Notre nouveau premier ministre, dans son discours de politique générale du 1er octobre dernier, aurait du placer les députés devant l’alternative suivante : redresser notre économie ou bien laisser le FMI nous placer sous tutelle. Vu l’état dans lequel se trouve notre économie il n’avait pas d’autre discours à tenir.
Au lieu de cela, il a tergiversé, indiquant qu’il allait se consacrer aux cinq chantiers suivants :
- Le niveau de vie des Français ;
- L’accès à des services publics de qualité ;
- La sécurité au quotidien ;
- La maîtrise de l’immigration ;
- La Fraternité.
Avec le climat qui règne à l’Assemblée ses marges de manœuvre sont extrêmement étroites et dans aucun de ces domaines il ne va disposer de la moindre liberté pour agir. Il n’y a qu’un thème sur lequel on lui reconnaîtra le droit d’agir : le redressement de notre économie, et encore faudra-t-il qu’il rappelle aux députés la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Cela fait maintenant cinquante ans que les divers gouvernants qui se sont succédés ont recouru chaque année à la dette pour faire fonctionner l’économie du pays et permettre aux Français d’accéder à un niveau de vie satisfaisant. Le problème, pour Michel Barnier, est que l’on en est parvenu au point où il n’est plus possible de recourir à cet expédient : on ne peut pas aller plus loin en matière de dette. Le FMI s’inquiète de notre situation et les grandes agences de notation s’apprêtent à nous faire reculer, à nouveau, d’un cran dans leurs notations ; et, de son côté, la Commission Européenne, à Bruxelles, nous met sous contrôle.
Il va donc falloir rappeler aux députés de la nation la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Un niveau de vie en avance sur le développement économique du pays :
L’INSEE a publié en 2020 une étude sur les niveaux de vie en Europe. On y voit que la France se trouve placée en 6ème position, alors que de par son PIB/tête notre pays se situe seulement au 14e rang en Europe. Si l’on effectue une corrélation entre les niveaux de vie des pays et les PIB/capita l’équation de la droite de corrélation indique que nous nous situons à 17,6 % au dessus du niveau de richesse de notre pays. Nous sommes un pays où le niveau de vie est bien supérieur à ce que l’économie est capable de produire, d’où la nécessité de recourir chaque année à l’endettement. Et l’on trouve donc, là, la raison pour laquelle notre dette augmente régulièrement, chaque année.
Une économie extrêmement dégradée :
Ce recours régulier à la dette vient de ce que notre économie est extrêmement dégradée : tous les clignotants sont au rouge.
- Nos dépenses publiques, en pourcentage du PIB, sont les plus élevées de tous les pays européens, et
- il en est de même de nos prélèvements obligatoires,
- la balance commerciale du pays est en permanence déficitaire et ce déficit va en s’aggravant,
- le taux de chômage est constamment supérieur à celui de nos voisins, et
- notre pays a un secteur industriel sinistré qui fait de la France le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce mise à part.
- Quant à notre dette, elle est maintenant supérieure au PIB en sorte qu’avec les conditions nouvelles du marché son coût est en passe de devenir le poste le plus important du budget de la nation.
La raison explicative se trouve dans l’orientation qu’a pris le syndicalisme français, au début du siècle dernier, en adoptant ce qui s’est appelé la « Charte d’Amiens ». Les congressistes ont opté pour un syndicalisme qui se fixe pour objectif « l’expropriation capitaliste », c’est-à-dire un syndicalisme révolutionnaire, et notre économie s’en est très vivement ressentie. Il a fallu que le patronat, ainsi que nos gouvernants, fassent avec cette charte qui s’est inscrite dans l’ADN du syndicalisme français. Chez nos voisins il n’en a pas été ainsi : en Allemagne la collaboration avec la Social-démocratie a permis de déboucher sur la cogestion des entreprises, et en Suisse il y a eu, en 1937, le fameux accord « La paix dans le travail » d’où il a résulté qu’il n’y a plus jamais eu de grève dans ce pays. Avec la Charte d’Amiens le climat social en France a toujours été très dégradé : dans le classement mondial « Doing Business » de la BIRD, nous venons, d’ailleurs, en 32e position seulement, juste devant la Turquie et l’Azerbaïdjan.
Le tableau ci-dessous indique où nous en sommes en matière d’avantages sociaux :
Les acquis sociaux
France | Allemagne | Danemark | Suisse | |
Taux pop. active | 46,7 % | 53,4 % | 53,0 % | 55,7 % |
Durée vie active | 35,6 ans | 38,4 ans | 36,9 ans | 42,4 ans |
Heures travail/an | 1670 h | 1850 h | 1750 h | 1831 h |
Dépenses sociales ( En % du PIB) | 33,4 % | 30,6 % | 29,4 % | 26,6 % |
Il nous manque environ 5 millions de personnes au travail, et on les voit inscrites à « France Travail », l’organisme qui a pris le relais de « Pôle Emploi ».
La durée de la vie active est bien inférieure, chez nous, à celle des autres pays, et le nombre d’heures travaillées dans l’année est beaucoup plus faible que chez nos voisins. Quant à nos dépenses sociales, elles sont bien plus élevées que partout ailleurs.
Le redressement de l’économie :
Notre nouveau gouvernement doit donc se fixer comme priorité le redressement de notre économie, et cela exige que l’on reconstitue notre secteur industriel. C’est, des trois secteurs qui composent toute économie, celui qui est le plus générateur de richesse car c’est celui où le progrès technique progresse le plus rapidement : et c’est par l’effet du progrès technique qu’augmentent les salaires.
L’industrie joue un rôle essentiel dans la dynamique de croissance des pays, et c’est ce qu’a montré Charles Gave, dans la revue de l’Institut des Libertés, un institut suisse, avec le graphique suivant :
Il s’agirait donc que Michel Barnier se focalise, fondamentalement, sur la reconstitution de notre secteur industriel pour tirer vers le haut notre économie. Mais même en s’attelant très vigoureusement à cette tâche, cela va demander des années.
Il va falloir, en attendant, procéder à de très fortes réductions des dépenses publiques, aussi bien de fonctionnement que sociales, et cela va avoir des conséquences sur le niveau de vie des Français.
Charles Gave, dans un article de sa revue en date du 21 octobre 2024, nous dit : « Monsieur Barnier n’a rien compris, donc il va échouer ». Ce serait très préjudiciable pour notre pays : la Commission Européenne, à Bruxelles, lui demande de réduire drastiquement nos dépenses publiques, et les Français, de leur côté, attendent de lui qu’il redresse notre économie.
Il faut bien voir que s’il ne s’attelle pas à cette double tâche, ce sera un jour la Troïka FMI, BCE, Commission Européenne qui interviendra, et elle le fera avec la plus extrême brutalité.
L’exemple de la Grèce est là pour nous éclairer. Elle en était arrivée à une dette de 177% du PIB : il y eut, avec l’intervention de la Troïka en 2010 une réduction des dépenses publiques de 30 %, une baisse des salaires de 15 %, et un abaissement des dépenses de santé de 40%. Il s’en suivit une série de suicides et une augmentation de la mortalité des nourrissons.
L’exemple de la Grèce est là pour nous instruire, et il serait bon que les médias entreprennent d’éclairer utilement nos concitoyens.
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Il n’y a pas de majorité, à vue normale, pour diminuer fortement les dépenses « publiques » qui sont les revenus de millions de gens, et pas que les inactifs. Par exemple, la fraude secu-santé est estimée à 50 milliards. Elle nourrit tout le système médical…
Le problème est de booster le taux d’emploi, à la fois pour des recettes augmentées et des redistributions plus faibles et des impôts réduits.
La création d’emploi en France est freinée par toute un ensemble de raisons, notamment la faible rentabilité sur capitaux propres des entreprises PME et ETI.
Quelle est la ressource abondante pour aider les entreprises en croissance à grandir plus vite ? Les millions de disponibles et qui reçoivent des ressources de la collectivité.
La solution radicale ? autoriser sous certaines règles, les entreprises en croissance à accueillir des disponibles volontaires pour les former sur le tas, en travaillant à coté de leurs salariés de qualité, sans leur payer autre chose que leurs frais, la collectivité leur laissant, comme en formation, leurs diverses indemnités.