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De bons partis politiques sans bons économistes ?

par Bernard Zimmern
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Nombre d'entreprises par taille en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la France en 2009 (France = 100% pour chaque catégorie)

Les grands partis politiques sont en train de s’étriller en prévision des prochaines élections régionales et surtout en vue de la présidentielle de 2017, en nous parlant de rassemblement, de menace créée par le succès de l’autre parti ; les campagnes politiques sont devenues des jeux d’ombres où chacun cherche à cacher l’autre mais où l’on chercherait vainement l’esquisse d’un programme économique capable d’amener notre redressement.

Ne parlons pas du parti au pouvoir ; il est certes encourageant de voir des jeunes socialistes essayer de se sortir des vieilles chimères et de tenter en France un socialisme renouvelé à la Tony Blair. Tout en se demandant si c’est possible lorsqu’on voit un Tony Blair, millionnaire, revenir au secours du leader du Labour, Ed. Miliband, dont la campagne pourtant ressort toutes les vieilles lunes socialistes. À voir les résistances qui ont accompagné le projet pourtant plus que mesuré qui a agité les sphères politiques il y a quelques semaines en France, et ont forcé le gouvernement à passer d’un texte avec une centaine d’articles à plus de 200 pour tenter d’accommoder ses opposants internes (y compris un amendement permettant aux départements d’outre-mer de modeler leurs jours de congés pour s’adapter aux mœurs –et religions ?- locales), on peut se demander si le chômage a des chances des régresser malgré une embellie internationale annoncée.
Mais le plus grave n’est pas que le parti socialiste au pouvoir n’ait pas fait les politiques qu’auraient dû mener ses adversaires, c’est que ses adversaires ne savent toujours pas quelles politiques économiques ils devront mener s’ils reviennent au pouvoir.

Et, dans une certaine mesure, on peut les excuser, car pour qu’un parti propose de bonnes politiques, encore faut-il que les économistes qui le conseillent aient eux-mêmes les bonnes idées.

Or, l’expérience de 2007 n’a pas été très concluante sur ce point.
Se rappelle-t-on que les remèdes proposés à l’époque étaient la fusion des régimes d’embauche, CDD et CDI en un seul (nous n’avons jamais eu de réponse au pourquoi), la fusion de l’ANPE avec les ASSEDIC (qui ont amené à fusionner un organisme qui marchait encore assez bien avec le désastre que nous dénonçons depuis 20 ans, qui ne sert qu’à faire tourner les chômeurs et aux politiciens à s’abriter derrière un organisme d’État pour cacher leur impuissance : l’ANPE ?) Ou, un peu plus tard, de supprimer les publicités payantes sur les chaînes de télévision publiques ? Et nous oublions certainement les plus croustillantes qui ont été emportées par le vent de l’histoire.

C’est d’ailleurs un des traits de l’évolution des partis que des mesures précises soient mises dans les programmes. La force des leaders de parti sous la troisième et la quatrième république n’était pas leur capacité à proposer les bonnes mesures mais à formuler les bons rêves, à nous présenter leur programme, non par les moyens à mettre en œuvre mais par les résultats : plus d’égalité, plus de justice, augmenter le pouvoir d’achat, avoir une défense forte, etc.

L’art d’un leader politique est de savoir par son discours nous faire croire que ce qui est en fait des vœux pieux, les anglophones disent un « wishfull thinking », est l’action qu’il va mener.

Pour le retour au plein emploi, nous en sommes à peu près au même point, non seulement de la gauche qui n’a jamais su, car son rôle à elle n’est pas de créer de la richesse mais de la distribuer, mais de la droite qui n’a jamais su non plus comment on créait de vrais emplois et pas seulement des fictions, et qui depuis 2002 n’a jamais su que copier la gauche en créant des petits boulots. Rappelons la SARL à 1 euro de Renaud Dutreil, l’aide à la personne de Jean-Louis Borloo dont les rapports de la Cour des comptes montrent que les emplois créés se chiffrent seulement en quelques dizaines de milliers et ont coûté extrêmement cher, etc.

Pourtant, n’importe quel économiste pourrait se demander pourquoi toute la chaîne des entreprises françaises est atteinte de nanisme, pourquoi malgré les milliards qu’a dépensé l’État à travers la Caisse des Dépôts ou Oséo, maintenant la BPI, nos entreprises françaises restent naines, que nous ne voyons pas, non seulement la création d’entreprises et d’emplois nouveaux sombrer à des niveaux (rappelons 26.000 entreprises employeuses et 100.000 emplois créés en France contre 200.000 et 500.000 au Royaume-Uni) qui traduisent l’absence de toute politique ou même la haine de toute création, mais que les PME ne parviennent pas à grossir, que les ETI en nombre et en volume en sont restées depuis 20 ans à peu près au même niveau, c’est-à-dire à moins de la moitié de l’Allemagne ? Malgré la loi de François Fillon reconnaissant le titre officiel d’ETI ? Malgré encore une fois les campagnes menées et les milliards d’argent public dépensés par l’État pour lutter contre ce nanisme ?

La réponse sera certainement que l’État n’a pas fait assez, qu’il aurait fallu investir plus.

La réponse sera certainement qu’il faudrait plus d’aides et d’interventions.

Errare humanum est, perseverare diabolicum : L’erreur est humaine, mais persister dans l’erreur par arrogance, c’est diabolique (wikipedia).

Il intéresse certainement nos hommes ou femmes politiques de gagner les élections, mais il intéresserait encore plus leurs électeurs qu’ils sachent s’entourer d’économistes capables de leur indiquer les voies qui permettent de créer des entreprises championnes de croissance, pas seulement des zombies.

Nombre d'entreprises par taille en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la France en 2009 (France = 100% pour chaque catégorie)

Nombre d’entreprises par taille en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la France en 2009 (France = 100% pour chaque catégorie)

 

Nombre d'entreprises par taille en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la France en 2009 (France = 100% pour chaque catégorie)
Nombre d'entreprises par taille en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la France en 2009 (France = 100% pour chaque catégorie)
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5 commentaires

reLLeopold Sax avril 15, 2015 - 6:02 pm

Rendons à César…
La maxime latine est l'oeuvre de Saint Augustin ( dans ses Sermons) . Rendons à César ce qui est à César
( Jesus Christ et non wikipedia!)
Mais excellent article quand même!!

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Jacques de Guenin avril 15, 2015 - 6:30 pm

Un livre novateur et fondamentalement utile dont il faut aider la diffusion
"Il intéresse certainement nos hommes ou femmes politiques de gagner les élections, mais il intéresserait encore plus leurs électeurs qu’ils sachent s’entourer d’économistes capables de leur indiquer les voies qui permettent de créer des entreprises championnes de croissance, pas seulement des zombies" dites-vous.
Il existe aujourd'hui un, ou plutôt une économiste qui indique ces voies : c'est celle dont vous avez su découvrir les talents : Agnès Verdier-Molinier.
Son livre "On va dans le mur" est extraordinairement précis et concret et il mérite que tous ceux qui l'ont lu en fassent l'éloge. J'espère que vous contribuerez à sa diffusion par un prochain article.
Amitiés
Jacques de Guenin

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Valérie avril 17, 2015 - 5:51 pm

Un livre novateur et fondamentalement utile dont il faut aider la diffusion
Cher Ami, nous en avons déjà fait l’éloge sur le site – http://www.emploi-2017.org/agnes-verdier-molinie-on-va-dans-le-mur,a0425.html
BZ

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François sestieres avril 16, 2015 - 12:41 am

Pourquoi les allemands créé de l'emploi?
Le pragmatisme allemand à permis de créer et maintenir un tissus de PME familiales de taille respectable ( 500 à 1000 salariés au moins ) pendant que la France s'est évertué à tuer par la fiscalité toutes les entreprises familiales en ponctionnant par une fiscalité confiscatoire leurs moyens au quotidien, mais en plus en obligeant les familles propriétaires à vendre à l'étranger par une fiscalité dissuasive de transmission…les grosses PME familiales étant le meilleur amortisseur de crise et le meilleur potentiel de croissance de l.emploi,les allemands ont fait en sorte qu'elles perdurent et se développent pendant que la France faisait tout pour les détruire ….on voit aujourd'hui.hui le résultat….

Bien sur cela n'est pas le seul élément de décrochage de la France, cela serait trop facile, mais il est certain qu'il compte significativement dans la balance….

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Pr.Jacques Garello avril 16, 2015 - 11:16 am

Pression de la société civile
l
Il serait bon que tous les instituts, associations, think tank et autres se joignent pour faire une démarche commune auprès de l'UMP (maintenant "Républicains" et de l'UDI pour leur rappeler le principe que vous évoquez : pas de confiance sans programme, pas de programme sans expertise économique, pas d'expertise sans économistes.
Comme disait Bastiat 'il y a trop de grands hommes". Sarko annonce la fin des "courants" au sein de son nouveau parti, ce qui veut dire qu'il n'y aura aucun courant libéral et qu'on obéira au doigt et à l'œil au candidat de droit divin.
La nullité est la vraie "valeur républicaine" aujourd'hui
Amitiés

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