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La France sous nos yeux

par Yves Buchsenschutz
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Loin de moi l’idée d’apporter une quelconque critique à l’article passionnant de Gilles Rigourex, sur le livre en référence mais j’avais envie de faire des commentaires supplémentaires et comme ils étaient nombreux, j’en ai refait un petit article.

À propos du troisième constat :

Je relève que l’auteur met en doute la relance du ferroviaire « fret ». Je reviens sur ce point car il est un argument largement avancé et utilisé par les verts ou d’une manière générale les contempteurs du CO². Il se trouve que j’ai travaillé dans l’industrie, dans l’eau minérale (eau issue par définition d’un point unique) et dans la « Supply Chain ». L’histoire d’abord : Il y a 30 ou 40 ans une large partie de nos produits partaient ou arrivaient par le fer (il n’y avait d’ailleurs pas ou peu d’autoroutes et des embranchements ferrés dans toute usine qui se respectait). Si malgré les plans successifs, celui- ci n’a fait que se déliter c’est tout simplement qu’il est une moins bonne réponse aux nécessités du transport et le supply chain: problème du dernier kilomètre qui nécessite toujours un camion, réactivité, massification, agilité grévissante de la SNCF etc. Un wagon isolé peut mettre plusieurs semaines à traverser la France, un camion : la nuit ! En termes de tarifs (reflet quelque part de la productivité) il faut expédier un train lourd (29 wagons soit 1 million de litres) pour atteindre le prix d’un camion ! Et en plus, il faut le commander d’avance. Je suis à la disposition de toute personne essayant sérieusement d’évaluer les chances de remettre en route le fret SNCF ! Le coût du transport a été complètement intégré dans les chaînes de valeur, ce qui n’était pas le cas dans les années 80. La simplification des manutentions également est devenue une nécessité absolue.

Quatrième constat :

Le nombre de bateaux de pêche a été plus que divisé par deux entre 83 et 2016 : certes, mais on oublie toujours d’indiquer que leur taille et leur technicité a été, elle, peut être multipliée par deux également ! On pêchait autrefois les poissons au hasard et à la ligne, on les pêche aujourd’hui au sonar et à l’aspirateur. Satané progrès !
Les Français sont malheureux et pauvres mais ils sont champions du monde par le nombre de piscines individuelles et 65 % de leurs logements ont été construits depuis 1970.

Sixième constat : l’effet sablier !

Les auteurs étudient particulièrement ce qu’ils appellent l’éclatement de la classe moyenne en une partie supérieure qui rejoint les « élites » et une partie inférieure pour qui la vie est devenue difficile. (Jugements de valeur toujours délicats). Il faut tout de même faire remarquer, page 226 que 90 % des français et plus détiennent un lave-linge, un congélateur, un four à micro-ondes. Le lave-vaisselle a un peu moins de succès car il pose parfois des problèmes d’installation. On est largement au-dessus des 14 % de pauvres répertoriés, régulièrement lancés à la face de l’économie capitaliste et inégalitaire. Je n’ai personnellement pas retrouvé clairement la ligne de partage entre classe moyenne supérieure et inférieure, sauf par les activités : on retrouve en bas du sablier bien entendu, les caissières, les aides-soignantes, des employés d’entrepôt, les livreurs etc… J’ai tendance à penser, que, puisqu’on nous fait remarquer que la France vote désormais à droite, la partie inférieure du sablier est moins importante que celle des classes moyennes supérieures. Il n’en reste pas moins que ces jobs, souvent reliés soient à des déficits scolaires, soit à des situations personnelles atypiques (du type monoparentalité), mériteraient un meilleur traitement. Pour ceux qui ont eu à gérer du personnel, ils auront pu remarquer que chacun d’entre nous est sensible à la fois à sa situation à l’instant t mais aussi à son évolution que ce soit en terme de rémunération mais aussi de carrière. De ce point de vue la validation des acquis professionnels comme des entretiens récurrents d’évaluation et d’objectif, pourraient être un énorme progrès et ils mériteraient comme l’apprentissage, d’être largement soutenus. L’intégration sociale n’est pas seulement des faits mais aussi, peut-être surtout du ressenti. Une des forces de l’Allemagne et de la Suisse est le statut des cols bleus, vécu quelque part comme plus « utile » à la société et mieux rémunérés que les cols blancs, reflet de la maladie administrative des Français.
Au demeurant, la classe moyenne inférieure trouve des solutions en vivant « d’occasions » et de « promotions » (DACIA, GIFI, ALDI etc). Cela est depuis toujours ou presque le lot des jeunes (il n’y a aucune innovation en la matière) mais chacun portait dans sa besace son bâton de maréchal. Un tableau récapitulatif de cette démobilisation est disponible p226.

Dixième constat

Je voudrais relever encore, comme les auteurs, le vieillissement de la population et ses conséquences, pages 282 et suivantes. La fraction de population âgée de plus de 65 ans a dépassé les 20 % en 2020 et cela va continuer à augmenter. En face, la formation des jeunes a plutôt tendance à s’allonger et au croisement, la population « active » diminue ! Dans le cas particulier des personnes âgées, cette tendance est renforcée par le comportement des familles qui autrefois gardaient les anciens à la maison et maintenant les confient à des organisations spécialisées de plus en plus médicalisées, « les Ehpad ». D’où bien entendu, la nécessité de repousser l’âge de la retraite, ce que pratiquement tous les autres pays au monde ont déjà fait, mais aussi peut-être de s’attaquer de matières plus systématique et innovante à cette question. Pour le moment le problème a été largement résolu (mal parfois paraît-il) par des structures privées dont le nombre a littéralement explosé depuis 40 ans. Pour ceux qui l’ont vécu dans l’industrie, nous sommes avec les personnes âgées face à un travail « à feu continu ». 24 heures sur 24 et sept jours sur sept ! Ce sont des contraintes très particulières mais surtout très lourdes et coûteuses dans lesquels certains pays déjà cherchent à équilibrer le rôle des familles et celui des structures spécialisées.
Mais c’est loin d’être résolu. Dans tous les cas, tous les métiers liés à ce phénomène de fond de notre société sont promis à un bel avenir et doivent être repensés pour retrouver, sens, attractivité et, bien entendu, juste rémunération, sous peine d’aller alimenter la classe des assistés.

Onzième constat : Le vote : tous ces éléments vont s’entrecroiser pour déterminer les votes futurs :

Par exemple :
– un constat alsacien : la disparition de l’industrie a fait monter le vote FN dans les zones concernées
– à Paris et dans certaines grandes villes, la chasse aux voitures se coordonne avec le vote Vert
– les centres-villes sont restés plus traditionnels, les périphéries plus attirées par l’extrême- droite
– on quitte le FN à partir de bac+2
– les pavillons sont plus attirés par le l’extrême-droite, les néos ruraux par les Verts ou le Macronisme
– les verts sont souvent anti utilisateurs d’Amazon

Issus du premier livre de Jérôme Fouquet : dites-moi si vous êtes citadin ou rural, ainsi que votre âge et je vous dirai comment vous allez voter !

On pourrait quasiment reclasser avant les élections les intentions de vote en trois grandes catégories : Verts, Extrême-droite et Macron (et centre). La gauche semble être disparue !

 

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1 commenter

Moulin Grandmont mars 15, 2022 - 11:08 am

comment les masses populaires ont été abandonnées par la gauche bobo
1/. https://tnova.fr/democratie/politique-institutions/les-racines-ideologiques-du-vote-des-classes-populaires/

2/. l’individualisme accentué par les inégalités multiples:
Pour le sociologue François Dubet, le modèle de l’égalité des chances sur lequel est fondé la société d’aujourd’hui a fait perdre leurs repères aux Français, qui se sentent tous en situation d’inégalité sur un sujet ou un autre.
et ne sont plus mobilisables en communautés… (usines, cités ouvrières…) Les gilets jaunes ont montré le besoin de communautés et la difficulté d’agir ensemble

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