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Sandrine Rousseau et le droit à la paresse

par Claude Sicard
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Graphique correlation PIB/capita et degré de bonheur

La nécessaire réforme des retraites que veut effectuer Emmanuel Macron suscite la colère de la société : les Français selon le dernier sondage Erabe pour BFM-TV sont contre à 66 %, et ce taux s’élève même à 75 % chez les 35-64 ans. Cette réforme est pourtant nécessaire puisque notre rapport entre actifs et inactifs se détériore et que l’espérance de vie ne cesse de progresser. L’âge de départ à la retraite est partout bien plus tardif que chez nous. Nous en sommes à 62 ans alors qu’il s’agit, dans les autres pays, de 65 ans, voire comme c’est le cas de l’Italie et du Danemark de 67 ans. Tous les leaders syndicaux se sont accordés pour s’opposer aux mesures que compte prendre le gouvernement d’Elizabeth Borne et ils ont décidé, pour se faire entendre, de bloquer le pays.

(Article paru sur Contrepoints le 27 janvier 2023)

Et parmi les opposants les plus farouches se trouvent les écologistes de la NUPES. Aussi l’une des figures de proue d’Ecologie les Verts, Sandrine Rousseau, bien connue pour son activisme et ses prises de position renversantes, mène le combat. Interrogée sur LCI, le mardi 17 janvier dernier, elle a justifié son opposition à un rallongement de la période active des Français par des arguments stupéfiants. Elle a expliqué que « plus on travaille, plus on pollue la planète » : elle est donc pour une réduction à 32 heures de la durée du travail hebdomadaire, et une semaine de quatre jours. Et elle plaide pour un nouveau droit : le droit à la paresse. Cette députée de la 9 circonscription de Paris est une extrémiste gauchisante, farouchement opposée au capitalisme. Dans son interview elle s’est expliquée, disant : « Ils veulent nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans ? Au nom de quoi ? Au nom du productivisme et de la croissance. Ils nous demandent de passer notre vie à développer une croissance qui nous mène dans le mur… Notre vie vaut mieux que quelques points de PIB ». C’est une dogmatique de la décroissance et elle considère que le PIB n’est pas un bon indicateur du bien-être.

Il nous faut donc rétablir quelque peu la vérité et rectifier les inepties propagées par cette khmère verte de l’écologie, une personne qui est diplômée d’économie et vice-présidente de l’Université de Lille, où elle enseigne.

L’Ecologie : une nouvelle religion

L’écologie est une nouvelle religion qui structure la modernité politique. Elle a ses croyances, ses vérités : elle est partout,  et plus une seule décision économique ou sociale n’est prise sans être passée au tamis de ses conséquences environnementales. Elle veut nous éviter l’apocalypse : il en va du salut du monde, nous dit-elle. Elle a, en la jeune scandinave Greta Thunberg, sa nouvelle Jeanne d’Arc. L’activité humaine est sur le banc des accusés : « on vous a confié le jardin d’Eden, et qu’en avez-vous fait ? ». Le coupable, c’est le monde économique mû par le profit.

On se trouve, là, comme c’est le cas avec toutes les idéologies, dans le domaine de la sensibilité et pas dans celui de la raison. Sandrine Rousseau ne revendique pas être une adepte de la raison. On se souvient qu’elle avait déclaré, en 2021, dans une interview pour Charlie Hebdo : « Le monde crève de trop de rationalité… Je préfère des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR ». L’Américain Michael Schellenberger, un ancien militant écologiste, en est revenu, et dans son ouvrage Apocalypse zéro (l’Artilleur, en 2021) il appelle ses anciens amis au calme, et il leur dit : « Attendez avant de vous suicider »

L’appel à la paresse de Sandrine Rousseau

La revendication de Sandrine Rousseau concernant la réduction de la durée du travail est une aberration, car la France est déjà en Europe, et elle parait l’ignorer, le pays où l’on travaille le moins, comme le montre le tableau ci-dessous.

Comparaison France-Pays scandinaves-Suisse
France Pays scandinaves Suisse
Taux de Pop. Active 45,9 % 50%-55% 57%
Durée vie active 35,6 ans 41,0 ans 42,4 ans
Heures travail/an 1.402h 1.562h 1.831h
Durée hebdo. travail 35 h 37-38 h 45-50 h
Taux de chômage 7,5 % 3,2-6,4% 2,2 %
Jours grève/1.000 114 j Très faible 1 j

On note, dans le cas de la France, un taux de population active anormalement bas, ce qui signifie pas suffisamment de gens qui travaillent, une durée de vie active plus courte que dans les autres pays, un nombre d’heures travaillées par an inférieur à ce qu’il est dans les pays du Nord ou la Suisse, et une propension à recourir à la grève qui est particulièrement élevée : le nombre de jours perdus pour fait de grève est beaucoup plus élevé que partout ailleurs. Il manque à la France, pour le moins, 4 millions de personnes au travail, et encore compte-t-on dans la population dite active les chômeurs sensés rechercher activement un emploi. Les personnes qui ne sont pas au travail sont portées par la communauté nationale : elles sont à la charge des membres actifs de la société. On notera qu’à fin octobre 2022 il y avait, à Pôle Emploi, l’organisme qui, en France, gère les chômeurs, 6.198.310 inscrits, toutes catégories confondues (A.B,C,D et E) . Les catégories A, B, et C, qui sont celles des chômeurs tenus de procéder à des actes positifs de recherche d’emploi, représentaient un effectif de 5.153.00 personnes, à la fin du troisième trimètre 2022.

Il en résulte, pour notre pays, des performances économiques désastreuses : le pays ne créant pas suffisamment de richesses, a un PIB/capita venant en onzième position seulement, en Europe, et ses dépense sociales sont bien supérieures à celles des autres pays. Les prélèvements obligatoires n’étant jamais suffisants l’Etat s’endette chaque année un peu plus, ce qui fait que la dette extérieure de pays a fini par dépasser le PIB.

Le tableau ci-dessous présente une comparaison avec les pays scandinaves et la Suisse, des pays qui ont des économies dynamiques et en équilibre :

Comparaison France-Pays scandinaves-Suisse
PIB/capita Dette/PIB Dép.Soc/PIB
(US) (En %) (En %)
France 43.659 113,5% 59,2 %
Finlande 53.654 72,4 % 54,9%
Suède 61.025 42,0% 50,2 %
Danemark 68.007 33,2 % 51,0 %
Norvège 89.154 36,2 % 18,0 %
Suisse 91.991 42,4% 17,5 %

On voit donc que la proposition de Sandrine Rousseau de travailler moins ne peut que conduire à un abaissement accru du niveau de vie des Français, mais cette éventualité s’inscrit parfaitement dans la philosophie déclinante de cette militante écologiste.

Les points de PIB ne font pas le bonheur, selon Sandrine Rousseau

Sandrine Rousseau est contre le capitalisme industriel car il conduit, dit-elle, à la « destruction environnementale ». Et dans la même plaidoirie elle s’en prend au patriarcat. Le système capitaliste, dit elle, s’est nourri de « trois prédations majeures », qu’elle désigne comme étant : « le corps des personnes noires, celui des femmes, et la nature ». Il va nous falloir, nous dit cette activiste écolo, « revoir en profondeur le système économique et social, pour le mettre au service du climat et de la justice sociale ».

En tant qu’économiste qui enseigne à l’Université de Lille et à l’Institut d’Etudes politiques de cette ville, elle parait oublier que c’est le capitalisme qui jusqu’ici s’est montré le système le plus efficace dans l’histoire des hommes pour créer de la richesse, et il existe une corrélation indéniable entre le niveau de richesse des habitants et leur sentiment de bien-être.

Chaque année, depuis maintenant 10 ans, l’ONU fait réaliser par l’Institut Gallup une vaste enquête dans 160 pays pour mesurer le bonheur des habitants, l’ONU encourageant les gouvernements à donner plus d‘importance qu’ils ne le font au bonheur et au bien-être de leur population. Le bonheur et mesuré par une échelle allant de 1 à 10, une échelle constituée par 10 barreaux, présentée aux personnes interrogées qui ont à se situer en allant du bas vers le haut, le denier échelon représentant le bonheur suprême. Les résultats donnés parla dernière enquête sont résumés ci-après :

World Happiness Report
Pays Degré de «happiness» PIB/capita ((US$)
Inde 3,78 2.253
Gabon 4,96 8.635
Grèce 5,95 20.192
Chili 6,17 16.265
Espagne 6,48 30.103
France 6,69 43.659
Allemagne 7,03 51.203
Australie 7,16 60.443
Norvège 7,37 89.143
Danemark 7,64 68.007

Le graphique ci-dessous illustre la corrélation très forte existant entre le bonheur et les niveaux de richesse des pays : il s’agit d’une enquête, on l’a compris, portant sur le bien-être subjectif.

Graphique correlation PIB/capita et degré de bonheur

Graphique correlation PIB/capita et degré de bonheur

La corrélation est excellente : la France, par exemple, est tout à fait sur la droite de corrélation.

Le rapport Gallup conclut : « People in richer coutries tend to be happier, and within all countries richer people tend to be happier ».

Sandrine Rousseau est de tous les combats : contre le machisme, contre les barbecues , contre la domination des hommes sur les femmes, contre le colonialisme, contre le capitalisme,… Elle considère que le sexisme et la destruction de l’environnement sont intimement liés. Elle a déclaré, en 2021, lors du débat de la primaire écologiste face à Yannick Jadot son concurrent : « Je vis avec un homme déconstruit et je suis très heureuse avec lui ». Elle a créé un nouveau mot : Androcène, un nouveau concept assez obscur. Il semblerait bien qu’elle se soit mise au diapason de son compagnon.

(Lire aussi : Faut-il (en)fermer Sandrine ROUSSEAU et Philippe MARTINEZ ?).

 

Graphique correlation PIB/capita et degré de bonheur
Graphique correlation PIB/capita et degré de bonheur
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1 commenter

moulin janvier 31, 2023 - 9:21 am

Intéressante mise en correspondance
Intéressante mise en correspondance entre le taux de chômage, le temps travaillé, le niveau de vie et le degré de bonheur exprimé . Cette synthèse pourrait bien devenir un collector. Merci à l’auteur, merci IRDEME.

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