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L’emploi intéresse-t-il les politiciens de droite ?

par Dominique Mercier
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Nous sommes frappés de voir le peu de place qu’accordent les hommes politiques de droite dans leurs discours aux remèdes à apporter à la crise de l’emploi. Sans avoir pu revoir bien entendu toutes leurs déclarations, les plus récentes s’apparentent à une série de vœux pieux sans qu’aucun d’entre eux ne paraisse avoir d’idée sur les solutions concrètes qu’il faudrait appliquer, et ceci par méconnaissance d’un diagnostic sur les causes réelles du chômage.

Pour François Fillon, il faut une « baisse les charges[[30 septembre 2014, Les Echos.]] », une « refonte de la fiscalité du capital[[Ibid.]]», « un assouplissement du marché de l’emploi[[25 septembre 2014, Le Point.]] », « une sortie des 35 heures[[Ibid.]] », « refonder le code du travail[[21 septembre 2014, discours du Val-d’Oise.]] ». Pour Alain Juppé il faut « le retour de la confiance[[20 aout 2014.]] », « cesser de stigmatiser les entreprises et les entrepreneurs[[14 novembre 2013.]]», « un plan pluriannuel de baisse des charges[[Ibid.]]», « un plan pluriannuel de simplification[[Ibid.]]», « des innovations de toutes natures qui sont porteuses de croissance et d’emplois[[9 septembre 2014, discours à La Baule.]] ». Pour Laurent Wauquiez, « La France doit réapprendre à encourager ceux qui réussissent[[Interview dans Atlantico paru le 21 juillet 2014.]] », « rompre avec les tabous autour de l’ISF[[Ibid.]] », « réduire la dépense publique et les déficits[[Ibid.]] ». Pour Bruno Le Maire, il faut « en finir avec les seuils sociaux[[17 juin 2014, interview LCI.]] », « un nouveau code [du travail] de 150 pages[[13 septembre 2014, Le Figaro.]] », « de la souplesse[[Ibid.]] », « un nouveau contrat de travail de dix-huit mois[[30 janvier 2014, interview EBRA presse.]] » et une « réforme de l’indemnité chômage[[15 janvier 2014, I-Télé.]] ». Pour Nicolas Sarkozy enfin, il faut « diminuer les impôts », « travailler davantage », il croit « à la souplesse » et que « l’ISF est incontestablement un problème »[[Interview dans le Figaro Magazine, octobre 2014.]].

Si bien évidemment on ne peut condamner ces prises de position, si l’on ne peut attendre des politiques qu’ils entrent dans les détails dans chacune de leurs déclarations, il est frappant de constater quand même leur flou et surtout des propositions méconnaissant les causes et conséquences principales du chômage français.

Ainsi le chiffre capital de 6 millions d’emplois privés manquants par rapport à l’Allemagne et au Royaume-Uni semble leur être inconnu. Afin de relancer l’emploi en France, certains hommes politiques de droite réclament la réduction des charges sociales pour les entreprises, mais ils omettent de dire que si seulement nous avions ces 6 millions d’emplois privés supplémentaires, à ajouter aux 19 millions actuels, cela représenterait – à prélèvement total équivalent – une réduction de 25% des charges sociales pour les entreprises.

Ce qui frappe ensuite, c’est leur vision extrêmement statique de l’économie, qui semble oublier le principe schumpetérien de destruction créatrice et le fait que la création d’emploi ne vient pas des entreprises existantes mais d’un solde positif entre les emplois créés lors des créations d’entreprises et les destructions d’emplois[[http://www.irdeme.org/Seules-les-entreprises-nouvelles.html]].

Ainsi les mesures avancées se proposent d’améliorer le sort des entreprises existantes – ce qui n’est pas mauvais en soi – mais elles éludent totalement la question de la création d’emplois par les entreprises nouvelles ou par les jeunes entreprises à forte croissance. Aucun politique n’explique que les entreprises nouvelles en France créent chaque année 70.000 emplois de moins qu’en Allemagne[[Emplois salariés dans les entreprises crées dans l’année, chiffres Eurostat 2010, champ: Industrie, construction et services sauf les sociétés holding]]. Aucun politique n’explique que nous avons deux fois moins de jeunes entreprises à forte croissance que le Royaume-Uni et qu’elles créent chaque année 190.000 emplois de moins.

Ce sont pourtant bien les entreprises nouvelles et les entreprises de croissance qui font la différence dans une économie, et qui expliquent les forts taux de chômage et d’inactivité en France. D’après l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, la première mesure pour l’emploi serait d’aider les entreprises en grande difficulté. Or, ce n’est pas tant le nombre de morts qui est préoccupant, que l’absence de naissances d’entreprises employeuses, celles-ci étant aussi le terreau des entreprises à forte croissance.

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