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Inflation, croissance et déficits

par Gérard Dosogne
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Après les années 2020 et 2021 caractérisées par des taux d’intérêt négatifs ou nuls, un envol de la dette, un déficit budgétaire qui explose, sans (grosses) conséquences sur le quotidien des Français, voilà que l’inflation, longtemps oubliée, ou niée par nos brillants dirigeants de Bercy ou de Frankfort montre le bout du nez, … et un bout qui devrait nous inciter à réfléchir et inciter nos dirigeants (politiques ou gouverneurs de banque centrale) à commencer à anticiper le futur.

Le gouvernement français, roi de l’augmentation de la dette et des déficits, et notre président, pape du « quoi qu’il en coûte » ont tout intérêt au déni de ce retour de l’inflation à moins de 100 jours de l’élection présidentielle. Mais le statuquo monétaire pourrait-il tenir jusque-là au vu des signaux économiques européens et mondiaux ?
La lecture du tableau de l’inflation de chaque pays de la zone euro que vient de publier Eurostat (7 Janvier) devrait les inquiéter. Avec 5,7% en Allemagne, 6,4 % aux Pays-Bas, 6,5 en Belgique et 6,7 en Espagne, la pression sera très forte sur la BCE « de faire quelque chose » au vu aussi de la situation aux USA (6,8%). La France avec un chiffre de 3,4 % fait figure d’exception mais n’a pas répercuté la hausse de l’énergie (gaz) au consommateur. Est-ce une explication ?
Aux USA, les salaires ont subi la plus forte hausse (4,7%) depuis plusieurs décennies et le taux de chômage est tombé à 3,9%. Le manque de main d’œuvre se fait sentir dans tous les secteurs… et omicron amplifie la pénurie.
Tous les signaux indiquent une hausse progressive des taux d’intérêt mondiaux. Le Treasury Bond 10 ans US vient de remonter à 1,8 %… alors que la FED[[Banque Centrale américaine]] n’a pas encore mis en place ses mesures restrictives. Le Bund allemand à 10 ans est remonté à – 0,03 % (pratiquement 0) alors qu’il était à – 0,50 % il y a un an et – 0,40 % en décembre 2021 !
Quant au taux Français de l’OAT 10 ans, il est passé en quelques jours de 0% à + 0,3%.
Est-ce le début d’une remontée rapide des taux des obligations en euro ? Trop tôt pour le dire mais ma conviction est que cette hausse sera réelle avant la fin de cette année.
Il est à noter que Fipeco a calculé l’impact sur le service de la dette d’une hausse de 100 points de base (1%), soit environ 3 milliards la première année, augmentant au cours du temps. Un pour cent de hausse de l’inflation a également un impact sur le service de la dette de l’ordre de 3 milliards (OAT i indexés sur l’inflation France et OAT e sur l’inflation de la zone euro)
L’inflation ne va pouvoir pas pouvoir être contenue en France à un niveau inférieur à celui de la moyenne européenne, dont les prévisions sont pour 2022 de 4,2%[[ne fut-ce que par la répercussion inévitable de la hausse de l’énergie non seulement l’énergie consommée en direct par les consommateurs, mais l’impact sur les prix industriels des fabrications consommatrices d’énergie]]. Ceci sera intenable pour un maintien des salaires en général et particulièrement pour les métiers en tension et pour les agents du service public : dès que omicron aura fini son tour de piste, les syndicats devraient rapidement se réveiller pour demander des augmentations de salaires égales au niveau de l’inflation… Les dépenses de personnels de l’Etat en 2021 s’établissent à 135 milliards € (source IFRAP) et se gonflent chaque mois par l’annonce de primes et avantages divers… sans augmenter l’indice. Imaginons que, suite à des mouvements sociaux ou simplement pour préserver la paix sociale avant l’élection, l’indice soit augmenté de 3 ou 4%, soit environ 5 milliards par an qui viendront alourdir le déficit.
Avec une Allemagne qui va faire pression sur la BCE[[Banque Centrale Européenne]] pour augmenter les taux, et une inflation qui n’est « transitoire » que dans la tête de Christine Lagarde (ce qualificatif vient d’être retiré des « minutes » du la FED américaine), le déficit devrait s’alourdir. La croissance pourra-t-elle sauver les finances publiques ? Un peu sans doute, mais, omicron oblige, cette croissance ne sera sans doute pas suffisante pour contrer les forces financières puissantes en route.
Il y a même, comme le craint Nicolas Baverez, un risque de « stagflation » surtout si les blocages que l’on observe aujourd’hui dans l’économie persistent.
Bien entendu tout ceci n’est que prévision et est loin d’être certain… mais dans un pays où le principe de précaution est dans la constitution, il semble important de prendre les mesures préventives nécessaires et de s’attaquer fortement à la réduction du déficit budgétaire, et, j’ai failli l’oublier, du déficit commercial abyssal de la France.
Donc des mesures d’urgence (avec arrêt immédiat du « quoi qu’il en coûte »), la baisse drastiques (40 milliards min.) des impôts de production, l’allongement de la durée du travail, une baisse sérieuse des dépenses publiques, etc. Un gouvernement responsable doit rapidement l’annoncer et commencer à mettre en place ces mesures : bien entendu ces mesures ne pourront pas être effectives immédiatement et donc elles prendront un peu de temps à montrer leurs effets positifs, mais cela contribuera à rassurer les marchés et nos partenaires allemands.
Sinon… Croisons les doigts ! Ça va secouer !

 

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