu des pauvres. Même si l’inégalité se trouve aussi avoir un effet positif sur la croissance, cet effet positif est exclusivement réservé à l’extrémité haute de la distribution des revenus. Ceci signifie que le type de croissance que l’inégalité engendre est du genre qui augmente davantage les inégalités. Ceci offre aussi une explication alternative pour expliquer pourquoi la relation entre la croissance du revenu moyen et l’inégalité est aussi fragile [dans les études antérieures NDLR], puisque les effets positifs et négatifs aux extrémités de la distribution peuvent se neutraliser.
Quand nous distinguons entre les inégalités des plus pauvres et les inégalités des plus riches, nous trouvons que c’est essentiellement les inégalités au sommet qui freinent le développement de la croissance en bas. Une explication possible de cette observation est qu’un haut niveau d’inégalités au sommet sert de justification pour du « séparatisme social », où le riche fait du lobby pour des politiques qui le favorisent mais qui finissent par limiter les opportunités de croissance du pauvre »[[ De façon intéressante car elle contredit une autre étude de l’OCDE récemment publiée sur l’effet des inégalités sur la croissance : « Finalement, les effets du Gini d’ensemble sur le milieu des distributions de revenus des états [américains, NDLR] est, qu’elle soit positive ou négative, petite et statistiquement non significative » (page 20).]].
La méthode de démonstration s’inspire des canons des études statistiques pour démontrer qu’il existe une corrélation (mais corrélation ne prouve pas causalité).
Elle constate qu’il y a bien une relation entre croissance des inégalités et revenus ; comme l’explique bien notre modèle de la toile cirée, elle trouve que la croissance plus rapide des plus riches au centre de la toile est compensée par une croissance beaucoup moins rapide sur le périmètre de la toile où se situent les plus pauvres.
Ces chercheurs en déduisent que c’est la croissance des riches qui réduit la croissance des pauvres mais ils sont bien incapables de prouver la causalité (les décalages dans le temps sont des observations, pas des preuves) et de prouver que les riches s’enrichissent au détriment des pauvres.
Plus grave, leur idéologie les empêche de comprendre que c’est grâce à la croissance plus rapide des entrepreneurs que le revenu des pauvres croît aussi.
On retrouve simplement ce que nous savons par ailleurs, que le monde occidental est entré dans une nouvelle phase d’explosion entrepreneuriale s’appuyant notamment sur les technologies de l’information, phase qui fait suite aux explosions ayant accompagné l’utilisation de la physique (électricité, écoulement des fluides, métallurgie) qui a guidé la première explosion entrepreneuriale de la fin du XIXe siècle (et, il faut bien le dire, l’apparition vers 1870 des sociétés, à responsabilité limitée à l’apport).
Avec cette publication, la Banque Mondiale ne fait que se placer dans le courant des grands organismes qui vivent de l’argent public et qui poussent à plus de redistribution ; ils se justifient de consacrer des sommes importantes à des équipes de chercheurs se donnant bonne conscience en prétendant voler au secours des pauvres, mais en fait ne cherchent qu’à s’aider elles-mêmes en détruisant ce qui est le seul espoir d’un meilleur avenir pour ces pauvres : des entrepreneurs riches qui prennent des risques et créent des emplois, le patrimoine le plus important des pauvres. Et dont beaucoup sont des pauvres qui ont pris leur destin en main.
Il serait temps que l’on commence à contrer pour ce qu’elles valent les publications du FMI (dont le chef économiste, Olivier Blanchard est depuis longtemps reconnu comme un homme de gauche qui a fait venir Thomas Piketty et Emmanuel Saez à Berkeley), celles de l’OCDE ou maintenant celles de la Banque Mondiale.
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Les inégalités sont mauvaises pour la croissance des pauvres
Je suis d'accord avec votre analyse qui va au-delà des apparences du rapport de la BM, très simpliste (par la complexité faussement savante des bases et moyens de calcul présentés dans le rapport) et discutable sur le fond. Vous avez raison d'insister sur l'état d'esprit profond ou les motivations biaisées de certains au moins sinon tous les économistes qui travaillent pour le compte des organisations économiques internationales qui tentent de justifier ainsi l'utilisation des fonds publics qui alimentent généreusement ces organisations.