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Le profil de nos dirigeants

par Bernard Biedermann
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Dans La revue du Trombinoscope d’il y a quelques mois[[Décembre 2016, numéro 210.]] a été publiée la liste des nominations et missions suite au changement de Premier ministre. On constate que l’immense majorité des nominés manquent de connaissances et surtout d’expérience du monde actuel.

Ce numéro de La revue du Trombinoscope présente plus d’une centaine de curriculum vitae des nouvelles recrues, de Bernard Cazeneuve à Chantal Jouanno en passant par le jeune administrateur civil dans son deuxième emploi. Les nominations concernent pratiquement tous les ministères, le Parlement, les autorités administratives indépendantes et les entreprises publiques. On y retrouve ainsi les diplômes, les postes occupés (très souvent des fonctions de « président ») avec leurs durées et leurs titres. Mais quelle synthèse peut-on faire de tous ces profils ?

– L’âge moyen est de 47 ans ;
– La moitié des nominés ont fait Science Po (ou un IEP) ou l’ENA ou les deux ;
– Un tiers est diplômé en droit, économie, histoire, géographie… ;
Moins de 20% ont une formation technique ;
Moins de 13% ont exercé des responsabilités dans le privé (en général plutôt de courte durée).

Ces statistiques ainsi que la liste des postes occupés montrent que les employés de nos administrations sont sûrement très efficaces dans le cadre de leurs responsabilités intra administratives… Mais se pose de toute évidence la question de la pertinence de leur vision sur l’entreprise privée dans nos économies ouvertes. Rien ne remplace l’expérience pour comprendre leurs impératifs et leurs défis, alors que l’ingérence de l’État ne cesse de croître en imposant des contraintes financières ou légales.

Malheureusement ce constat n’est pas nouveau. Le taux de représentation de l’entreprise dans le cabinet Hollande était de seulement 18%, et auparavant dans le cabinet de Sarkozy de 16% et même de seulement 9% pour le cabinet Fillon.

Dans l’administration elle-même, c’est encore pire : sous François Hollande, sur 95 personnes, directeurs généraux du Trésor, des Finances publiques, de l’Insee, du Budget et de la DGCCRF[[Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.]], seuls 2 sont passés par l’entreprise.

Pour bien comprendre le bain dans lequel nos dirigeants sont plongés, rappelons le contexte économique de 2017 : nous évoluons dans un village planétaire qui vit la révolution de l’innovation et surtout celle du numérique. Dans les entreprises, quelle que soit leur taille, mais surtout dans les jeunes entreprises, les décisions doivent se prendre rapidement dans le contexte du marché mondial caractérisé par une forte proximité, une déstabilisation des repères juridiques, les contraintes de normes, et par une très forte détermination des dirigeants d’État en matière d’exportations (politique des brevets, agressivités commerciales souvent impliquées dans des négociations politiques internationales …).
Prenons également conscience que les gouvernements ont de plus en plus tendance à diriger leurs économies mondialisées sur la base d’une vision selon laquelle l’économie doit être pilotée de la même manière qu’une entreprise.

Par ailleurs on pourrait difficilement sortir de ce nouveau monde en se repliant sur soi pour tenter d’échapper à toutes ces contraintes ; par exemple, concernant les échanges internationaux il faut bien comprendre qu’aujourd’hui, exporter génère mathématiquement des importations car les composants d’un produit ou d’un service ne sont plus tous fabriqués dans le même pays. On n’est plus à l’époque de Ricardo, quand le Portugal exportait du vin vers l’Angleterre qui exportait ses tissus pour les Portugais.

Lorsqu’il faudra négocier avec des Poutine, des Trump, des Xi Jinping ou des princes du Moyen Orient, il ne sera pas mauvais d’avoir eu une réelle expérience de vécu de l’entreprise contemporaine.

 

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1 commenter

Jean-Xavier ROCHU mai 3, 2017 - 5:08 pm

Le profil de nos dirigeants
Il y a une ambition dévastatrice en France qui voudrait que nos dirigeants sachent tout sur tout.
Oui, un parfum international est nécessaire pour que chacun ait une notion de l’ampleur des différences et soit inciter à la prudence.
La France publique doit respecter les métiers de ses industriels. Ils sont seuls crédibles et au fait des évolutions et des besoins des marchés et des clients.
Il est affligeant d’entendre le collègue allemand de notre conseiller commercial nous souffler dans l’oreille que s’il avait dit la moitié des bêtises que son collègue était en train de dire, le lendemain, il aurait été rappeler à Berlin!

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