Bien entendu ce titre est volontairement provocateur ! Nous savons tous que l’État, et plus généralement les collectivités et les institutions publiques, existent, et même qu’ils occupent en France une place prépondérante, et, disons-le, hypertrophiée. Bien supérieure à celle observée dans la quasi-totalité des pays qui nous entourent ou qui ont des niveaux économiques comparables.
Mais l’État, et tous les services publics, n’existent que parce que nous, Français, décidons de leur déléguer et de leur confier certaines missions : notre santé, l’éducation de nos enfants, notre protection, la défense de nos droits, etc. Louis XIV aurait dit « l’État c’est moi » ; Mais aujourd’hui l’État c’est vous, c’est moi, c’est nous, c’est tous les Français. On ne devrait plus dire : « l’État décide que … » ; mais « Nous les Français décidons que … ».
Pour des raisons historiques, (la France s’est construite autour d’un État centralisé contrairement à ses voisins) et idéologiques (l’influence des idées socialistes et communistes), il s’avère que nous, Français, avons laissé l’État devenir obèse et s’occuper de tout à notre place : non seulement ce que l’on désigne couramment sous le terme « régalien » (les forces armées, la police et la justice), mais aussi tous les pans de notre vie sociale : comme évoqué précédemment, la santé, l’éducation, mais aussi la culture, le sport, les loisirs. Fort de notre laïcité, seule la religion échappe à cette emprise, encore qu’à y regarder de près, on y trouve des incursions inavouables, mais ce n’est pas notre propos.
S’est ainsi installé dans notre belle France un monstre public, un Léviathan, s’arrogeant le monopole du bien dit public, décidant pour chaque Français ce qui est bien pour lui, édictant à tour de bras des normes et des règles (David Lisnard, le maire de Cannes, et Président de l’Association des Maires de France, expliquait dans un article des Échos du 10 octobre qu’il a reçu 27 nouveaux textes en un mois pendant la vacance gouvernementale depuis le 9 septembre !), s’accaparant 42,8% de la richesse nationale (part des prélèvements obligatoires dans le PIB) pour s’entretenir lui-même et redistribuer ce que bon lui semble, empruntant des sommes monstrueuses (300 milliards en 2025, soit 18% de la totalité des dépenses publiques) pour finir ses fins de mois à charge pour les générations futures de les rembourser. Tout cela avec notre consentement tacite et béat.
Nous sommes en plein dans le débat budgétaire surréaliste auquel nous assistons.
Alors qu’il faudrait posément et raisonnablement revoir en profondeur tout notre système redistributif qui infantilise les Français (au secours l’État chaque fois qu’un problème surgit ! Et l’éternel leitmotiv : j’y ai droit !), qui paralyse les initiatives des entrepreneurs (dans l’incapacité financière d’augmenter les rémunérations de leurs salariés alors que ceux-ci peinent avec leurs salaires nets, l’État s’étant copieusement servi au passage), qui stigmatise les riches et les grandes sociétés à l’origine de centaines de milliers d’emplois et de milliards de contributions sociales et fiscales, non, on continue, par pleutrerie, à dénier la réalité et à continuer à faire plonger la France vers l’abîme.
Plusieurs exemples :
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L’annulation ou la suspension de la réforme des retraites. L’un des plus gros budgets publics et des plus déficitaires. Certaines voix commencent à se faire entendre pour réformer en profondeur notre système sacro-saint par répartition. Qu’attendons-nous pour s’y mettre et le faire ? Pourquoi ne pas étendre à toute la France et à tout le monde le système en vigueur en Alsace qui est à l’équilibre ? Pourquoi refuser la capitalisation qui pourrait financer nos entreprises, ce dont elles ont éminemment besoin pour créer des emplois et des cotisants.
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On qualifie de diminution des dépenses de l’État la suppression des « niches fiscales ». La vérité est que ces suppressions ne sont ni plus ni moins que des augmentations d’impôts et non des diminutions de dépenses. Oui, supprimons les pour la plupart, mais réduisons les prélèvements fiscaux et sociaux en contrepartie. Ce sera beaucoup plus simple et plus transparent aussi bien pour les entreprises que pour l’État.
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On ne cesse de rabâcher que la santé et l’éducation sont prioritaires et qu’il faut absolument augmenter leurs budgets, déjà parmi les plus gros. Mais qui s’est penché et s’est attaqué au fonctionnement de ces deux secteurs ? Sans même évoquer leur privatisation possible, un gros mot en France, alors que cela s’est fait dans des pays voisins avec succès tant en matière financière qu’en terme de qualité des services et d’accessibilité aux personnes les plus démunies, il y a d’énormes gains de productivité (oh horreur !!!) à y faire.
Combien coûtent les Agences Régionales de Santé (ARS) pour quelle efficacité ? Des études récentes de l’OCDE montrent que l’administration de nos machines de santé et d’éducation, hors personnel opérationnel (c’est-à-dire les soignants et les enseignants), coûte en % 10 points de plus en France que chez nos voisins où ils sont les plus hauts. Alors, gelons voire même diminuons les budgets, et réaffectons-les. Payons mieux nos infirmières et nos enseignants, généralement moins bien payés que chez nos voisins (cela fera peut-être revenir des vocations qui font actuellement cruellement défaut), et coupons drastiquement dans les dépenses purement administratives.
Tous les économistes, de gauche comme de droite, sont d’accord pour dire que la France ne produit pas assez, que son PIB par habitant, qui vient d’être rattrapé par celui de l’Italie, n’est pas assez élevé. Que c’est la raison principale de son déficit public. Mais une fois ce constat posé, ils divergent complètement sur les remèdes.
Le PIB, hors la part de l’État, est le cumul des valeurs ajoutées par toutes les entreprises. Si l’on veut faire croître notre PIB, il faut donc que les entreprises françaises créent davantage de valeurs ajoutées. On dit que les Français globalement ne travaillent pas assez, que les % des jeunes et des seniors au travail en France sont nettement inférieurs à ceux de nos voisins. Certes, mais l’emploi ne se décrète pas. Du moins dans le secteur « marchand » (encore quel gros mot !), celui des entreprises.
Tant que les responsables politiques, tant que les médias, tant que les Français dont la culture économique est l’une des plus faibles, n’auront pas compris que l’avenir de la France est impérativement celui de ses entreprises, rien ne changera dans notre beau pays. Pourtant les Français plébiscitent leurs entreprises, notamment les PME, qui constituent l’essentiel du tissu productif.
Or la vie, le déploiement, la créativité, des entreprises, de leurs dirigeants, de leurs salariés, de leurs actionnaires, qui font un tout inséparable qu’il est absurde d’opposer en permanence (hélas en France l’esprit de la lutte des classes n’a pas encore disparu), sont aujourd’hui considérablement obérés par l’hypertrophie administrative et fiscale.
Pourquoi développer ou créer mon entreprise, et donc embaucher, si c’est pour me ronger les sangs à longueur de journée, me faire traiter d’affreux capitaliste, et finalement, être ponctionné de la majeure partie des résultats obtenus par mes efforts et ma prise de risque ?
Avant de redistribuer des richesses, ce qui en soit n’a rien de mal tant que c’est fait de façon raisonnable et non dans un esprit égalitariste pernicieux et inefficace, il faut créer cette richesse. Aujourd’hui, nos élus pensent avant tout et quasi seulement à la redistribution, pas à la création.
C’est un véritable choc national entrepreneurial qu’il faut désormais. Ce ne sont plus des mesurettes fiscales, comme la baisse des impôts de production d’ailleurs toujours différée, qui produiront de réels effets. Il faut aussi et dans le même temps :
1.
Faire en sorte que le différentiel « coût global » – « salaire net » soit drastiquement diminué, ce qui passe par un allègement des prélèvements et donc des dépenses qu’ils financent, ou leur report sur les non-actifs.
2.
Revoir et alléger le code du travail et toutes les conventions collectives paralysantes. (pourquoi interdire l’application de plusieurs conventions collectives dans une même société si celle-ci a des activités de nature différente ?).
3.
Simplifier toutes les démarches administratives : permis de construire, autorisations X et Y, etc. Il y aurait en France quelques 1 800 Cerfa (formulaires administratifs). Des progrès ont parfois été faits, mais le chemin à parcourir pour atteindre une réelle efficacité est encore très long. Cela passe sans doute par la suppression pure et simple de certains services administratifs !
4.
Supprimer enfin le mille-feuille territorial. Il semblerait que la diminution du nombre des Régions se soit finalement traduite par une hausse des dépenses et non des économies… Pourquoi l’État s’oppose-t-il à des demandes de fusion de collectivités (cf. l’Alsace).
5.
Encourager les prises de risque qui sont l’essence même des entreprises, qu’elles soient existantes à la conquête de nouveaux marchés ou nouvelles, pour et quand elles mettent en œuvre des innovations. Contrairement aux Britanniques et aux Américains, la France ne soutient pas ses entrepreneurs.
Alors, au lieu de vous engluer dans des débats budgétaires idéologiques et stériles, Mesdames et Messieurs les Députés et Sénateurs, prenez de la hauteur, faites honneur à la mission que les Français vous ont confiée, réveillez la France et ses énergies. Elle n’en manque pas, qui ne demandent qu’à s’exprimer si on leur fout la paix !
A quand un Ministère d’État de l’Entreprenariat, au 1er rang dans l’ordre protocolaire, avant celui de la justice ou de l’intérieur, occupé par un entrepreneur exemplaire, soutenu bec et ongles par un 1er ministre et un président de la République convaincus ?
Finalement, ne nous en prenons pas à l’État. Prenons-nous en à nous-mêmes. L’État n’existe pas, c’est nous !
A mauvais entendeurs, point de salut !
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