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Le chômage continue son ascension

par Nathalie Droal
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Il ressort de la présidence de Sarkozy que malgré les dispositifs mis en œuvre pour réduire le chômage, celui-ci n’a fait qu’augmenter depuis 2007. C’est malheureusement ce que prouve l’analyse des chiffres publiés par la DARES et des statistiques internationales.

Les données publiées par Eurostat indiquent un taux de chômage en France de 9,7% en 2011 contre 8,4% en 2007, soit une augmentation de plus de 15% de ce taux. Mais ces statistiques ont une vision très restrictive du chômage. Ainsi, en application de la définition internationale adoptée en 1982 par le Bureau international du travail (BIT), un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :
• être sans emploi, c’est-à-dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu’une heure, durant une semaine de référence ;
• être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
• avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Cette définition correspond à peu de choses près à la définition des demandeurs d’emploi de catégorie A « tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi » (sous entendu sans aucune activité d’aucun ordre et donc disponibles tout de suite).

Elle ne prend donc pas en compte les demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi pour une raison ou une autre (stage, formation…), ni ceux ayant une activité réduite de moins de 78 heures par mois, ni les demandeurs d’emploi ayant un emploi, ceux-ci étant majoritairement des bénéficiaires de contrats aidés. Toutes ces personnes devraient à notre sens être prises en compte dans le calcul du chômage. Si l’on considère le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues hors catégorie C (activité de plus de 78 heures par mois), leur nombre est passé en valeur absolue entre avril 2007 et avril 2012 de 3 millions à 4,1 millions, soit une hausse de près de 35%. Rapporté à la population en âge de travailler, on obtient un taux de chômage de 9,2% sur l’année 2011 contre 7,2% sur l’année 2007 [[Moyenne sur l’année du nombre mensuel de chômeurs (données Dares) divisée par la population des 15-64 ans au 1er janvier (données Eurostat).]]. Rapporté à la population active, ce taux est de 13,6% en 2011 contre 10,7% en 2007 [[Moyenne sur l’année du nombre mensuel de chômeurs (données Dares) divisée par la moyenne annuelle de la population active (données Eurostat).]].

Ces chiffres sont certainement de plus très en deçà de la réalité. Pour le comprendre, intéressons-nous au pays européen qui a été le plus dynamique ces dernières années en termes d’emploi, c’est-à-dire l’Allemagne. Entre 2002 et 2011, l’emploi en Allemagne a augmenté de 3,1 millions. Dans le même temps, la population inactive allemande en âge de travailler a diminué de 3,4 millions. Sur cette baisse, 1,8 million est imputable à la diminution de la population en âge de travailler : 1,6 million sont donc « sortis du bois » pour rejoindre le marché du travail. Sur les 3,1 millions d’emplois créés entre 2002 et 2011, une moitié a donc absorbé d’anciens chômeurs et l’autre moitié a absorbé une population auparavant inactive. L’exemple de l’Allemagne confirme ici la règle affirmant qu’il faut créer deux emplois supplémentaires pour absorber un demandeur d’emploi [[Ceci est notamment montré par Bernard Zimmern, dans Les fabricants de chômage, Plon, 2002, p.61. Entre mars 1997 et mars 2001, l’emploi en France a augmenté d’environ 1.500.000 et le nombre de demandeurs d’emploi a diminué d’environ 800.000, ce qui semble confirmer la pertinence de cette règle.]].

Si la réciproque est vraie, c’est-à-dire si un demandeur d’emploi supplémentaire masque en réalité deux emplois manquants, l’augmentation réelle du nombre de chômeurs en France entre 2007 et 2011 – c’est-à-dire l’ensemble des personnes sans emploi (ou en activité réduite) qui seraient prêtes à accepter un emploi – est non pas de 1 million mais de 2 millions.

La crise de 2008 peut apparaître comme une bonne explication de la hausse du chômage en France. Néanmoins, l’exemple de l’Allemagne montre bien que la crise en elle-même ne peut pas être tenue pour seule responsable. Entre 2007 et 2011, le chômage passe de 8,7% à 5,9% en Allemagne tandis qu’il passe de 8,4% à 9,7% en France. La courbe de comparaison France – Allemagne est particulièrement frappante :

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Le réservoir d’inactifs en âge de travailler est également bien plus conséquent en proportion. Alors que comme on l’a vu en Allemagne il a diminué de 3,3 millions depuis 2002 (passant de 15,6 millions à 12,3 millions) dans le même temps le nombre d’inactifs en France a augmenté de 140.000 (passant de 11,7 à 11,9 millions).

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En pourcentage de la population en âge de travailler, ce taux passe de 28,5% à 22,8% en Allemagne tandis qu’il passe de 31% à 29,6% en France. Ce taux ne varie pas beaucoup pour le Royaume-Uni mais il se maintient à un taux bien plus faible que pour la France, passant de 25% à 24,3%.

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L’importance de cette population qui peut sortir du bois comme elle est sortie du bois pour l’Allemagne, permet donc d’affirmer que le chômage est sans doute largement sous estimé.

 

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