Un paysage bancaire français extrêmement concentré qui rend difficile une aide des petites entreprises.
Même pour les jeunes pousses qui montrent des preuves de solidité, le réseau bancaire a une structure et un fonctionnement qui ne permettent pas qu’elles financent les start-up. Une note de Trésor-Eco d’avril 2014 le constate, « la création d’entreprises technologiques [repose] peu sur de la dette bancaire ». Cela concerne en réalité toutes les entreprises jeunes et/ou à forte croissance, qu’elles soient technologiques ou non.
En Allemagne, le financement des petites entreprises fonctionne car il y a beaucoup de banques locales (environ 1.800) décentralisées et qu’elles entretiennent des rapports de long terme et de proximité avec leurs PME clientes. Les banques locales les connaissent et ils ont le pouvoir de décision pour accorder ou non un prêt : le principe de subsidiarité s’applique. Mais en France à l’inverse, les banques sont extrêmement concentrées, avec peu de banques locales et une structure hiérarchique très forte, où il faut en référer ses supérieurs pour la moindre décision. La banque française connait aussi un taux de turnover élevé, ce qui fait que les interlocuteurs des entreprises changent régulièrement, ne permettant pas ce suivi bien particulier que l’on observe en Allemagne.
A moins de refaire l’histoire, ce sont donc essentiellement les investisseurs privés qui peuvent financer les premières années de nos entrepreneurs.
Surtout, d’une manière générale, les jeunes pousses sont trop risquées pour que l’on puisse demander aux banques de leur prêter en risquant l’argent de leurs déposants.
Si l’on interroge des business angels de réseau en France, on constate qu’environ 30 % des entreprises investies disparaissent au bout de trois ans, avec le plus souvent la perte intégrale de l’investissement. Et encore, ces réseaux ont consacré un temps important à l’examen et au suivi des projets ! Sur l’ensemble des entreprises nouvelles créées, les statistiques de l’Insee rappellent que 50% des entreprises ont mis la clé sous la porte dans les 5 ans suivant leur création. Ceci est valable de tous temps, même hors des périodes de crises.
Ce ne sont donc pas les banquiers qui peuvent financer les entreprises nouvelles :
– Emprunter pour perdre, aucun banquier ne marche : avec une entreprises sur deux qui ferme au bout de 5 ans, il faudrait que le banquier demande un taux d’intérêt de plus de 50% pour être sûr de ne pas perdre, or aucune start-up ne pourrait jamais payer un tel taux !
– Quand une PME demande un crédit à une banque, la banque demande les trois derniers bilans. Or, une entreprise nouvelle n’en a aucun, ou sinon ses bilans ne sont pas représentatifs de son potentiel ;
– Une banque ne peut prendre que des risques limités et contrôlés et maitrisés, par définition, elle ne peut donc pas non investir en fonds propres dans des jeunes pousses.