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Quelques autres faiblesses de l’économie française

par Bernard Biedermann
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Les faiblesses de l’économie française les plus souvent citées sont, le déficit commercial, le déficit public élevé et le manque d’investissement dans la recherche et l’innovation. Il y en a en fait plusieurs autres. Dans cet article il est proposé de faire un point rapide sur d’autres faiblesses qui se sont développées depuis plusieurs décennies et qui ne pourront probablement être corrigées que sur le long terme.

Un taux de marge global le plus faible d’Europe

La part de l’EBE (Excédent Brut d’Exploitation) français dans la Valeur Ajoutée en 2021 est la plus faible d’Europe. La France se situe au 25ième rang avec un taux de 34,26 % alors que le taux moyen des 25 pays est de 41,12 %. A l’exception de quelques pays comme la Grèce ou l’Irlande, ce taux est relativement stable dans le temps. Les causes de ce mauvais classement sont bien connues : Coût du travail élevé (la France se situe au 23ieme rang sur 27 pays de l’UE), impôts, taxes, normes, qui sont  inclus dans les Consommations Intermédiaires et  impactent donc l’EBE avant ses impôts, et un niveau de productivité qui stagne. Le positionnement de la France en fin de classement doit être considéré comme un facteur de risque en cas de forte récession ou de crise importante. S’y ajoute le fait que la répartition statistique de l’EBE en fonction de la taille des entreprises n’est pas homogène. Ceci explique le taux de faillite élevé d’un grand nombre de PME qui serait dû au fait que pour les PME, les possibilités de réduire la part relative de certaines taxes est plus difficile que pour les grandes entreprises. Globalement, cette situation de marges relativement faibles peut expliquer un niveau insuffisant des investissements et des innovations. Par ailleurs, dans le contexte actuel nécessitant une diminution des dépenses de l’État, il est difficile d’imaginer une politique économique de dépenses visant une relance de l’investissement.

 Des inadéquations dans le marché du travail

Ces inadéquations se traduisent par le fait que plus de la moitié des entreprises n’arrivent pas à recruter des profils dont elles ont besoin au quotidien ou pour lancer des nouveaux projets d’investissement. Ces inadéquations résultent du fait que, depuis longtemps, l’Éducation Nationale anticipe mal les nouvelles tendances des emplois et métiers et ne modifie que lentement les cycles d’études proposés aux jeunes générations. De plus, celles-ci ont du mal à choisir un avenir professionnel réaliste du fait d’un manque de conseils d’orientation actualisés. Où placer la responsabilité des choix de formations, dans le public ou dans le privé, est clairement posé.

Des pratiques de management de faible productivité

L’Express du 12 juin 2025 a publié le dossier « Les folies du management à la française » comprenant plusieurs articles qui remettent en cause la qualité du management dans les entreprises françaises. Il se caractérise par trop de verticalité et un à deux niveaux hiérarchiques de plus que dans les entreprises allemandes ou anglaises, ce qui crée une distance hiérarchique pénalisante. De plus, on constate, peu de marges de manœuvre, des injonctions contradictoires, un manque de motivation, un excès de valorisation des diplômes dans lequel, « tout ce qui est technique, tout ce qui relève de l’ingénierie, est nettement plus valorisé que les formations au management ». Cet environnement se caractérise par un esprit peu participatif, souvent brutal, voire conflictuel. On se pose alors la question du bien- être au travail, du niveau de stress et de la fidélisation à l’entreprise. « Pour ce qui est de la productivité, des employés plus heureux sont plus performants, plus efficaces et obtiennent de meilleurs résultats », (George Ward Insead). Plusieurs études ont analysé ces tendances dans le secteur privé, mais pas dans nos administrations dans lesquelles l’amélioration de la productivité semble de plus en plus nécessaire et possible, grâce aux nouvelles technologies.

Une politique économique de réduction des dépenses sur le long terme

Les prochains budgets devront intégrer des réductions des dépenses de l’État et auront du mal à permettre des politiques économiques de relance de la consommation et de l’investissement comme cela se faisait depuis des décennies. On peut également craindre une hausse des taux d’intérêt qui contribuerait à réduire l’attractivité de la France au niveau international. Seraient également fortement concernés, les éventuels programmes de réindustrialisation, plus coûteux et plus compliqués que ne le pensent ceux qui les souhaitent, car les projets opérationnels de relocalisation se caractérisent par une forte complexité multifactorielle : choix du mode de production, incertitude bancaire,  nouvelle gestion logistique, modifications des produits, nouvelle distribution, localisation  et procédures géographiques, nécessité de recrutement de travailleurs immigrés et concurrence européenne sur les coûts du travail…(Voir: www://theoreco.com/macroeconomie-mondialisation/relocalisation-reindustrialisation-1214.html)

Des retards en matière de recherches, d’innovations et de nouvelles visions

Trop de visions de l’avenir découlent d’extrapolations d’évènements et de tendances du passé. A l’exception des industries qui offrent des produits industriels constituant des fortes  dépendances techniques dans les productions localisées en France, la plupart des futures industries ne seront probablement pas des entreprises relocalisées. Il s’agira plutôt de nouvelles entreprises issues de l’innovation, qui devrait être une préoccupation beaucoup plus importante et mieux liée à la recherche. Il faudra également espérer leur croissance sur le long terme sans rachat par des plus grandes sociétés étrangères.

Pour les décideurs politiques, un tel contexte aussi complexe se traduit par de grandes difficultés à prendre des décisions simples. L’éventuelle adoption de la taxe ZUCMAN devrait  détériorer encore la situation !

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3 commentaires

zelecron septembre 20, 2025 - 5:59 pm

les politiques font les yeux doux aux nouveaux industriels et se moquent des difficultés artificielles qu’ils leur imposent, cette sale engeance n’est pas faite pour créer des richesses mais carrément pour les détruire. Résoudre le gigantesque problème des migrants serait bien plus opportun que de fourrer leurs sales pattes dans l’industrie.

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zelectron septembre 20, 2025 - 7:27 pm

ceci vient de la toute puissance des fonctionnaires du fait de leur nombre ahurissant au détriment des entreprises et des travailleurs . . . . il faut revenir à la solution de ne par embaucher de fonctionnaires pendant un temps d’un an ! et recommencer l’expérience tant que les effets ne seront pas visibles !

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Eplf IRDEME septembre 22, 2025 - 5:10 am

Effets Positifs ou effets négatifs? Depuis longtemps Le problème est celui de la création insuffisante d’emplois pour toutes les personnes en âge de travailler. Ne pas embaucher ne suffit pas si l’on ne facilite pas la création d’emplois productifs.

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