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L’obsession antilibérale française

par Dominique Mercier
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Dans son nouvel ouvrage, le directeur de l’IREF et ancien directeur de l’iFRAP dresse un état des lieux de l’antilibéralisme français. Nous donnons ici un aperçu de quelques uns des thèmes abordés par le livre.

Des étatistes et antilibéraux omniprésents

L’auteur rappelle tout d’abord la présence écrasante de fonctionnaires au Parlement et la quasi absence de chefs d’entreprises en son sein. Sur 577 députés, environ 250 (44%) font partie du secteur de l’État. On compte parmi eux des fonctionnaires nationaux et territoriaux, des enseignants, des employés du service public, des retraités du public, etc. L’Assemblée Nationale ne compte en revanche que 17 chefs d’entreprises, soit 3% du total des députés. Au Sénat, les proportions sont à peu près les mêmes : 43% de fonctionnaires et 6% de chefs d’entreprises. Par comparaison, seulement 9% des parlementaires britanniques proviennent du secteur public contre 25% de chefs d’entreprises. Aux États-Unis, la représentation du patronat est encore plus forte puisque environ 40% des parlementaire sont des chefs d’entreprise.

Dans les cabinets du gouvernement ou dans l’administration en France, le constat est à peine plus glorieux que pour le Parlement. Au début du quinquennat, 7,5% seulement des membres du cabinet de François Hollande sont issus de l’entreprise privée, et seulement 10% du cabinet de Jean-Marc Ayrault. Par ailleurs, seuls 25% de l’élite administrative en charge de l’économie et des finances ont déjà travaillé dans le secteur privé. Au vu de ces chiffres, il n’est pas étonnant que l’appareil législatif produise en grande majorité des mesures étatistes.

Cette idéologie malheureusement ne se retrouve pas qu’au Parlement et pas que chez les hommes de gauche. Par de nombreux exemples, l’auteur illustre à quel point l’épithète libéral est voué aux gémonies par tous les grands partis. Il rappelle que Nicolas Sarkozy s’est clairement démarqué de toute idéologie libérale et que même Alain Madelin, un des rares hommes politiques libéraux, mit beaucoup d’eau dans son vin lors de ses campagnes.

L’aversion à toute forme de libéralisme se retrouve tout particulièrement dans le système éducatif, les manuels scolaires parlant à peine – ou sinon en mal – des entrepreneurs et des chefs d’entreprise. Les sujets d’économie du baccalauréat 2013 en sont des exemples éloquents mais non surprenants au vu de la posture délibérément étatiste et anti-patronat qui règne à l’Éducation nationale. Lors de l’épreuve, les élèves se sont ainsi vu proposer de répondre à la question ; « Que devons-nous à l’État ? » ou encore de « montrer que les conflits sociaux pouvaient être un facteur de cohésion sociale ». La presse française contribue elle aussi à la propagation des idées étatistes, aucun média par exemple n’a dénoncé le biais du travail demandé aux élèves.

Résultats et paradoxes

La politique anti-libérale française pourtant n’a pas eu les résultats escomptés : les comparaisons internationales donnent un taux de chômage régulièrement plus élevé en France que chez ses principaux compétiteurs. Depuis 1980, le taux de chômage n’est jamais descendu en dessous de 7,6% de la population active et depuis 20 ans, le taux de chômage des jeunes se situe autour de 25%. À l’inverse et de manière inattendue, plusieurs pays dits libéraux bénéficient aujourd’hui de relocalisations d’entreprises grâce à leur fiscalité attractive. C’est le cas depuis 2008 en Grande-Bretagne et en Amérique du Nord (gain net de 300.000 emplois industriels en 2010).

L’auteur livre également quelques données sur le classement des pays en termes de baisse des inégalités, de protection des plus faibles, de reconnaissance et de récompense des talents, d’accès à la justice et d’égalité des chances. D’après l’Institut pour une nouvelle économie sociale de marché, l’Allemagne et les Pays-Bas arrivent en 7ème rang ex-æquo en moyenne sur ces critères alors que la France n’apparait qu’à la 14ème position. Cette médiocrité se retrouve dans notre système éducatif et notre système de santé ; l’auteur montre, en décrivant les modèles étrangers, que l’on peut faire bien mieux avec moins.

Des Libéraux sans moyens et encore peu efficaces

Le peu de succès du libéralisme en France provient en grande partie d’un manque de moyens dont disposent les Libéraux pour défendre leurs idées. À la différence des États-Unis où les think tanks disposent depuis des décennies de moyens importants et où la société civile est vue comme un contre-pouvoir nécessaire, de telles structures sont inexistantes en France. L’auteur remarque par ailleurs que beaucoup de Libéraux français ont été et sont encore des universitaires, gardant des réflexes académiques, qui les rendent peu convaincants face à la presse ou aux hommes politiques.

À quand des think tanks puissants qui rendront enfin à l’entreprise, au travail et au talent leur juste place ?

 

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1 commenter

Jean-Xavier ROCHU juillet 10, 2014 - 9:44 am

L’obsession antilibérale française
Les membres du comité central du parti communiste chinois ont passé quelques 3 ans dans une entreprise quand nos serviteurs publics se sont contentés de quelques semaines et trop souvent dans des EPIC ou orientées vers les marchés publics.
A Taiwan, après 2 ou 3 années d’université, les étudiants doivent travailler. Après quelques mois, voire quelques années, ce sont ces entreprises qui financent la fin de leurs études.
En Amérique du Nord, les études sont aménagées pour que les étudiants puissent travailler et payer leurs études.
Nos formations ne sont-elles pas trop généreusement proposées? Si les étudiants payaient, ne seraient-ils plus réalistes quant aux débouchés et la qualité de l’enseignement?
N’y-a-t-il pas là d’énormes sources d’économies et de productivités pour les finances publiques de la France sans porter atteinte à la qualité des formations?

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