Les chiens truffiers, clé de l’investissement dans les créations d’entreprises.
Un mystère: des divers rapports publiés dans les années antérieures à 2008, il ressort que le rendement financier des investissements par les Business Angels anglo-saxons est d’environ 25% par an, similaire à celui du « venture-capital ». Alors que celui des fonds de capital-risque français, couvrant l’amorçage et les premiers développements, est voisin de zéro, sinon négatif.
Une explication de cet écart de performance figurait dans un rapport sur les Business Angels canadiens. Ce rapport [[tableau 2 b http://strategis.ic.gc.ca/epic/site/sme_fdi-prf_pme.nsf/fr/02003f.html]] suggérait que 70% des investisseurs canadiens étaient eux-mêmes des chefs d’entreprise actifs. C’était leur expérience comme entrepreneurs qui leur donnait une sorte de sixième sens pour séparer les projets capables de réussir, des autres. En jargon, ce sont les « chiens truffiers » de la création d’entreprise. Alors que l’un des grands défauts du capital-risque français est qu’il est essentiellement géré par des financiers, qui jugent un projet d’entreprise sur des bilans ou des business plans et sont rarement des entrepreneurs d’expérience comme Marc Simoncini ou Xavier Niel.
Nous avions essayé de les faire entrer dans la gestion du FNA, le Fonds National d’Amorçage, un fonds de 400 millions (portés depuis à 600 millions) créé dans le cadre du Grand Emprunt. Sans succès. Rejet par René Ricol, le commissaire au Grand Emprunt.
Les résultats français d’avant 2008 déjà désastreux.
Le futur de la BPI (la Banque Publique d’Investissement) et de l’emploi s’annonce encore plus sombre. Dans le dispositif français des années 2005-2008 du financement des gazelles, figurait encore le secteur privé.
Alors qu’il a virtuellement disparu depuis l’arrivée des socialistes au pouvoir.
Pourtant, les investisseurs français n’ont pas été capables d’égaler et de loin, la performance des investisseurs britanniques.
Outre les montants absolus investis dans les gazelles, le facteur important est l’efficacité de l’investissement. À cet égard, les investisseurs français sont beaucoup plus mauvais que les anglais. Si l’on prend l’ensemble des entreprises de 10 salariés ou plus existantes en 2005 et qu’on examine leur croissance entre 2005 et 2008, on s’aperçoit que les entreprises françaises gazelles sont moins capitalisées par entreprise en 2005 que les entreprises non-gazelles alors que c’est l’inverse au Royaume-Uni.
On rappelle que les entreprises décomptées dans nos calculs sont nées entre 2001 et 2005, avaient toutes 10 salariés ou plus en 2005 et ont vu leurs effectifs croître de plus de 72% entre 2005 et 2008 pour les gazelles, de moins de 72% pour les non-gazelles.
. | France | Royaume-Uni | ||
Gazelles | Non gazelles | Gazelles | Non gazelles | |
Nombre d’entreprises | 1 445 | 16 458 | 2 856 | 22 206 |
Capital social à la création | 605 463 492 | 11 210 507 209 | 888 001 132 | 5 304 750 727 |
par entreprise | 418 959 | 681 156 | 310 872 | 238 888 |
Capital social en 2005 | 955 456 766 | 15 918 320 628 | 2 574 891 647 | 16 192 582 447 |
par entreprise | 661 142 | 967 205 | 901 421 | 729 198 |
Capital social en 2008 | 1 966 296 774 | 17 579 316 129 | 6 793 694 396 | 22 711 106 535 |
par entreprise | 1 360 607 | 1 068 128 | 2 378 344 | 1 022 746 |
Pour lire ce tableau,
– Les non-gazelles sont les entreprises qui, comme les gazelles, ont au moins 10 salariés en 2005 mais ont une croissance de 2005 à 2008 en effectifs inférieure à 72%, voire négative.
– Les chiffres de capital social incluent les primes d’émission.
L’écart entre le capital social investi entre gazelles et non-gazelles se creuse jusqu’à atteindre plus du double au Royaume-Uni alors que le capital social moyen d’une gazelle française ne parvient à excéder celui des non-gazelles qu’à la fin de 2008.
Ceci se reflète dans le pourcentage des capitaux sociaux investis dans les gazelles par rapport au total gazelles – non-gazelles : il est de 23% au Royaume-Uni contre 10% en France, un taux de succès plus de 2 fois plus élevé.
L’analyse des capitaux investis par salarié donne des écarts similaires.
France | Royaume-Uni | |||
Gazelles | Non gazelles | Gazelles | Non gazelles | |
Capital social à la création | 48 516 | 48 919 | 14 889 | 4 857 |
Capital social en 2005 | 26 147 | 30 273 | 21 789 | 9 334 |
Capital social en 2008 | 21 264 | 35 495 | 22 149 | 15 355 |
Il n’y a pas de différence entre les gazelles et les non-gazelles en termes de capitaux investis par salarié en France. Au Royaume-Uni, c’est 3 fois plus de capitaux mis par salarié dans les gazelles.
Au bout des 3 ans de croissance rapide de notre échantillon (2005-2008), le capital-social investi par salarié dans une gazelle anglaise et française est comparable, mais les Français ont gâché leur argent dans des non-gazelles, beaucoup plus financées par emploi alors que les Britanniques ont au contraire sous financé proportionnellement les non-gazelles.
Investisseurs ineffectifs ou système fiscal débile ? (À suivre).