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Les riches 200 fois plus riches que les pauvres ?

par Bernard Zimmern
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« Les 10% les mieux dotés ont au moins 552.300 euros de patrimoine brut et détiennent près de la moitié de la masse totale de celui-ci. [..] Les 10% de ménages les moins dotés détiennent chacun moins de 2.700 euros de patrimoine et collectivement moins de 0,1% de la masse totale. »

Extrait du résumé d’une enquête de 2011 de l’INSEE sur le patrimoine des Français[[http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1380]], ce passage est l’un des premiers à sortir lorsque l’on va sur Google. Les plus riches possèderaient au moins 200 fois plus de patrimoine que les plus pauvres.

La vérité est que ce rapport n’est pas de 200 mais de 9.

Comment l’INSEE, repris par l’Observatoire des Inégalités (auquel appartiennent un certain nombre de membres de l’INSEE) parvient-il à réussir cette mystification statistique ?

La première mystification est de faire des comparaisons sans prendre en compte l’âge.
Or, il est évident qu’un ménage qui atteint les 60 ans a forcément plus de patrimoine qu’un jeune qui débute dans la vie et n’a souvent qu’un jean, une paire de baskets et … une petite amie- ou un petit ami.

Si l’on prend en compte l’âge, le patrimoine net moyen est multiplié par 10 entre les moins de 30 ans et les 60 à 69 ans : de 35.000 euros à 350.000

La deuxième mystification est de ne pas compter dans le patrimoine ce qui est considéré par la plupart des ménages comme l’essentiel : les retraites. La plupart des ménages n’ont en effet que très peu de biens matériels, n’ayant souvent pas économisé, sauf pour s’acheter un logement, et ils comptent pour leurs vieux jours sur leur retraite. C’est l’une des raisons pour lesquelles le changement de l’âge de départ en retraite s’est toujours heurté politiquement à une telle résistance et n’a pu être mis en place dans d’autres pays qu’en déplaçant l’âge de la retraite pour ceux qui commencent leur carrière, mais pas pour ceux qui la terminent.

Si l’on regarde les chiffres tels que donnés par l’INSEE pour les 60-69 ans, la différence entre le premier décile[[Le premier décile est le patrimoine au-dessous duquel se situent 10 % des ménages.]] et le neuvième décile[[Le neuvième décile est le patrimoine au-dessous duquel se situent 90 % des ménages.]] est énorme : les 10% plus pauvres ont au mieux 4.300 euros de patrimoine, tandis que les 10% plus riches en ont plus de 720.000, soit 167 fois plus.

Mais si l’on corrige ce patrimoine en ajoutant le patrimoine que constituent les retraites actualisées, le résultat est tout autre.

Les 10% les plus pauvres gagnent au moins le minimum vieillesse, soit 9.500 euros nets par an. Les 10% plus riches gagnent autour de 30.000 euros nets de retraites par an. Une personne ayant entre 60 et 69 ans a en moyenne 20 ans à vivre d’après les tables de mortalité, ce qui permet de calculer ce que représente le total des retraites espérées, en utilisant un taux d’actualisation[[Taux qui permet de déterminer la valeur à aujourd’hui des flux d’argent qui se produiront dans le futur.]] de 5%[[ Nous avons pris un taux élevé par prudence. Un taux un plus faible renforcerait encore nos résultats.
Les taux d’actualisation de l’INSEE dans son enquête d’évaluation globale des retraites en 2006 étaient de 2%, 3% et 4% (plusieurs scénarios envisagés). Voir « Les engagements implicites des systèmes de retraite », L’économie française, 2006.]] sur les indemnités de retraites à percevoir.

Le rapport inter-décile de patrimoine passe de 167 (données INSEE) à 9 (données corrigées). Le tableau suivant donne le détail des montants :

Patrimoine brut des ménages dont la personne de référence a entre 60 et 69 ans :
Patrimoine matériel moyen 60-69 ans (données INSEE) Patrimoine y compris retraites 60-69 ans (calculés)
Décile 1 4 300 122 442
Décile 9 720 000 1 093 866
Rapport inter-décile 167 9

Mais ces résultats ne tiennent pas compte des autres prestations sociales en espèces et en nature qui sont également perçues, autre facteur considérable de réduction des inégalités, puisque le coût annuel des prestations sociales hors retraites atteint aujourd’hui un montant presque équivalent au coût annuel des retraites. Il viendrait encore réduire le ratio.

 

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5 commentaires

ponine juin 17, 2013 - 11:04 am

Les riches 200 fois plus riches que les pauvres ?
confondre patrimoine et revenu , stock et flux, c’est comme si tu confondais bilan et compte d’exploitation!! mon cher Bernard est ce bien sérieux?
bien amicalement

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Bernard Zimmern juin 19, 2013 - 12:42 am

Les riches 200 fois plus riches que les pauvres ?
Il s’agissait bien de stock (patrimoines), pas de flux (revenus). BZ

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Philippe septembre 8, 2013 - 9:46 pm

Les riches 200 fois plus riches que les pauvres ?
confusion revenu/patrimoine tout à fait contestable
Même si on veut bien l’accepter, faudrait-il alors ne pas limiter la transformation de revenus en patrimoine à ceux de la retraite mais intégrer tous les revenus à venir : loyers perçus, revenus mobiliers…. Le montant de la colonne de droite du décile 9 va remonter en flèche, étant donné que nous sommes dans une période où rien que le revenu des biens immobiliers peut rapporter plus que le travail (on approche vite le montant du Smic pour se loger dans la region parisienne) , sans compter la plus-value.
On peut démontrer n’importe quoi sans un minimum de rigueur.

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Dominique septembre 10, 2013 - 10:53 am

Les riches 200 fois plus riches que les pauvres ?
En réalité le patrimoine estimé par l’INSEE comprend déjà les loyers perçus et les revenus mobiliers puisqu’il intègre le patrimoine immobilier et mobilier.

En effet, de quoi se compose la valeur d’un bien mobilier ou immobilier ? Dans l’immense majorité des cas ce patrimoine est détenu en « pleine propriété ». Il se compose donc de la valeur de la nue propriété (droit de vendre et de donner le bien) et de la valeur de l’usufruit (droit d’utiliser le bien et d’en percevoir le revenu). Ainsi, les loyers futurs et les dividendes sont pris en compte dans l’estimation de la valeur d’un bien. La preuve en est que si vous ne détenez que la nue propriété d’un immeuble (privation temporaire du droit d’user et de jouir du bien) la valeur de revente du bien est diminuée proportionnellement à la durée de vie de celui qui en est usufruitier. A l’inverse, un droit d’usufruit a lui aussi une valeur calculable et il est cessible.

Dans le cas des retraites, il n’y a pas de droit de nue propriété : le retraité ou futur retraité n’est pas propriétaire d’un sous jacent produisant les pensions de retraite et qu’il pourrait vendre ou donner. C’est pour cela d’ailleurs que la retraite n’apparait pas dans le patrimoine. Mais ces droits ont une valeur d’usufruit : le cotisant a le droit de percevoir ces pensions de retraites dont il pourra disposer librement. Il est donc logique d’actualiser la valeur des versements auquel le cotisant a droit et de les réintégrer dans le patrimoine.

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Paul avril 15, 2014 - 7:24 am

Les riches 200 fois plus riches que les pauvres ?
« Confusion revenu/patrimoine tout à fait contestable »
« confondre patrimoine et revenu , stock et flux »

C’est vous qui ne maitrisez pas les concepts de valeur actuelle nette et d’actualisation

Potassez internet, les formulites francaises font leurs ages

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