Le patron de Carrefour Alexandre Bompard, a écrit le 20 novembre au syndicat agricole majoritaire français FNSEA pour signifier sa solidarité avec les agriculteurs et « prendre l’engagement » que Carrefour « ne commercialisera aucune viande en provenance du Mercosur ». Il était précisé que la raison en était le « risque de débordement sur le marché français d’une production de viande ne respectant pas ses exigences et ses normes ».
Aïe ! Le PDG avait oublié (?!) que Carrefour possède au Brésil (et aussi en Argentine), une très ancienne implantation de magasins (plusieurs centaines) et qu’il y a réalisé le quart (21 milliards d’euros) de son chiffre d’affaires en 2023.
Les éleveurs du Brésil, suivis par le gouverneur du Mato Grosso et le ministre de l’agriculture n’ont pas mis plus de 48 heures pour réagir : « Si le Brésil ne peut pas vous vendre de la viande, alors vous non plus vous ne vendrez pas de produits français ».
Et voici M. Bompard immédiatement contraint de faire marche arrière. Il écrit au ministre brésilien: « Si la communication de Carrefour en France a causé une confusion et a été interprétée comme une remise en cause de notre partenariat avec l’agriculture brésilienne, nous nous en excusons ». Et il ajoute, mangeant son chapeau jusqu’au ruban :
« Nous savons que l’agriculture brésilienne fournit une viande [qui se caractérise par] sa haute qualité, son respect des normes et sa saveur ».
« L’incident est clos », a déclaré par la suite à Brasilia le ministre Favaro, évoquant une « attitude intempestive du PDG de Carrefour » qui a été « rectifiée à temps ». Et d’ajouter que ce dernier « s’est rétracté sur le point le plus important, quand il dit que le Brésil respecte les normes ». Ouf !
« Haute qualité, respect des normes et saveur », le PDG de Carrefour n’a pas ménagé ses compliments adressés à la viande brésilienne. Mais on peut se demander ce qu’en pensent les éleveurs français, et ce que comprendront les citoyens français, après notamment le vote à très grande majorité de l’Assemblée pour rejeter le traité du Mercosur, pour des raisons censées fondées sur le non-respect des normes.
En tout cas, voici la France bien ridiculisée dans ses contradictions, dans sa faiblesse politique et dans son impuissance à faire prévaloir un intérêt général. Oui, quel gâchis !
Et pendant ce temps-là, les agriculteurs français bloquent les routes et saccagent les préfectures en se plaignant – pacifiquement disent-ils – des normes françaises (voir les monceaux de papiers et d’immondices déversés et les pneus brûlés) et d’une concurrence étrangère qui n’est en vérité « qu’européenne ».
2 commentaires
Accepter le mercosur serait très douloureux pour certains de nos paysans. Quel est le coût de reporter son application pour que les paysans, les fonctionnaires français et européens trouvent un chemin d’adaptation pour les secteurs faibles de notre agriculture ?
A Rome conduit toi comme les romains, au Brésil Carrefour se conduit comme un brésilien ! ! et donc il n’y a pas lieu de se rétracter.