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France : Deux fois plus de fonctionnaires que ses voisins !

par Alain Mathieu
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Le 15 novembre 2022 le gouvernement d’Élisabeth Borne annonçait qu’il faisait « le ménage dans la documentation budgétaire » : il supprimait cinq annexes au budget de l’État, dont une intitulée « rapport sur l’état de la fonction publique ». La dernière année où cette annexe budgétaire devait être publiée était donc 2021, pour le budget 2022.

On la retrouve sur Internet à « Jaune budgétaire 2022 fonction publique ». La figure V 1,1-1 de cette annexe donne les chiffres suivants : nombre de fonctionnaires en 2019 :19,8% de l’emploi total, soit 5,61 Millions ; emplois publics : 24,7%, soit 7 M.

La différence entre les 5,61 M et les 7 M s’explique par les emplois privés à financement public prépondérant, les emplois aidés et les emplois des entreprises et organismes publics dont les salariés ont un statut  proche de celui des fonctionnaires (enseignement supérieur et CNRS, Sécurité Sociale, France Travail, musées publics, etc). Le nombre de ces quasi-fonctionnaires distingue la France des autres pays européens.

Comparés à nos 24,7% de l’emploi total, qui ont augmenté depuis 2019 -sans que les Français et leurs députés en soient informés- nos voisins affichent  (https://fr.statista.com/infographie/30394/pourcentage-de-fonctionnaires-dans-emploi-total-par-pays-en-europe):

  • Espagne : 17% de l’emploi total ;
  • Italie : 14% ;
  • Suisse : 11% ;
  • Allemagne : 11% ;
  • Belgique : 18% ;
  • Pays-Bas : 12%. 

Quand on pondère ces chiffres par la population de chaque pays, on arrive à une moyenne pondérée de 13,4 % de l’emploi total, égale à 13,4/24,7 = 54 % du taux français.

Si la France avait le même nombre de fonctionnaires et quasi-fonctionnaires que la moyenne de ses voisins, ses dépenses publiques seraient réduites de 6 % du PIB, soit les 2/3 du surcroît de charges publiques auxquelles sont soumises ses entreprises, par comparaison à leurs concurrentes des pays voisins.

Ce surcroît explique pourquoi nos industries ont perdu depuis trente ans un tiers de leurs effectifs, il explique notre taux de chômage (le double des meilleurs européens) et la baisse de notre niveau de vie par rapport à de nombreux pays développés.

Les syndicats de fonctionnaires, suivis par la plupart des responsables politiques et des media, affirment qu’il est impossible de baisser nos effectifs de fonctionnaires, puisque « nous manquons de policiers, de magistrats, d’enseignants, etc ».

  • C’est parce qu’ils n’ont pas lu les deux rapports que la Cour des Comptes a consacrés à l’organisation du travail et au temps de travail des policiers, qui dénonçaient en vain l’inefficacité des tâches administratives auxquelles ils sont astreints et le régime de récupération des heures travaillées la nuit et le week-end, qui fait travailler nos policiers en moyenne 27 heures par semaine.
  • Dans les séquences judiciaires des films américains, un juge unique mène les débats avec compétence et autorité, tandis que dans les tribunaux français trop souvent les trois juges et les greffiers s’ennuient dans leur coin.
  • A l’étranger un professeur doit être présent au moins 40 heures par semaine dans son école (43 heures dans les collèges allemands) alors que les professeurs de lycées français ont une obligation de présence de 15 à 18 heures.

Dans de nombreuses autres administrations des baisses d’effectifs seraient possibles.

Des gouvernements de pays développés, à gauche (Justin Trudeau, Romano Prodi, Jean Chrétien) comme à droite (Margaret Thatcher, David Cameron) ont baissé leurs effectifs de fonctionnaires par un moyen simple et efficace : un gel temporaire des recrutements publics (pour la France, 450.000 par an).

D’autres gouvernements ont pour la même raison baissé leurs dépenses publiques, à gauche (Gerhard Schroeder, Goran Persson, Wim Kok) comme à droite (Charles de Gaulle, José Maria Aznar).

Mais en France la défense des intérêts des fonctionnaires, de leur nombre, de leur temps de travail, de leurs privilèges (retraites notamment) est un sujet sacré et les mots PRODUCTIVITE du secteur public, des termes inconnus ou incompréhensibles.

Il faut absolument que les Français ignorent la cause principale du déclin de leur pays.

C’est pourquoi Élisabeth Borne a « fait le ménage »

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4 commentaires

moulin février 14, 2025 - 1:08 pm

Selon des dirigeants ayant dirigé à la fois des entités fonctionnaires et des entreprises, les trois différences qui expliquent que les fonctionnaires deviennent un boulet sont :
1/. qu’il n’y a pas de ligne hiérarchique (chacun est géré par son corps et ses syndicats),
2/. que le concept d’amélioration permanente de la productivité, impératif dans les entreprises, est totalement tabou et,
3/. que la satisfaction « client » passe après tout ce qui concerne le personnel.

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zelectron mars 3, 2025 - 5:46 am

2 fois plus, c’est gentil ! 2,5 serait plus exact, mais ne chipotons pas le cumul des sommes y consacrées à cette armée de parasites est effrayant : au delà de 7000 milliards d’€uros en 2 générations !

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Banville mars 15, 2025 - 12:42 pm

Tant que l’usine de fabrication de fonctionnaires ne sera pas fermée, vous l’avez compris je veux parlé de l’ENA, pardon INSP, la production de fonctionnaires continuera.
Sarah Knafo (issue de l’ENA) disait, elle même, de cette école, que les fonctionnaire de Bercy font de la légistique en grande quantité… => Normes
Mr Bruno Lemaire disait en 2016: Il est temps de supprimer l’ENA. Elle a rempli son office pendant des années, formé des fonctionnaires de grande qualité. Mais nous entrons dans un monde nouveau : celui des entrepreneurs, de la créativité, de l’innovation (…). L’ENA sera supprimée et remplacée par une école d’application (…) à laquelle les hauts fonctionnaires les plus méritants pourront avoir accès au bout de dix ans, pour leur permettre de franchir une nouvelle étape dans leur carrière professionnelle », promet le candidat.
Il a pris un coup de règle sur les doigts par ces congénères et a rétropédalé. Nous étions en période d’élection du président de la République…
Bien évidemment il faudra fonder une nouvelle école; c’est un autre sujet

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NewTonE mars 15, 2025 - 5:26 pm

« sans que les Français et leurs députés en soient informés » ??? Il ne fait effectivement aucun doute que les salariés du secteur privé ne sont pas informés. Quoiqu’ils représentent la majorité des électeurs, ils sont les dindons de la farce mise en scène depuis 1981, par les Fonctionnaires et les syndicats, dont le seul objectif est de défendre et d’accroitre les privilèges des fonctionnaires et autres salariés du secteur public. Tant que les salariés du privé n’auront pas compris qu’ils ne travaillent que pour engraisser la caste fonctionnaire ( en nombre, et en privilèges dont le niveau des retraites est le plus évident et facile à chiffrer), rien ne changera en France. Mais, depuis plus de 40 ans, aucun élu, d’aucun parti politique n’a entrepris de faire connaître la situation d’apartheid social établi en France par ce fameux statut. Pourquoi ? plusieurs réponses possibles à cette question , pour ce qui concerne les députés (et sénateurs, et leaders syndicaux): 1 ) Ils ignorent réellement ces inégalités ( C’est bien malheureux d’être représentés par des individus inscrits à des Partis aussi ignorants de la situation réelle du pays.. ) ; 2) Ils sont en majorité issus du bon côté de l’apartheid et n’ont pas le moindre envie de « travailler » puis « retraiter » dans les mêmes conditions que le bas-peuple , le nouveau-tiers-etat; 3) pour les candidats aux élections qui ne font pas encore partie de la « caste », ils ont bien compris en quoi consiste le  » pacte social » français, et que le meilleurs moyen pour vivre et vieillir bien et à ne rien faire ( ou si peu) , est de se faire élire. Comme en 1789, l’ « ordre » nouveau-tiers-etat n’arrêtera de supporter les les 2 autres ( les fonctionnaires, et les élus ) sur ses épaules que le jour où les non statutaires enverront une majorité à l’Assemblée Nationale. Pour n’en sortir qu’après abolition des privilèges et application des mêmes droits et devoirs à tous les salariés de France.

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