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Police : exercice du droit de retrait ou désertion face à l’ennemi ?

par Bertrand Nouel
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Pour paraphraser Hemingway, en février 2020 les virus commencèrent à tomber au hasard sur les villes. De plus en plus. Quand il y en eut partout, le chef de l’Etat décréta l’état de guerre et sonna le tocsin. Mais pour qui sonne le glas ?

Nos héros des tranchées

Ce sont tous les acteurs du secteur de la santé, médecins, infirmiers, dentistes, etc. Ils méritent tous nos remerciements et notre admiration. Un travail harassant, des moyens insuffisants, une protection défaillante, ils sont en première ligne des risques, et pas un d’entre eux n’imaginerait se soustraire à ses obligations, car ce sont des obligations, des urgences à assurer pour les professionnels, voire des gardes à effectuer. Ils sont nos soldats du feu, et probablement ceux qui paieront le plus cher tribut au virus, car ils sont par définition en contact permanent avec des malades infectés.

Les autres services « essentiels » : droit de retrait… ou désertion en temps de « guerre » ?

Çà et là on entend de nouveau évoquer et invoquer le droit de retrait. Rappelons qu’il s’agit d’un droit pour un salarié de refuser de travailler lorsqu’il est confronté à une situation de danger « grave et imminent ». C’est un droit individuel, qui n’a rien à voir en principe avec le droit de grève – sauf qu’il permet d’être payé sans effectuer de travail, à la différence de la grève.

Le service public, qui fait grand cas de la noblesse de sa mission consacrée à la satisfaction de l’intérêt général, devrait être le dernier à invoquer le droit de retrait. Bien au contraire, à la différence du secteur privé, il en fait depuis longtemps un usage intensif et largement abusif. L’une des dernières fois concernait les conducteurs des motrices de la SNCF, pour exiger la présence de deux conducteurs dans le cockpit, ceci à la suite d’un accident sur un passage à niveau.

Cette fois, le droit de retrait a été invoqué par un employé de la Poste, mais il l’est surtout par les policiers qui se plaignent de ne pas pouvoir porter de masques lors de leurs contrôles du respect du confinement. Sauf que là, la question se pose différemment.

La Police est au premier rang, comme le secteur de la Santé, lors de la lutte contre le virus. Elle est, particulièrement dans le cas présent, un rouage essentiel de la défense de la Nation, comme le sont les militaires lors d’une guerre conventionnelle. Les policiers ne disposent pas du droit de grève, comme en général tous les corps armés de la République.

Le Président de la République, dans son dernier discours, a déclaré une dizaine de fois que « Nous sommes en guerre ». Certes, ce ne peut être qu’une image dans la mesure où la déclaration de guerre n’est pas possible contre un virus. Il n’en reste pas moins que l’image est exacte. Les policiers devraient se comporter comme des militaires face à l’ennemi. Imagine-t-on les soldats de 1915 mettre la crosse en l’air pour manque de masques lors de leur exposition au gaz moutarde ?[[Et pourtant avec la certitude d’un sort non comparable à celui d’une grippe, elle-même loin encore de la dangerosité de la grippe espagnole qui allait frapper le monde quatre années plus tard.]]

Et s’ils l’avaient fait en 1915, comment cela aurait-il été qualifié ? De désertion n’est-ce pas ? Et de quoi est punie la désertion ? Du passage devant le peloton d’exécution n’est-ce pas ? Un siècle plus tard, la leçon de l’Histoire ne donne-t-elle pas à réfléchir ? Le principe de précaution et l’état de guerre ne font pas bon ménage !

 

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1 commenter

hgourio mars 20, 2020 - 10:37 am

1915 ou 1917 ?
Pas tout compris. Le droit de retrait peut-il exister pour les policiers qui sont naturellement exposés à des réactions violentes lorsqu’ils exercent leur « monopole de la violence légale »? A t il été déjà demandé ?
En revanche sans aller jusqu’au retrait, quelle réaction possible des troupes si on les envoie au front sans casques ou avec des pantalons garance ? Mutinerie comme en 1917 ?

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