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A la recherche d’une majorité perdue … les retraites

par Yves Buchsenschutz
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Nous vivons une époque formidable ! Parmi les promesses électorales que quasiment tous les partis « d’opposition » ont faites, en bonne place, il y a l’abandon de l’aménagement de notre système de retraite. En effet, parmi les slogans qui ont fait particulièrement recette seule peut-être la hausse du SMIC a eu un succès équivalent.

Pour mémoire, nous vivons désormais dans un système internationalement assez largement ouvert (et nous en profitons largement). Il a par contre une conséquence induite, mal perçue semble-t-il par la plupart de nos concitoyens, qui est la nécessité d’avoir des règles proches sinon communes avec nos partenaires sous peine de satellisation financière de type grec (en cours par la CEE pour la France !)

Nous aurons certainement l’occasion de reparler du SMIC, ce jour, nous voudrions d’abord aborder celui des retraites, lequel relève d’abord de chacun d’entre nous puisqu’il s’agit de savoir individuellement et collectivement comment nous allons répartir notre travail et le revenu correspondant tout au long de notre vie, alors que celle-ci est composée de phases successives mélangeant activité et repos ou assistanat.

Les paramètres de cette question sont nombreux mais il y en a tout de même deux principaux :

Le premier est la durée de vie « active » par rapport à la vie tout court de chaque individu. Chacun sait que l’entrée dans la vie active recule au fur et à mesure que les études se complexifient et s’allongent. Chacun sait également que l’espérance de vie a considérablement augmenté et dépasse aujourd’hui pour les hommes comme pour les femmes les 80 ans ! On sait même que les années gagnées par tout un chacun sont bien souvent plus coûteuses pour la collectivité du fait de l’âge avancé des retraités et souvent d’un état de santé dégradé.

Le tableau ci-dessous, tiré d’alternatives économiques, publication qui ne peut pas être taxée de libérale, montre la diminution du temps « actif » de chacun d’entre nous. Il est complètement illusoire de penser que nous allons avoir un fonctionnement économique qui permette de diminuer systématiquement le temps de travail d’une vie complète alors que la durée de vie globale augmente.

La plupart des pays comparables ont d’ailleurs aménagé les différents seuils de départ à la retraite pour intégrer cette nouvelle durée de vie et gardent en réserve des aménagements possibles au cas où cet équilibre fragile se trouverait sous risque.

Un enfant du primaire comprendrait facilement que vivant plus longtemps et démarrant plus tard dans la vie active, il partira un peu plus tard à la retraite que son père ou son grand-père. C’est le vieux problème des robinets !

Le deuxième paramètre lourd est l’évolution démographique des pays « développés » Tous ces pays sans exception assistent à une décroissance du taux de fécondité de la population caractérisé par une baisse des naissances. La France qui était jusqu’il y a encore quelques années une rescapée sur ce sujet, a rejoint le peloton et nous sommes passés désormais largement en dessous de deux enfants par femme ce qui signifie à terme (et hors migration) une baisse du taux de remplacement de la population et, en conséquence un poids mathématiquement croissant sur les actifs en diminution progressive. Certes, le progrès technique devrait probablement permettre une continuation de la diminution historique continue  du temps de travail. Encore faut-il qu’elles se produise effectivement et que les divers pays s’alignent peu ou prou sur la gestion de cette décroissance. Le résultat est direct dans les systèmes par répartition, mais pas très différente à long terme dans ceux par capitalisation : si la population disparaît, il est probable que le capital s’enfuit également.

Si donc, les Français veulent à tout prix préserver un âge peu élevé de départ à la retraite, il faudrait …

  • Hors les solutions miracles du type du déficit et de la dette, (déjà excessives et contestées), des impôts et prélèvements divers (France déjà Médaille d’Or) ;
  • Qu’ils acceptent un traitement du chômage encore plus efficace : nous avons au moins 3 % encore d’inactifs en capacité de travailler à mettre au travail ;
  • Qu’ ils s’activent massivement pour produire des enfants qui seront les actifs cotisants de demain. Mais attention, l’élevage d’un enfant a aussi un coût !  

Reste la solution de l’immigration, laquelle pose d’autres problèmes, mal vécus en général par ce que l’on pourrait appeler désormais « les natifs » et sur lequel nous reviendrons car il fait également partie des sujets prioritaires de préoccupations des Français.

En conclusion, on a du mal à comprendre, si ce n’est par démagogie électorale primaire, que nos concitoyens résistent avec une telle opiniâtreté à l’aménagement des régimes de retraite au fur et à mesure de la prolongation de la durée de vie. Ceci est un problème technique qui devrait effectivement pouvoir faire l’objet d’un « pacte d’action » entre les différentes tendances de l’échiquier politique.

 L’AVANCEMENT DE LA CHENILLE DE LA VIE … ET SON FINANCEMENT

Préparer l’avenir proche est impératif et nous devons rapidement remettre le système à l’équilibre :

  • Pas raisonnable d’augmenter les cotisations ni des actifs ni des entreprises ;
  • Maintenir au moins le niveau de vie des actifs et des pensionnés (ces derniers ont déjà été « adaptés » de 1 % par an environ depuis une décennie ;
  • Chômage : continuer l’effort sur la réduction du chômage, surtout via l’industrialisation ; c’est un gain double : cotisations supplémentaires et allocations reportées ;
  • Fermer progressivement les régimes spéciaux, hyper coûteux. (clause des 6 mois de référence en priorité) ;
  • Santé : aligner au moins nos services administratifs sur les meilleurs disant (France 35 % Allemagne 25 !) Arrêter les cadeaux gadgets types préservatifs ;
  • Augmenter l’âge progressivement (vers 65ans) mais en parallèle la durée de cotisation (vers 43 ans) ;
  • Introduire de vigoureuses incitations pour les entreprises à ne pas se débarrasser des vieux dès avant 60 ans, et donner à ces anciens la formation nécessaire pour faire évoluer leurs compétences avec leur faculté de travail, y compris éventuellement leur temps de travail et leur rémunération, comme en Allemagne ;
  • Pénibilité : encadrer sérieusement cette clause qui devient un échappatoire  fourre-tout (quelle définition ? Physique ? Psychique ? …) Au demeurant déjà rémunérée dans les évaluations de poste et coefficients, conventions collectives etc. ;
  • Introduire une clause de révision automatique en fonction de l’évolution de la durée de vie.

Préparer l’avenir à moyen terme

  • Natalité : remettre en place une politique volontariste en lien avec l’immigration et l’assimilation – intégration ;
  • Introduire progressivement une dose de capitalisation ;
  • Faire fonctionner correctement un système d’évaluation annuel surveillant l’équilibre impératif ;
  • Demander aux syndicats de devenir co-constructifs et pragmatiques et aux Français d’ouvrir les yeux, il y aurait encore le développement durable à réaliser ;
  • Rendre plus rentables et équitable le cumul emploi-retraite et les cotisations personnelles. Travailler plus longtemps devrait toujours être un choix gagnant.

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2 commentaires

Yves Montenay septembre 21, 2024 - 9:33 am

Ça fait plaisir de voir un article largement démographique sur la question des retraites. Pour ne pas trop répéter mes commentaires précédents, la question des retraites n’est pas financière, elle est purement « de production », c’est-à-dire fonction du nombre d’actifs et de leur durée de travail. Toutes les solutions financières, y compris, la retraite par par capitalisation, ne sont pas adapté au problème.
Argumentation plus complète sur Google (Yves Montenay retraites)

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moulin septembre 23, 2024 - 2:11 pm

Comme rappelé régulièrement par Jean-Pascal Beauffret (https://www.commentaire.fr/les-trois-singes-et-les-finances-publiques/ payant) , la moitié du déficit public français provient de versements retraites qui ne sont pas couverts par des cotisations. Il faudra réduire les retraites tant que bcp plus de monde ne travaillera pas plus. Le taux d’emploi français des personnes en capacités de travailler est trop bas. Il nous faut trouver des solutions pour que les personnes en bonne santé aient envie et la possiblité de travailler aussi longtemps qu’elles le souhaitent. Il y a des tas de jobs qui peuvent être tenus jusqu’à 75 voire 80 ans.

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