Le Monde publiait le 6 juillet un article déplorant les suppressions de postes à venir dans différents secteurs : l’automobile, la métallurgie, le textile, l’agroalimentaire, etc. : au total 60.000 emplois au moins sont menacés de disparaître. Avec en conclusion l’évocation d’une possible interdiction des licenciements abusifs. Mais cette interdiction ne constituerait pas une solution durable et masque le vrai problème : le manque de création d’emploi en France. Les licenciements font malheureusement partie du processus naturel de renouvellement des entreprises.
Les licenciements constituent un phénomène plus ou moins inéluctable. Chaque année, le flux des demandeurs d’emploi, du fait de licenciements dans les catégories A, B, C, se situe de manière « habituelle » autour de 700.000 (données Dares). Et ce chiffre ne comptabilise qu’une partie des licenciements puisqu’il ne prend pas en compte les personnes licenciées ayant retrouvé du travail dans l’intervalle de leur préavis de licenciement, ni les personnes licenciées parties en pré-retraite, ni les personnes licenciées qui ne se sont pas inscrites à Pôle Emploi.
Vouloir limiter les licenciements part d’un bon sentiment, mais plutôt que de s’évertuer à sauver des entreprises qui sont condamnées à plus ou moins brève échéance, il faut favoriser l’émergence de pépites. Dans les années 1980-1990 à Milwaukee, l’entreprise Allis-Chalmers qui employait 20.000 personnes a totalement disparu. Pourtant, en 1990 le taux de chômage dans la ville était de seulement 4%. Cette ville a vu naître une multitude de petites entreprises qui ont absorbé sans difficulté les milliers de personnes licenciées. Ces start-up ont permis le remplacement d’un symbole de la rustbelt sinistrée par une nouvelle économie. David Birch l’a montré : les grandes entreprises sont destructrices nettes d’emplois. Ce sont les petites entreprises qui créent de l’emploi.
On voit aujourd’hui que les banques sont plus que frileuses pour financer les petites entreprises. On voit également toutes les limites des financements sur fonds publics. Pourquoi l’intérêt du gouvernement ne se porte-t-il pas plus sur les possibilités de financement des entreprises par les business angels ?
Le sommet social a totalement occulté cette question pourtant primordiale. De même, les 22 commissaires au Redressement productif nommés par Arnaud Montebourg auront pour charge d’aider les entreprises en difficulté de moins de 400 salariés, mais la question de la création d’entreprises semble encore une fois être mise de côté.