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Pauvreté monétaire : mesure, biais et insuffisances

par Bertrand Nouel
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L’INSEE publie régulièrement, avec une célérité assez appréciable, ses statistiques sur la pauvreté et les inégalités en France. C’est ainsi que tous les chiffres des indicateurs sont disponibles jusqu’à l’année 2017 comprise, et partiellement pour 2018.
La méthode utilisée par l’INSEE pour calculer la pauvreté, et qui est celle adoptée par Eurostat pour l’ensemble des pays d’Europe, comprend des biais et la lecture des statistiques conduit fréquemment dans les médias et les discours politiques à des erreurs qu’il importe de redresser, ce qui fera l’objet des études que nous allons présenter.

Ces études sont divisées en trois parties dont la première vous est présentée aujourd’hui, les autres les semaines suivantes.
Cette première partie est consacrée à l’explication de la méthode de mesure de la pauvreté, qui fera ressortir qu’en réalité il s’agit d’une mesure des inégalités, et que les statistiques montrent qu’à la fois la pauvreté et les inégalités ont diminué.
La seconde partie traite d’un biais rarement rappelé, qui tient au fait que la pauvreté après redistribution est calculée à partir du niveau de vie, donc des revenus, et n’inclut pas les « prestations affectées » en nature, ce qui diminue artificiellement la mesure de pouvoir d’achat de leurs bénéficiaires.
Enfin, la troisième partie traitera de certains facteurs explicatifs de la pauvreté, et tentera une conclusion générale.

– Première partie –

Les mesures de la pauvreté des niveaux de vie en France sont des mesures des inégalités, lesquelles ont plutôt diminué durant la vingtaine d’années écoulées.

Il y a plusieurs méthodes pour mesurer la pauvreté. Chacune a ses avantages et ses inconvénients. Certains pays comme les Etats-Unis se réfèrent à la pauvreté monétaire absolue, méthode qui tente de calculer un chiffre de revenu en monnaie tel qu’il soit de nature à satisfaire les besoins essentiels des individus. Cette méthode introduit des biais considérables tenant à la variabilité et à la subjectivité des choix à opérer pour qualifier les besoins essentiels. Une autre méthode pourrait aller totalement dans le sens de la subjectivité en enquêtant sur la pauvreté ressentie. En France, une méthode accessoire cherche à déterminer la pauvreté en conditions de vie et c’est ainsi que l’INSEE a établi une liste de 27 critères, étant entendu qu’une réponse positive à au moins 8 d’entre eux suffit à qualifier la situation de pauvreté. Mais la méthode la plus utilisée en Europe, et en France, est celle de la pauvreté monétaire relative, et c’est celle que nous retenons pour l’analyse qui va suivre.

La méthode retenue consiste à effectuer un calcul relatif par comparaison avec le niveau de vie médian des Français, qui est le seuil des revenus du décile D5[[La lettre « D » signifie décile. Les niveaux de vie sont divisés en dix déciles, et chaque décile est la valeur qui sépare deux tranches. Le premier, D1, correspondant aux revenus inférieurs au seuil qui sépare le premier du deuxième décile, et le neuvième au seuil qui sépare D9 des revenus supérieurs. D5 sépare ainsi le cinquième du sixième décile.]] de la population (la moitié des Français gagne plus, l’autre moitié gagne moins). On retient au choix deux chiffrages possibles, l’un à 50% du revenu médian, l’autre à 60% de ce dernier. On observera que le seuil à 50% était celui retenu à l’origine, mais que de nos jours on a tendance à retenir le seuil de 60% ; néanmoins un organisme officiel comme l’Observatoire des inégalités explique qu’il préfère continuer d’utiliser le seuil de 50%. Il est évident que la différence est considérable entre les deux méthodes. On rappellera par ailleurs que la pauvreté se calcule uniquement à partir des revenus : on calcule d’abord les revenus primaires des individus (y compris ceux du patrimoine, mais à l’exclusion de la valeur de ce dernier), puis on les corrige des effets redistributifs de la fiscalité et des prestations reçues. Nous verrons que cette notion de prestations conduit à un biais que nous traiterons dans la deuxième partie de l’étude.

Notons enfin que le calcul s’effectue par ménage et non pas par individu, ce qui permet de tenir compte de ce que le niveau de vie est évidemment différent pour un même revenu suivant que les dépenses peuvent ou non être mutualisées au sein d’un même foyer[[Cette méthode est d’autant plus pertinente à l’heure actuelle que le nombre de familles monoparentales a fortement augmenté dans les dernières décennies et que précisément la proportion de pauvres dans ces familles est très forte.]]. C’est ainsi qu’un adulte compte pour une « unité de consommation », le second adulte d’un même foyer compte pour 0,5 unité, et chacun des enfants jusqu’à 14 ans compte pour 0,3 unité.

La méthode française conduit donc à mesurer les inégalités par rapport au niveau de vie de la médiane des Français. Le corollaire mécanique en est que plus ce niveau augmente, plus le nombre des personnes pauvres doit augmenter lui aussi, à supposer que leur niveau de vie reste constant en valeur absolue. Nous verrons cependant que cela ne se constate pas vraiment dans les faits. En période de hausse du niveau de vie médian, les catégories pauvres profitent davantage de la croissance, cependant qu’en période de vaches maigres, la protection sociale joue de même plus en faveur de ces catégories pauvres.

Le tableau ci-dessous, dont les chiffres ont pour source l’INSEE, présente divers indices évoluant entre 1996, première année disponible, et 2017. L’année 2008 a été choisie parce que c’est l’année de la base 100 pour les niveaux de vie, et l’année la plus faste pour tous. En 2010 les effets de la crise commencent à se faire sentir, ces effets sont au maximum en 2012, et 2017 témoigne d’une remontée des niveaux de vie pour tous.

Pour certains indices, nous avons présenté les chiffres correspondant au calcul de la pauvreté à 60% du niveau de vie médian ainsi que ceux correspondant à 50% de ce niveau. Nous avons aussi présenté certains indices après redistribution et d’autres avant redistribution, ce qui fait ressortir l’efficacité de la redistribution.

Evolution des indicateurs de pauvreté et des inégalités depuis 1996
1996 2008 2010 2012 2017
Nombre de personnes pauvres (en milliers)
Seuil à 60% 8292 7952 8739 8760 8889
Variation 2017 / 1996 (%) 7,2
Population française (en millions)
Chiffres 59,5 64 64,6 65,2 66,8
Variation 2017 / 1996 (%) 12,3
Seuil de pauvreté (Euros 2017/mois)
Seuil à 60% 875 982 1033 1023 1041
Seuil à 50% 729 861 861 852 867
Taux de pauvreté
Seuil à 60% 14,6 13,2 14,3 14,2 14,1
Seuil à 50% 8,3 7,3 8,1 8,5 8
Niveau de vie médian des personnes pauvres (euros 2017/mois)
698 832 828 804 837
Niveau de vie après redistribution
D1 81,2 100 97,5 95,6 98,7
D5 84,7 100 100 99 100,7
D9 84,4 100 100,4 100,6 100,1
Niveau de vie avant redistribution
D1 73,1 100 93,7 89,3 86,7
D5 80,8 100 101 101,7 102,8
D9 81,4 100 100,7 102 103,7
Rapport D9/D1
Après redistribution 3,5 3,37 3,46 3,54 3,41
Avant redistribution 5,87 5,27 5,66 6,02 6,31
Indice de Gini
Après redistribution 0,282 0,292 0,302 0,302 0,289
Avant redistribution 0,358 0,362 0,375 0,386 0,374

Conclusions à retenir

1. Le nombre de personnes pauvres au seuil de 60% a augmenté en chiffres absolus de 7,2% entre 1996 et 2017. Ce chiffre est cependant à comparer à l’évolution de la population française, qui a augmenté quant à elle durant la même période de 12,3%. En chiffres relatifs, le nombre de personnes pauvres a donc diminué globalement sur la période, du fait d’une diminution notable entre 1996 et 2008. En revanche, le rapport s’inverse entre 2008 et 2017, en raison d’une forte augmentation du nombre de personnes pauvres (plus 800.000) dans les deux années qui ont suivi l’apparition de la crise en 2008. Mais après 2010 le rapport s’inverse de nouveau, puisque le nombre de personnes pauvres n’augmente que d’un peu plus de 100.000 (1,3%) alors que la population augmente de 3,4%.
L’importance de la démographie évoluant en rapport avec l’immigration est encore révélée par les dernières statistiques émanant du Secours catholique : la proportion des étrangers secourus est en effet passée en dix ans de 30% à 40%. Dans le même temps, le Secours catholique constate une hausse notable des personnes n’ayant aucun revenu, et de celles tombées dans l’extrême pauvreté. Bien que l’organisation ne donne pas l’information, ces dernières constatations paraissent logiquement en rapport avec la hausse des étrangers secourus.

2. La période examinée a été marquée de façon générale par la crise de 2008, et peut être divisée en deux parties principales. Les niveaux de vie ont ainsi fortement augmenté entre 1996 et 2008 (année de la base 100 de l’INSEE). On remarque que le premier décile (D1) de la population est celui qui a le plus profité, aussi bien après qu’avant redistribution, mais encore plus avant redistribution. Le fait que ce niveau ait augmenté plus encore avant distribution indique que la croissance générale de l’économie est le meilleur garant, par rapport à la redistribution, de l’amélioration de la situation des classes pauvres. Après 2008 d’ailleurs, la situation s’inverse pour tous, mais légèrement plus défavorablement pour le premier décile. Cette fois cependant, contrairement à la période précédente, c’est avant redistribution que le premier décile souffre le plus (chute de 100 à 86,7), alors qu’après redistribution le niveau de vie se maintient quasiment (chute de 100 à 98,7). C’est une confirmation, s’il en était besoin, de l’efficacité de la redistribution en période de vaches maigres.

3. Sur la totalité de la période examinée, le seuil de pauvreté à 60% est passé de 875 euros mensuels à 1.041 euros (+19%), et le seuil à 50% de 729 euros à 867 euros (+19% également). Il s’agit d’euros 2017, donc constants. Ceci est à rapprocher du niveau de vie médian des personnes pauvres, qui passe de 698 à 837 euros (+ 20%). Cette comparaison indique que dans les faits le niveau de vie médian des personnes pauvres a augmenté exactement comme le seuil de pauvreté (et même mieux), donc dans les mêmes proportions que le niveau de vie du décile D5 (revenu médian).
On notera que le niveau de vie médian des personnes pauvres a néanmoins baissé de 832 € à 804 € entre 2008 et 2012, pour remonter à 837 € en 2017.
Comme nous l’avons indiqué, du fait que la mesure de la pauvreté est en réalité une mesure des inégalités, on pourrait attendre que plus le niveau de vie du décile D5 augmente, plus le nombre de pauvres augmente du fait de la hausse du seuil de pauvreté qui évolue comme le niveau de vie de D5. On constate donc qu’il n’en est rien.

4. Les autres indicateurs vont dans le même sens :
– Le taux de pauvreté à 60% baisse de 14,6 à 14,1 sur la période globale, et le taux à 50% baisse également de 8,3 à 8,0 ;
– Le rapport D9/D1 passe de 3,50 à 3,41 après redistribution, alors qu’il se détériore avant distribution, de 5,87 à 6,31, ce qui confirme encore l’efficacité de cette redistribution à compter de 2012 ;
– enfin, l’indice de Gini passe de 0,282 à 0,289 après redistribution, soit une quasi-stabilité, alors qu’il se détériore, de 0,358 à 0,374 avant redistribution.


L’indice de Gini est un indicateur synthétique (toutes catégories confondues) des inégalités, consistant à comparer la droite théorique d’égalité parfaite avec la courbe dite de Lorentz, qui constate la part des revenus par rapport à la part de la population. L’indice varie de 0 (égalité parfaite) à 1.

En résumé provisoire, nous retenons :

– Que la mesure de la pauvreté par la méthode de la pauvreté monétaire relative est la meilleure car la moins subjective, mais qu’elle mesure essentiellement l’évolution des inégalités, et repose sur une convention arbitraire, à savoir le pourcentage de 60% retenu pour le seuil de pauvreté ;

– Que sur longue période, depuis 1996, les divers indicateurs montrent une diminution relative du nombre de personnes pauvres ainsi qu’une stabilité des inégalités, et ce, grâce à la redistribution à la française qui prend le relais de la croissance lorsque celle-ci fait défaut ;

– Que la crise de 2008 a néanmoins causé une inversion nette de l’évolution positive connue pendant la longue période antérieure, commençant avec les Trente glorieuses et s’étendant au-delà (de 1996 à 2008, baisse de 4% du nombre de personnes pauvres pendant que la population augmente de 10,7%).

Ce phénomène est très important pour comprendre le sentiment de pauvreté. Après de longues années d’amélioration de leur niveau de vie pendant lesquelles elles peuvent laisser leurs dépenses contraintes croître, les catégories les plus pauvres ne peuvent que ressentir leur situation comme affectée par une baisse de leur niveau de vie d’autant plus insupportable qu’elle est réelle entre 2008 et 2015[[Le point le plus bas des revenus après redistribution se situe en 2012, et il tend à remonter lentement depuis, jusqu’à tangenter les chiffres de 2008, mais s’agit-il d’une tendance positive longue ou seulement provisoire ?]]. Le phénomène est encore aggravé par des considérations sociologiques comme la démographie (hausse du pourcentage d’étrangers relevée par le Secours catholique) ou la forte montée du nombre de ménages monoparentaux. Le chômage et les difficultés particulières de logement jouent aussi leur rôle négatif.

Accéder à la seconde partie

 

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5 commentaires

YVES BUCHSENSCHUTZ novembre 11, 2019 - 5:29 pm

Pauvreté ou égalité, l’ambiguité délibérée
Texte très complet et intéressant mais dont je conteste au moins l’une des conclusions, à savoir que la méthode retenue est la bonne pour mesurer la pauvreté alors qu’elle est de fait une mesure d’inégalité. Ce système de’ascenseurs corrélés est faux, il faut le dire et le contester. Un autre article d’EPLF,( de mémoire de Gerard Dosogne) montrait que pour faire baisser la pauvreté, il suffisait de chasser les riches ! et c’est vrai mathématiquement avec ce mode de calcul ! En fait la pauvreté en valeur absolue recule années après année, même si le processus n’est pas toujours linéaire, ce qui est une bonne chose mais cessons de nous flageller en courant après une cible qui s’éloigne pendant que la course avance. Ce problème, difficile, n’a aucune chance d’être résolu s’il est posé de travers.

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zelectron novembre 12, 2019 - 12:19 pm

la pauvreté est relative
C’est là où on s’aperçoit qu’un « quidam de base » non seulement ne sait pas acheter mais qui plus est gaspille, celui qui dispose de ressources intellectuelles et d’une certaine éducation (non dévoyée) saura tirer parti de la même somme que le citoyen modeste, parfois avec le double en quantité/qualité d’achat.

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gerard dosogne novembre 13, 2019 - 4:03 pm

La mesure absurde de la pauvreté!!
je reprends quelques § de mon article paru en octobre 2017 (déjà!!) :
« On constate (vérifié sur Eurostat) qu’il y a bien moins de pauvres en Tchéquie (9%) qu’au Luxembourg (15%) ou en Suisse (14%) ! La raison est simple : le salaire médian luxembourgeois ou suisse est nettement plus élevé que celui des tchèques. Donc le seuil de pauvreté (60% du salaire médian) l’est aussi.

En effet, le salaire médian luxembourgeois s’établit en 2015 à 35 370 euros par an, à 39 588 euros en Suisse et… à 7 423 euros en République tchèque. Pour comparaison, le salaire médian en France se situe à 21 415 euros et le taux de pauvreté à 13,6%.

On est donc pauvre en Suisse avec un salaire annuel par personne de 23.753 euros, soit 10% de plus que le salaire médian Français. »
je pense que ces constatations suffisent à discréditer ce type de statistique!!

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CANEPARO novembre 13, 2019 - 8:59 pm

Un outil absurde qui fausse la recherche de bonnes solutions
Tout le monde en France est d’accord pour lutter contre la pauvreté. Depuis des décennies, l’état, les collectivités territoriales, les régions, les départements, les intercommunalités, les mairies, les CPAM, les URSSAF, les HLM, les HLI, les associations subventionnées, les sociétés de l’économie sociale et solidaire subventionnées, etc… luttent par la charité et la redistribution devenue massive contre la pauvreté sans succès véritable et surtout sans fin. Alors que faire ?
A-t-on les bons outils de mesure de la pauvreté ? Établissons-nous des statistiques avec de nombreux critères pour une meilleure compréhension de la pauvreté (famille monoparentale, immigration clandestine, regroupement familial d’un travailleur peu qualifié et faiblement rémunéré, ..)? Je ne le crois pas. Et si nous n’avons pas de bons instruments de compréhension quel est la probabilité de trouver les bonnes solutions ?
Par exemple, prenons le taux de pauvreté utilisé par l’INSEE et le FMI mais de moins en moins par la banque mondiale. Ce taux, d’après sa définition et son calcul n’est en aucun cas une mesure de la pauvreté. Il mesure tout au plus un niveau d’égalitarisme économique dans un pays donné. Il ne nous renseigne en aucun cas sur l’état de pauvreté que l’on peut définir universellement par la faculté de pouvoir se nourrir, se loger et s’habiller correctement avec ses propres revenus. Ainsi, Si on multiplie les revenus de tous les français par 5,10 ou 100 ce taux de « pauvreté » ne change pas ! Si on supprime les riches en les faisant fuir ou en les emprisonnant, ce taux baisse. Y aurait-il moins de pauvres selon ce taux de « pauvreté » ? Pour autant leur état de pauvreté aurait-il changé ? Non bien sûr. Si dans une société donnée, il y a 80 % de personnes en situation de famine, avec des revenus à peu près identiques et 20% avec des revenus en moyenne 3 à 10 fois plus élevés alors le calcul mathématique du taux nous donne 0% de pauvre. Incroyable ! Nous sommes quasiment à CUBA. Ce taux est bien un indicateur de l’écart de revenu dans un pays donné, soit une mesure du niveau d’égalitarisme économique mais il ne mesure en aucun cas le nombre de personnes en état de pauvreté. Ce taux n’indique donc pas la quantité de pauvreté mais le niveau d’égalité économique dans une société donné. Plus ce taux est bas plus l’égalitarisme économique est élevé.
Ces taux de plus ne peuvent pas être utilisés pour comparer les pays entre eux. (On peut lire à ce sujet l’article de Gérard DOSOGNE sur le site entrepreneurs pour la France)
Par ailleurs, il est vrai que si vous prenez de l’argent aux riches en France et que vous le redistribuez même avec une grosse déperdition, pour payer les intermédiaires sans valeur ajoutée, vous faites baisser mathématiquement ce taux. Et vous diminuez aussi réellement le nombre de personne en état de pauvreté. Cette solution est relativement peu efficace. La France en est la démonstration éclatante, malheureusement. En effet la redistribution massive que nous connaissons se fait au détriment du dynamisme économique qui est entravé par la lourde fiscalisation et autres mesures nécessaires pour permettre la redistribution massive. Pour être complet le dynamisme économique est aussi entravé par le nombre de normes et de lois abusives pour les entreprises. La dernière en date la loi parité hommes / femmes qui est une application de l’égalitarisme politique.
Le constat est le suivant. Il peut y avoir une amélioration durable de l’état de pauvreté, avec de la redistribution, s’il y a suffisamment de création de richesse. Mais la redistribution massive freine et limite le développement des richesses par une trop forte fiscalité et a en conséquence une efficacité bornée.
Il y a lieu, pour être un peu plus complet, de dire que la préemption de revenus auprès des talents, créateurs, entrepreneurs, managers, ingénieurs, cadres, artisans, ouvriers qualifiés, entraîne une forte démotivation voire une fuite à l’étranger. La conséquence est aussi une moindre création de richesse.

Le système de redistribution massive n’est donc pas la solution pour résoudre la pauvreté. La France en est la preuve éclatante.
Ainsi en France, d’après les derniers chiffres disponibles, la richesse créée par les français (PIB de la France divisé par le nombre d’habitants) est de moins en moins importante. Nous sommes, en 2018, 12ième en Europe. Ce chiffre est corrélé par le fait qu’il y a en France un taux de population active parmi les plus bas d’Europe. Le problème de la pauvreté en France est d’abord et avant tout un problème de nombre de personnes au travail et de quantité de richesse insuffisamment produite individuellement et collectivement.

C’est pourquoi, le mieux est bien sûr que les personnes en situation de pauvreté s’en sortent par le travail et un salaire le plus décent possible.
On méditera, à ce sujet, les dires de Lao Tse qui vivait 3 siècles avant Jésus christ : si tu donnes un poisson à un homme, tu le nourris un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours.

En conclusion
Le taux de « pauvreté » ne mesure pas le nombre de personnes en état de pauvreté mais donne une indication sur le niveau d’égalité économique pour un pays donné. Plus ce taux est bas plus le niveau d’égalitarisme est élevé. Il semble d’ailleurs que plus il y a d’égalitarisme, plus la pauvreté réelle prolifère. C’est pourquoi lutter efficacement contre la pauvreté passe avant toute autre chose par le développement du travail productif de richesses, par le développement de nos entreprises privées, l’accroissement de leur nombre et l’accroissement du nombre de français au travail. Cela ne peut se faire sainement, justement et sûrement que
– par une baisse importante des impôts sur les sociétés et des cotisations patronales sur tous les salaires et
– par un accroissement des inégalités économiques afin de motiver les talents, les compétences et la prise de risques, complété par l’éducation et la justice accessible à tous.

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Cywier novembre 18, 2022 - 2:19 pm

Pauvreté monétaire : mesure, biais et insuffisances
Bonjour à tous,
Stop aux chiffres et aux pourcentages !
Est pauvre celui qui ne quitte plus son domicile pour les vacances, qui ne soigne plus ses dents ou ne change pas ses lunettes. S’il ne paye plus ses charges, si il est locataire et revend sa voiture … il est pauvre.
Tous vos chiffres et statistiques ne veulent rien dire : regardez la façon dont certaines personnes sont vêtues … On dit que l’apparence ne compte pas : si, elle veut tout dire aujourd’hui !

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