En France, les think tanks libéraux comme les organismes professionnels peinent depuis des décennies à faire aboutir des réformes dont les exemples étrangers montrent l’évidence.
L’administration dont sont issus les membres des cabinets et nombre de députés a une vue colbertiste de l’économie ; ces derniers sont persuadés par leurs études théoriques d’avoir raison et de tout mieux savoir que la société civile.
Les propositions des think tanks sont basées sur l’idée que les citoyens d’un pays développé dans lequel l’éducation est obligatoire doivent être considérés comme responsables de leurs choix économiques et libres de les appliquer s’ils ne transgressent pas les règles de la vie en société.
A contrario, l’administration considère que le citoyen ne comprend pas les vrais besoins du pays et que l’État a le devoir non seulement de guider ses choix dans l’intérêt du pays mais aussi de le protéger contre la tentation de faire des choix dangereux pour lui-même !
Ainsi, par exemple, pour le financement en capital des entreprises de la nouvelle économie, après 4 ans d’essai d’une action étatique, les États-Unis ont instauré en 1956 une incitation fiscale qui confiait aux investisseurs privés la tâche de capitaliser et conseiller les jeunes pousses entrepreneuriales ; ainsi sont nées et se sont développées Google, Amazon, Twitter, etc. Il y a dix ans déjà, aux États-Unis, l’impôt sur les résultats des jeunes pousses ayant réussi rapportait trois fois le coût de l’incitation fiscale aux investisseurs.
Dans le même temps, la France a, pour ce faire, créé successivement près d’une dizaine d’organismes publics dont le dernier est la BPI. Certaines de ces structures seraient tombées en faillite si elles n’avaient pas été discrètement liquidées avec l’aide de la Caisse des Dépôts.
Lorsque les résultats de cette expérience de 50 ans étaient évoqués dans les cabinets, la réponse était catégorique : impossible, investir dans les start-ups est trop risqué pour inciter les épargnants à le faire tout seuls. Pour leur protection, le devoir de l’État est que ces investissements soient encadrés et sécurisés par l’administration !
Le dirigisme français a ainsi en commun avec le marxisme qu’il promet un paradis inaccessible et que chaque fois qu’un échec apparaît évident, c’est parce qu’on n’a pas été jusqu’au bout de l’application de la doctrine !
Pour le marxisme, nous avons vu la fin de l’URSS puis de Cuba et entendu les partisans de la doctrine répéter que le peuple avait eu tort d’arrêter l’expérience trop tôt, ce qui avait empêché d’arriver au succès promis.
Pour le dirigisme français, lorsqu’un échec devient évident, le remède proposé est… un supplément de dirigisme ! l’actuelle crise du logement locatif, annoncée de longue date par les professionnels en est un nouvel exemple :
-on constate depuis 1981 une étatisation rampante du logement par l’accumulation de contraintes administratives sur le secteur privé et une obligation légale d’augmenter le pourcentage de logements administrés.
-parmi les contraintes sur le privé, le maintien dans les lieux des locataires mauvais payeurs et même parfois des squatteurs, le blocage des loyers et dernièrement l’interdiction de louer les logements insuffisamment isolés,
-pour les logements administrés, le pourcentage minimum obligatoire de logements sociaux porté à 25% (Paris annonce 40%), la possibilité donnée aux préfets d’accorder des permis de construire à la place des maires et dernièrement le développement d’un secteur social intermédiaire accessible jusque 9.000€ de revenu mensuel.
– face à la baisse des offres locatives, il n’y a eu aucun retour en arrière sur les contraintes mais une suite de nouvelles mesures dirigistes pour obliger les propriétaires privés à louer quand même : la taxation des logements vacants, la prolongation autoritaire des baux en cas de vente d’immeuble pour empêcher les mises en copropriété d’immeubles locatifs (loi ALUR) et dernièrement des mesures punitives pour empêcher les locations touristiques (dites locations Airbnb).
Comme l’urgence climatique donne une nouvelle impulsion au dirigisme et que les effectifs de l’administration sont repartis à la hausse depuis 2012, la promotion de réformes libérales est de plus en plus un travail de Sisyphe ! Certains pourraient en tirer la leçon que ce sont les gilets jaunes et la CGT qui ont raison : pour obtenir une réforme, il est plus efficace de mettre le feu à une préfecture ou de bloquer les raffineries de pétrole !
2 commentaires
Belle liste déprimante
Belle liste déprimante
Le libéralisme à la peine : l’exemple du logement
Surtout quand s’y met le néo-libératisme* imprégné jusqu’au trognon de bolchévisme amalgamé au wokisme.
*qui n’a rien à voir avec le libéralisme.