Très peu d’entreprises sont responsables de la croissance ou non-croissance de l’emploi: les « gazelles », mais elles demandent beaucoup de capital social.
Leur importance avait déjà été développée par l’INSEE en 2006 et est devenue un sujet central de recherche pour l’OCDE. Mais il paraît avoir été complètement perdu de vue par les acteurs de la politique économique (voir article complémentaire sur le manque de gazelles en France)
Moins de 5% des entreprises, les « gazelles », créent l’essentiel de l’emploi.
David Birch, le fondateur de la démographie des entreprises, avait déjà remarqué qu’un très petit nombre d’entreprises étaient responsables de l’essentiel de la création d’emplois en croissant très rapidement, et les avait baptisées « gazelles ».
C’est ce qu’avait vérifié en France en 2006 Claude Picart de l’INSEE dans une publication de 2006 « les gazelles en France » où il remarquait que parmi les PME de 20 à 250 salariés en 1993 et existant encore en 2003, les 5% connaissant le plus fort taux de croissance des effectifs salariés quintuplent leurs effectifs en 10 ans et gagnent autant d’emplois que les 50% gagnant de l’emploi avec un taux plus modéré (les 45% restants perdent de l’emploi).
Dans “High-Growth Firms and the Future of the American Economy » de 2010, Dane Stangler, de la Ewing Marion Kauffman Foundation, a montré que seulement 55.000 entreprises, 1% des entreprises américaines, étaient responsables de 40% des créations d’emplois ; les ¾ ont moins de 5 ans d’âge et sont responsables de la création de 10% des emplois (les 30% restant proviennent d’entreprises plus âgées, moins nombreuses mais plus grosses du simple fait de leur âge).
C’est aussi pour cela que l’OCDE a créé il y a déjà 6 ans, un groupe de travail autour de la notion de High Growth Firms, des sociétés à développement rapide.
C’est cette concentration de la création d’emplois sur un très petit nombre d’entreprises que l’IRDEME a retrouvé dans plusieurs études menées sous contrat avec le pH Group, du groupe Experian.
Dans une étude pour voir l’impact du capital social initial ou de sa croissance, sur l’emploi (Estimation des emplois créés – PEC 2004), il a été constaté que très peu d’entreprises passaient du statut de PEC (<50 salariés et moins de 10 millions de total de bilan ou de chiffre d’affaires) à celui de PME (celles « sorties de périmètre »): 359 sur 68.782 soit 0,5%
On constate que les entreprises qui sortent du périmètre disposent d’un capital social par employé beaucoup plus élevé que la moyenne :
Ci-dessous, le Capital social moyen par employé (k€) : bilan 2005
Dans une étude sur la même population de 80.262 PEC nées en 2004, le pH Group, du groupe Experian, constatait que seul un très petit nombre d’entreprises augmentait son capital social et qu’il fallait une augmentation importante de ce capital social, au-delà de la zone 100-400.000 euros, pour voir cette augmentation se répercuter sur la masse salariale, donc sur l’emploi.
Extrait de l’étude de Claude Picart :
La croissance des gazelles est irrégulière : la moitié de leur gain en emplois sur 10 ans est concentrée sur une seule année. Les gazelles définies sur la base de leur croissance entre 1993 et 1998 ne gagnent plus d’emplois sur la période suivante, entre 1998 et 2003. Une bonne partie de la croissance des gazelles relève de la croissance externe, avec de nombreuses restructurations intra-groupe : les gazelles appartiennent plus souvent à un groupe que les PME de taille équivalente. Sur la période 1998 – 2001, période de forte croissance, la moitié de la croissance des gazelles – plus quand elles appartiennent à un groupe – relève de la croissance externe. On trouve des gazelles dans tous les secteurs, y compris ceux en déclin relatif. Dans ce dernier cas, il s’agit surtout de croissance externe, les gazelles semblant relever d’un processus de concentration, éventuellement défensif.