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La mesure du coût du risque entrepreneurial

par Bernard Zimmern
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L’une des grandes surprises de la science dite économique est le peu de place qui y est consacrée à ce qui fait la force d’une économie : le risque entrepreneurial.
Peut-on reprocher aux jeunes générations de ne rien comprendre à l’économie lorsque l’on constate le vide concernant ce risque et sa mesure ?
Certes, la littérature regorge de discours professoraux sur le risque de l’entrepreneur, qui fait qu’il n’y a pas d’entrepreneur sans risque, comme les deux faces d’une même médaille.

Les enfants sont habitués à voir le monde avec toutes les entreprises qui la tapissent comme si elles avaient toujours existé et sans se rendre compte que derrière chacune d’elles, il y a une ou des aventures humaines, qu’elles sont des îles de succès dans des océans d’échecs et des îles imprévisibles.

Des distinctions habiles sont faites entre le risque, la probabilité mesurable ou qui peut être estimée, de l’échec ; et l’incertitude, l’absence de données sur le futur, les marchés, l’avenir technologique.
Mais aucune étude économique sérieuse n’a été à notre connaissance consacrée à la mesure de ce risque alors que le risque boursier est lui mesuré depuis plusieurs décennies.
Tous les étudiants en économie ont appris la mesure du bêta d’un titre, ils savent que le calcul du risque est né des théories de Black-Scholes et ont été largement intégrées dans les calculs des portefeuilles financiers et ont servi aux crédits default swap qui ont signé le désastre boursier de 2008. S’ils sont plus avancés, ils ont aussi appris que l’une des raisons de ce désastre est que les calculs actuariels reposaient sur une hypothèse de distribution gaussienne du risque alors que depuis les travaux de Benoît Mandelbrot en 1963, précédant les fractales, on sait que ces distributions ne sont pas gaussiennes mais parétiennes, donnant aux hypothèses catastrophiques une probabilité beaucoup plus élevée et qui même tend vers l’infini avec le temps au lieu d’être finie.

Mais peu, sinon aucun chercheur, se sont demandé : quelle assurance faudrait-il payer à un financier pour mettre son argent dans une création d’entreprise, dans les capitaux propres qui sont indispensables pour permettre à une entreprise, non seulement de naître, mais de passer le cap du développement où celui-ci s’autofinance, ce que l’on désigne souvent par la traversée de la Vallée de la Mort.

Pourtant, la connaissance du montant de cette assurance est indispensable à la conception de tout programme de développement économique. Si on ne connaît pas le prix de cette assurance, comment inciter des épargnants à mettre leur argent dans ces aventures entrepreneuriales plutôt que sagement en bons du Trésor ?

La question est d’autant plus redoutable qu’a priori on ne sait pas.
On sait seulement qu’il n’y a pas une prime de risque, que plus on est prêt à payer, plus s’allonge la liste des entreprises possibles, que les économies vacillantes comme la française n’osent pas payer… et le paient d’un chômage énorme. Mais statistiquement, a posteriori, on constate pour la démographie des entreprises, l’impact des assurances, personne ne peut dire où seront les chevaux gagnants.
On sait seulement que comme aux courses, ceux qui ont un entraînement à jouer ont plus de chances de gagner ; ce sont ceux qui le plus souvent ont créé une ou des entreprises, ont réussi et ont le flair qui nous fait les appeler « les chiens truffiers ».

On commence à comprendre que les héros d’une économie ne sont plus les entreprises existantes, qui font la « une » des médias, maïs celles qui n’existent pas encore et dont l’émergence dépend d’un écosystème encore ignoré des économistes, un écosystème fragile, celui des petits riches, ceux qui ont assez d’argent pour risquer quelques centaines de milliers d’euros chaque année sans mettre en jeu leur existence familiale, mais pas trop riches pour qui investir quelques centaines de milliers d’euros est dérisoire devant leurs revenus ou leur fortune.

Un écosystème aisément détruit par des économistes de pacotille qui ne savent même pas que sans risque, il n’y a pas d’entreprise et qui n’ont pas compris que sans intégrer le coût de cette prime de risque dans les évaluations, leurs théories économiques ne valent pas le prix du papier qui les enveloppe.

 

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3 commentaires

Guillaume mai 15, 2014 - 8:46 am

La mesure du coût du risque entrepreneurial
Si les économistes adoubés par l’État en sont incapables — et ils en sont incapables — rien ne nous empêche de la construire nous-même cette théorie. Je m’y colle.

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GUILLON Alain mai 15, 2014 - 11:16 am

La mesure du coût du risque entrepreneurial
Un autre risque dont personne ne parle… Le risque fiscal + le risque fonctionnaires
Depuis 1974 je me suis lancé dans la reprise d’entreprises en difficultés et à chacune j’ai toujours eu des fonctionnaires en travers de ma route
Et le summun a été atteint avec un contrôle fiscal inique. On coupe les têtes qui dépassent ?
Deux considérations sont à prendre en compte
1°) Les divers fonctionnaires souvent en relation avec des concurrents ou des potenta locaux agissent pour vous mettre des bâtons dans les roues
2°) Le services fiscaux souvent mus par la haine de la réussite et la politique sectaire

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hctad1 mai 15, 2014 - 11:35 am

La mesure du coût du risque entrepreneurial
Dans le cadre d’une création d’entreprise (hormis la possibilité de céder un jour l’entreprise), la rémunération du risque se trouvait dans l’imposition des dividendes.
Or aujourd’hui, les dividendes sont imposés comme les revenus du travail niant ainsi totalement la prise de risque.
Donc si on ignore la liberté gagnée par rapport au salariat, il faut être idiot pour créer une boite en France?

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