Il va devenir nécessaire que la prochaine génération, se fasse doter d’un cerveau annexe par l’intelligence artificielle afin de pouvoir suivre les méandres du monde dans lequel nous devons naviguer désormais. Rien n’est simple et tout se complique !
À tout seigneur tout honneur, commençons par les retraites. Dans le cadre d’une mise à niveau équitable et juste, une partie des Français a vu sa retraite augmentée de 4 % au mois d’août (en principe s’ils faisaient partie des faibles revenus) mais aussi les fonctionnaires, et assimilés quel que soit leur grade et leur niveau de revenus ( ?). Quant aux 13 millions de salariés du privé dont la retraite est complétée par l’AGIRC-ARRCO, ils ont dû se contenter de la mise à niveau de la CNAV. Mais cela ne fait rien puisque le président a dit que « les retraites » seraient globalement augmentées de 4 % au mois d’août, circulez, il n’y a rien à voir ! Au demeurant pas la plus petite information de la part de l’organisme de gestion ou des services de l’État. On apprend simplement maintenant que les négociations traditionnelles du mois de novembre redémarrent et se présenteraient plutôt bien pour une augmentation comprise entre 4 et 5 % ! Aucune allusion au rattrapage de l’inflation de l’année où à la composition des instances de discussion qui comprendront bientôt tout le monde à l’exception, tout de même remarquable, des seuls retraités. Même les associations de défenses (Sauvegarde des retraites, Contribuables Associés etc..) ont purement et simplement ignoré le sujet.
Reste le chapitre deux, qui est la réforme générale des retraites à laquelle notre président semble beaucoup tenir : deux axes : l’âge de départ et la durée de cotisation d’un côté et les régimes spéciaux de l’autre. Nous ne savions pas quand nous avons commencé à travailler qu’il fallait commencer par se faire embaucher à EDF ou à la SNCF ou comme aiguilleurs du ciel : l’herbe y est tout de même plus verte mais la complexité du système rend le choix délicat … Cerise sur le gâteau, notre état boulimique produit de la dette aussi vite que les impôts et l’on commence à se demander quand et comment on pourrait imaginer de rembourser tout cela. D’aucun battent leur coulpe en expliquant que c’est un cadeau empoisonné à nos enfants et petits-enfants. Heureusement tout de même que leurs grands-parents ont construit la tour Eiffel, le viaduc de Millau, les réseaux autoroutiers et TGV et quelques centrales nucléaires qui facilitent quelque peu leur agréable vie d’héritiers.
Le sujet suivant me paraît être la fiscalité. Pour se faire élire, le président en titre avait inventé d’abord la suppression de la taxe d’habitation et vient d’y rajouter celle de la télévision. La taxe d’habitation n’a été supprimée que sur la résidence principale et encore de manière modulée. Il faut constater tout d’abord que c’est une idée assez bizarre car elle consiste à expliquer à tous, que les services communs de la cité ne coûtent rien ! Monsieur le maire rien, l’éclairage rien, les trottoirs rien etc… en termes éducatif et gestionnaire c’est une attitude particulièrement intéressante. Une fois de plus on peut tout demander et tout dégrader sans conséquence personnelle. Mais les banlieues flambent ! La deuxième conséquence est la survie des résidences dites secondaires : l’État a décidé que vous pouviez vous payer le tour du monde ou acheter un tableau mais pas disposer d’une résidence secondaire. Gageons que cela va améliorer la crise du logement. Troisième conséquence : les mairies ont vu leurs ressources propres, donc leur indépendance, diminuer fortement. On peut parier qu’il y aura report sur les services de l’État, création de postes de fonctionnaires et augmentation des impôts. En attendant ces derniers ont transféré une partie du manque à gagner sur la taxe foncière dont nous venons de découvrir une augmentation dans le petit village varois de Saint Mandrier de 18,9 %, avec un budget non dépensé de 20% en 2021, reporté. Marseille et Nantes sont largement battus : qui dit mieux ? Nous ne disposons pas encore des taxes d’habitation maintenues pour les résidences secondaires pour 2022 mais gageons que nous aurons encore quelques surprises. Au total et en parallèle, le métier de propriétaire-bailleur va devenir une œuvre de charité.
Sur la taxe télévision pas de commentaire particulier sauf l’indépendance partielle peut être des chaînes de l’État.
Sur l’IFI et l’IRPP, la saga revient au grand galop. Sur l’IFI d’abord, la transformation de l’ISF a semble-t-il à peu près fonctionné même si les investisseurs ne se précipitent pas encore en France surtout pour les projets importants : la méga usine de batteries de Monsieur Musk va s’installer à Berlin et le groupe cimentier Lafarge – Holcim, s’appelle désormais Holcim et le siège est en Suisse ! On commence de plus à s’interroger sur l’intégration nouvelle de l’inflation dans ses règles : il se racontait lors de la dernière révision que les seuils correspondaient par hasard à certaine villa d’homme et de femme politiques dans le sud de la France. Il semble à voir l’immobilisme des chiffres qu’elle ne prend aucune valeur avec le temps.
Mais là où le jeu commence à être vraiment intéressant, c’est sur l’IRPP. Monsieur Darmanin nous avait promis un système plus simple et « contemporain » (pour ceux qui n’auraient pas compris, adaptable très rapidement et en temps réel). Le résultat est que nous recevons en début d’année un taux de prélèvement prévisionnel et un acompte de 60 % de nos déductions probables (sur une base historique modulable). Nous faisons ensuite au mois de juin nos déclarations, puis nous recevons au mois d’aout- septembre le calcul des services fiscaux avec les compléments de déduction le cas échéant ou un ajustement. En parallèle nous pouvons être taxé tous les mois sur des revenus locatifs dont je n’ai pas réussi à savoir comment se faisait le calcul. Car au milieu de tout cela le nombre de cases susceptibles d’être utilisées dans une déclaration qui ne se limite pas à reporter son salaire, commence à ressembler à un capharnaüm. Tous les ans d’ailleurs le volume de renseignements demandés augmente, quitte, pour simplifier, à demander de conserver les traces mais sans les envoyer car Internet ne le supporterait pas (ni les armoires des impôts peut-être). Il commence à devenir très difficile de gérer ses impôts sans l’aide d’un spécialiste (cela va créer des emplois) et nous nous occupons de l’IRPP entre trois et quatre fois par an au minimum au lieu d’une autrefois. Bravo.
Là-dessus vient se greffer malheureusement l’inflation. Nous venons de vivre quelques années sinon sans inflation mais avec des inflations faibles. Surprise, cela peut exister. Ceux d’entre nous qui ont démarré leur vie d’adulte dans les années 70 peuvent en parler en connaissance de cause. Dévaluation, prêt à plus de 10 %, hausse des prix générale et incontrôlée …. C’est une histoire assez récente pour être encore dans notre mémoire. Avec le système « contemporain » pondu par notre administration, il devrait être enfantin d’intégrer cette nouvelle variable dans le système et par exemple de relever les seuils du niveau de l’inflation et ceci en temps réel, pour les impôts que nous payons en 2022 ! Pour le moment, nous entendons que l’on en tiendra compte mais plutôt pour un peu plus tard ? De qui se moque-t-on ? Le dernier avatar est la possibilité de payer son aide-ménagère en partie directement et en partie via l’administration. Cela ressemble encore à une simplification du Sapeur CamemMaire. Nous avions un système pas extraordinaire mais qui fonctionnait assez bien (une des qualités reconnues de l’administration française était de savoir lever l’impôt). Nous l’avons échangé contre un système bien plus complexe, plutôt un peu bancal et qui va oublier, comme par hasard que l’inflation flambe.
Je n’évoquerai même pas l’ensemble des primes diverses distribuées de toutes parts le plus souvent hors fiscalité et qui rendent tout ce système totalement illisible, ce qui en régime démocratique peut être assimilé pour le moins à des inégalités criantes de traitement.
La liste des sujets et des traitements incompréhensibles est longue : l’énergie, la dette, le nombre de fonctionnaires, le commerce extérieur, le nouveau budget … On se demande parfois s’il y a un pilote dans l’avion. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
3 commentaires
Rentrée musclée : Gribouille a encore frappé
Excellent article à faire circuler
Rentrée musclée : Gribouille a encore frappé
Cher Yves,
et comment fait-on pour fabriquer des plus-values issues de manufactures ou agro-agri-industries, peut-être en créant instantanément ex-nihilo de grands groupes, structures, grands établissements, entités, groupements, grandes entreprises, avec auparavant un appareil administratif pléthorique ayant envisagé toutes les options (même et y compris les plus incongrues) pour mieux gérer (et pressurer) tout ça, (institutions, organismes liés [intimement] avec le fisc).
Vous savez comme moi que ce sont les petits ruisseau qui font les grandes rivières et jamais l’inverse (y compris le ruissellement). Hors l’état français comporte en son seing un nombre conséquent de hauts fonctionnaires hautement rémunérés qui préfèrent traiter un dossier d’un milliard d’€uros plutôt que 1000 d’un million: là est le mal absolu ! les PME/PMI/ETI sont complètement oubliées dans cette vision de gigantisme (inepte).
L’agriculture se meure et rien n’y fait au contraire l’organisation du marché permet de les écraser à bon copte par les kyrielles de parasites-sangsues qui les côtoient.
Ah! j’oubliais il va sans dire qu’il est nécessaire de court-circuiter les banques et autres « organisses » et de permettre aux petites entreprises de choisir d’attribuer les sommes requises à leur expansion (modalités trop longues à expliciter sur ce billet)
Permettez moi enfin de vous dire que j’apprécie vraiment vos écrits même si je ne les commente pas toujours
Gribouille ou fripouille ?
Quelques informations complémentaires très édifiantes :
1 Comme le rappelle Cécile Philippe de l’Institut Molinari dans Les Echos ce jour, quand le COR prétend que nos retraites sont financées et qu’il n’y a pas urgence à réformer, il ne prend pas en compte les retraites des fonctionnaires afin de ne pas les stigmatiser ! Or le régime des fonctionnaires est déficitaire de 33 milliards, financés par qui …. par vous et moi. Vous connaissez la fable de la cigale et de la fourmi. Mais hélas c’est la cigale qui continue de chanter chez nous. Pendant que les fourmis trinquent.
2 Concernant la taxe foncière, elle a augmenté en 2022 de 27,4% dans ma commune de Saint-Nom-la-Bretèche, dont + 38,12% pour la part communale et + 66,6% pour la taxe GEMAPI (une taxe anti-inondation créée par Hollande !). Je n’en veux pas au Maire qui est un très bon gestionnaire, mais quand l’Etat fait main basse sur les finances municipales et leur demande en plus de faire des économies, ce que lui-même ne fait pas, c’est à la limite de la grivèlerie