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Les inégalités, Bernard Zimmern et Radio Courtoisie

par Yves Buchsenschutz
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Ainsi que nous avions eu l’occasion de vous le signaler, nous avons présenté, Philippe Baccou et moi-même, le dernier livre de Bernard Zimmern, enfin publié, Inégalités, ressorts de la croissance des entreprises et de l’emploi. Vous trouverez ici un lien vers le podcast, si cela vous intéresse. Quant au livre, il est maintenant disponible : il suffit de se plonger dedans, c’est parfois un peu technique, mais cela décoiffe ! Au commencement. Ci-dessous, quelques réflexions suite à l’interview qui, bien menée – et j’en remercie Radio courtoisie –, permet d’avancer dans la réflexion.

Tout commence avec la devise de la République française : « liberté, égalité, fraternité ». Curieusement, Bernard Zimmern, qui était au demeurant un esprit très acéré, n’avait peut-être pas autant que nous aujourd’hui pris conscience de la contradiction fondamentale entre les deux premiers termes de notre devise nationale. Pour la petite histoire, cela a été la raison principale, semble-t-il, de l’adjonction de la fraternité, au XIXe siècle, à cette devise qui ne comportait à l’origine que deux termes.

De facto, il semble bien que l’objectif de ce que nous appelons un pays soit d’atteindre un niveau maximal de richesse pour les individus constituant sa population. Cela correspond plus ou moins à la valeur universelle qu’est l’instinct de survie. Plus je suis « riche », plus j’ai des chances de survivre contre toute défense, que je sois un individu ou un pays d’ailleurs. La meilleure chance de devenir riche c’est de s’en occuper et d’avoir le maximum de liberté pour trouver des solutions aux différentes questions ou besoins qui se poseront tout au long de la vie. C’est évidemment un peu réducteur, mais il semble bien se vérifier que la liberté, en particulier d’entreprendre, est un facteur majeur du niveau de richesse des pays et des individus qui le composent. Pour créer des richesses, il faudrait donc encourager la liberté au maximum.

Mais la liberté a également des inconvénients, il faut bien le reconnaître, dont deux majeurs : elle laisse libre cours à la violence et en particulier à celle des plus forts, et elle s’oppose également à une deuxième idée forte qui est que « l’union fait la force ». Les peuples se sont vite aperçus que, plus on est nombreux, plus l’on résout de problèmes, à condition d’organiser la coopération. Accessoirement, le christianisme qui a invité toutes les civilisations européennes à valoriser cette notion dans la recherche à tout crin de l’égalité est l’instigateur quasi direct.

On arrive donc à cette équation contradictoire : pour maximiser la richesse d’un pays il faut maximiser celle des individus qui le composent et donner toutes ses chances à la liberté. Mais si l’on veut l’optimiser, il faut gérer en parallèle la coopération et la répartition – donc les inégalités –, laquelle va se traduire par des règles du jeu qui limiteront les abus mais en même temps la liberté et les initiatives[[Un exemple intéressant de ce mécanisme est celui du lien entre la productivité et le chômage. La productivité est un facteur majeur de l’enrichissement et elle ne donne pas seulement de l’argent mais également du temps. Le choix des Français pour le chômage des uns et l’enrichissement des autres revient à un partage léonin des inégalités, en défaveur des plus faibles]].

Beaucoup porte à croire (voir le livre de Bernard Zimmern, mais aussi les publications de Claude Sicard et notamment l’article en date du 22 mai 2023 portant sur l’industrie, moteur de la croissance que la France a probablement trop insisté sur la répartition et son égalité, au détriment de la liberté, et que cela a freiné la création de richesse à la base. C’est ainsi que le multiplicateur de richesse français est un des plus faibles d’Europe, que le PIB par habitant d’un Suisse est quatre fois celui d’un Français, sans parler des Luxembourgeois, inférieur à celui d’un Allemand, d’un Hollandais ou d’un Danois, ce qui n’était pas le cas il y a 40 ans. Aujourd’hui il vaut mieux, à la limite, être un moyen pauvre en Suisse, pays qui s’est enrichi au maximum, qu’un moyen riche en France, pays qui est maintenant un peu à la traîne.
Par ailleurs, nous avons également montré que les aides sociales françaises n’étaient pas aussi extravagantes qu’on le pensait mais qu’elles étaient surtout trop importantes par rapport à la richesse moyenne du pays. 20 000 € d’aide sociale sur 43 000 € de revenus de PIB moyen en France est beaucoup plus difficile à supporter que les mêmes 20 000 € par rapport au PIB moyen d’un Suisse qui est de 91 000 € !

L’autre donnée majeure souvent oubliée est que nous sommes passés de systèmes protectionnistes à un système de libre-échange. Le monde libre est ouvert et les pays sont en compétition. Si l’on bride trop mon initiative dans le pays P, j’irai tout simplement développer mon idée dans un autre. En matière de redistribution et de gestion des inégalités, les pays ne peuvent avancer qu’à des vitesses similaires sous peine d’exils fiscaux sauvages. Globalement, cela a enrichi l’ensemble de l’Europe mais certains ont mieux tiré leur épingle du jeu car ils ont en général mieux géré l’équilibre liberté-égalité.

J’ai professionnellement souvent tenu le raisonnement suivant : tout individu (ou presque) a un potentiel de créativité et d’énergie. Forcer sur l’égalité, c’est rigidifier les individus et les organisations, insister sur la discipline et résumer l’adaptabilité de l’entreprise à un seul ou quelques cerveaux. Le rôle d’un patron étant de récupérer au maximum l’énergie de ses collaborateurs, il est vital de mettre tous les salariés en situation d’exprimer leurs idées et de les aider à les réaliser au profit de tous. Certes, cela ne peut pas se faire en vrac, mais cela demande aussi de laisser fleurir les initiatives et de les incorporer systématiquement dans les projets et l’équilibre de l’entreprise. C’est une part non négligeable du problème du sens. De surcroît, cette situation génère des salariés satisfaits, qui en général en redemandent (repassez-vous, ne serait-ce que pour le plaisir, Un taxi pour Tobrouk !).

Le problème d’un gouvernement de pays, comme celui d’un patron, et de récupérer au maximum l’énergie potentielle des individus qui le composent pour créer de la richesse. Il est illusoire de penser que des lois et des règlements supplémentaires vont entraîner une implication plus efficace des citoyens. En revanche, une libération des énergies, provoquera non seulement des initiatives et de l’enrichissement, mais également un phénomène de foisonnement qui accélérera encore, dans un processus cumulatif.
La liberté entraîne la richesse car c’est un meilleur système de récupération d’énergie individuelle que l’égalité pour transformer l’énergie potentielle des populations en biens et situations consommables[[C’est toute la différence d’attitude entre un Français qui se bat pour la limitation des inégalités est celle d’un Canadien qui milite pour le droit d’entreprendre.]]. On peut ensuite, mais seulement ensuite, repartir.

Accessoirement, il serait de bonne politique que les Français encouragent et soutiennent ceux qui prennent le risque d’entreprendre plutôt que de les vouer aux gémonies, ou de leur mettre des bâtons dans les roues : c’est leur emploi, et leur niveau de vie de demain qui est en construction ainsi que le financement de leurs retraites[[Intéressez-vous à Malaga, ville espagnole qui s’est surdéveloppée ces dernières années et qui explique que c’est tout simplement en « aimant » (sic) les gens !]].

 

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3 commentaires

Laurent Guyot-Sionnest mai 26, 2023 - 10:54 am

Les inégalités selon le Président de l’IRDEME
survivre contre toute défense, ???
survivre contre toute attaque et aléas 🙂

Répondre
Laurent Guyot-Sionnest mai 26, 2023 - 10:58 am

Les inégalités selon le Président de l’IRDEME
survivre contre toute défense, ???
survivre contre toute attaque et aléas 🙂

Répondre
Laurent Guyot-Sionnest mai 26, 2023 - 11:02 am

quelques chiffres en dsaccord
le PIB par habitant d’un Suisse est quatre fois celui d’un Français????

20 000 € d’aide sociale sur 43 000 € de revenus de PIB moyen en France / PIB moyen d’un Suisse qui est de 91 000 € !

article de Claude Sicard
Suisse 18.879 37.937 80.101 4,25
France 12.669 22.161 38.415 3,03
(ONU : Statistics Division)

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