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« Le lieu des possibles », le nouveau livre d’Anne Hidalgo :

par Alain Mathieu
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En maintenant sa candidature à la mairie, Cédric Villani, le mathématicien qui présidait le comité de soutien d’Anne Hidalgo en 2014, redonne à la maire de Paris l’espoir de l’emporter à nouveau en mars 2020. Toute regonflée, elle a pris sa plume et choisi un titre insolite et alléchant pour son nouveau livre, sorti en Septembre : « le lieu des possibles ».

On s’attend à des promesses de lendemains qui chantent, à un véritable programme électoral. Erreur. Il s’agit d’une glorification de son action depuis 2014.

Reprenons ses titres de gloire :

1) La « lutte pour faire respirer Paris ». C’est en effet son objectif prioritaire. Elle a déclenché pour cela une guerre à la voiture. Mais l’objectif respiratoire a-t-il été atteint en fermant les voies sur berges, en réduisant à une voie la rue de Rivoli, en interdisant la circulation dans certains quartiers et celle des voitures diesel (en 2025), en annonçant la fermeture du boulevard périphérique ? Le « Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonisation des voies sur berge rive droite » a constaté que « le niveau de concentration de dioxyde d’azote a augmenté à la sortie de la section concernée par la piétonisation (quartier Henri IV notamment : + 5% à + 10%) et le long des axes de report (+ 1% à + 5%) ». Les mesures prises par Anne Hidalgo ont accru les embouteillages et la pollution de l’air. En célébrant « le succès de ce qui est aujourd’hui la manière la plus rapide de traverser Paris », elle nie la réalité. Ses échecs avec Autolib et Vélib ont encore aggravé la situation. Les Parisiens et franciliens circulent et respirent moins bien.

2) « Nous créons 7.500 nouveaux logements sociaux par an… Depuis 2014 nous avons investi trois milliards d’euros dans le logement ». Le coût du logement est en effet une préoccupation des Parisiens. Anne Hidalgo décrit elle-même son action : « Nous nous sommes mobilisés en rachetant les immeubles pour les rénover et les transformer en logements sociaux ». Cette « création » de logements est en réalité une transformation à grands frais de logements existants. Les bénéficiaires sont souvent les affidés de la maire. Ils paient trois fois moins de loyer que dans le parc privé. Au lieu de faciliter la construction de logements neufs, Anne Hidalgo a « remis en place l’encadrement des loyers », c’est-à-dire découragé la construction de logements à louer, et fait imposer à ceux qui veulent louer via Airbnb un « seuil maximum de location de 120 jours par an ». Le problème du logement à Paris n’a pas été réglé, mais aggravé, et l’argent des contribuables gaspillé.

3) « Propreté, sécurité, mise à l’abri ; trois leviers au service d’une seule politique, trois démarches qui relèvent pour moi d’une même ambition ». Anne Hidalgo n’ignore pas que la ville est sale. Mais elle dit « salie », et principalement par les Parisiens. « La propreté est d’abord une affaire de prise de conscience ». Donc la « première solution » est une « verbalisation visible et systématique des incivilités » et la deuxième « l’éducation civique à la propreté ». L’efficacité et les horaires de travail des 5.000 éboueurs qui dépendent d’elle ne sont pas mis en cause. Quant à la sécurité, elle constate les « toxicomanes qui errent comme des fantômes dans les quartiers et les stations de métro » et « la recrudescence observée des rixes de jeunes dans le nord-est parisien ». « Il reste des points noirs de la criminalité à Paris sur lesquels les autorités devraient mettre tous les moyens possibles ». Mais les « autorités », c’est le ministère de l’Intérieur, et pas la mairie. D’ailleurs « les deux tiers des Parisiens estiment que Paris est une ville sûre ». Alors pourquoi la maire s’en occuperait-elle ? Il y a pourtant par habitant deux fois moins de caméras de surveillance à Paris qu’à Asnières ou Rueil. Quant à la « mise à l’abri », la mairie a « ouvert à Paris une maison des réfugiés ». Le problème des campements insalubres et dangereux de plus de 3.000 immigrés est donc réglé !

4) La « démocratie participative » est « le premier des droits des citoyens et le premier devoir des responsables publics ». « Les citoyens ont une envie farouche de participer au fonctionnement de la démocratie. Mais les « budgets participatifs » d’Anne Hidalgo représentent 1% du budget de la ville. Les maires d’Hambourg, Boston, Budapest et Rome ont suivi leurs électeurs et refusé d’organiser les Jeux Olympiques. Anne Hidalgo s’était engagée à consulter les franciliens. Cet engagement n’a pas été tenu. Quant au « Conseil municipal citoyen, qui se déroule deux semaines avant le conseil de Paris », le numéro de téléphone qui permet de s’y inscrire est, six mois après son démarrage, « non attribué ». De toute façon seuls 7% de la population, les habitants dont le revenu du ménage est inférieur à 12.800 euros par an, ont le droit de s’y inscrire. C’est de la discrimination participative et non de la démocratie participative.

5) Anne Hidalgo n’ignore pas que les Parisiens sont « agacés » par les nombreux chantiers qu’elle a autorisés, notamment pour la construction de pistes cyclables, que « la ville est défigurée par ces linéaires interminables de barrières vertes et grises », mais elle pense que cette « révolution pourra se faire de manière plus apaisée ». Sans doute ne voit-elle pas que ses pistes cyclables sont peu utilisées et que les chantiers sont souvent sans activité. Encore un déni de réalité.

6) Dans le bilan qu’elle dresse à sa gloire, il n’y a pas un mot sur les finances de la ville et les impôts, sur le fait que Paris a, par habitant, 2,5 fois plus de fonctionnaires que Londres, 2,2 fois plus que Rome, et 2,8 fois plus que Madrid, qu’ils bénéficient de 55 jours de congé par an contre 35 pour les mairies voisines, qu’il y a 241 agents au cabinet de la maire, que la maire multiplie les subventions illégales à ses amis, qu’elle a compté en recettes immédiates des loyers de HLM qui ne seront perçus que dans des dizaines d’années, que les recettes de la ville sont passées de 4,6 milliards en 2001 à 8,5 en 2016 et que pourtant sa dette est passée de 2,5 milliards en 2010 à 5,7 en 2018.

Mais la maire croit pouvoir s’enorgueillir de sa présidence du C40 (l’association réunissant les plus grandes villes du monde), du fait que sa ville est « la capitale des start-up en Europe » et « la capitale mondiale du pique-nique » !

Son père ne lui a-t-il pas « donné en héritage l’humilité » ?

 

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