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L’Amérique des grandes idées fausses

par Bernard Zimmern
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C’est en 1967 que Jean-Jacques Servan-Schreiber publiait son ouvrage fameux « Le défi américain », un ouvrage où il décrivait la taille des entreprises comme étant un facteur décisif dans la compétition internationale, qui a poussé le général De Gaulle à encourager les concentrations d’entreprises et n’est pas étranger au lancement du supersonique Concorde dont Servan-Schreiber était persuadé que les Américains allaient inonder le marché.

Or, c’est en 1970 que la taille des entreprises américaines s’est mise à se réduire sous l’influence de la sous-traitance et de la spécialisation. En aviation, les Américains avaient opté, non pour les avions dont la consommation de carburant par passager transporté augmente considérablement dès qu’on franchit le mur du son, mais pour des gros-porteurs dont le symbole le plus réussi a été le 747 de Boeing (un avion créé par accident et non pas programmé pour être la vache à lait de Boeing qu’il est devenu) et qui a abaissé considérablement le coût du kilomètre-passager transporté, faisant du transport aérien un moyen de transport de masse.

La fabrique à idées fausses fonctionne depuis très longtemps aux États-Unis. Pour ceux qui l’auraient oublié, rappelons « le nouvel Etat industriel » de John Kenneth Galbraith qui a partiellement influencé Jean-Jacques Servan-Schreiber.

L’économiste Robert Gordon appartient-il à cette fabrique ? C’est ce que l’avenir nous dira mais il prédit dans son ouvrage « The rise and fall of American Growth » la fin d’une croissance exceptionnelle qui se serait produite de 1870 à 1970.

Ceci rappelle la thèse d’un autre économiste qui prétendait que l’innovation n’avait plus de ressort parce que toutes les innovations possibles avaient déjà été inventées à partir de la physique et de la chimie au cours du XXe siècle.

Nous nous étions déjà interrogés sur cette thèse en remarquant qu’avec le développement d’Internet et des moteurs de recherche, la multiplication des échanges et des innovations qui en résultent peut largement excéder l’épuisement des innovations sorties de la physique élémentaire. On doit d’ailleurs questionner cet épuisement lorsqu’on voit apparaître des innovations aussi récentes et pourtant aussi élémentaires que l’aspirateur sans sac.

On peut en particulier se demander si ces économistes n’ont pas lancé des idées brillantes comme JJSS l’a fait sans les soumettre à l’épreuve des chiffres et du calcul.

Nous nous demandons en particulier si ces économistes ont pris la mesure de la révolution qu’a été l’explosion de l’entrepreneuriat aux États-Unis à partir de 1970 et si, faute d’avoir pris cette mesure, ils ne sont pas devenus aveugles aux blocages qu’ont introduits ceux qui dénoncent les inégalités et veulent y remédier en taxant davantage les riches, sans comprendre que les riches le sont devenus parce qu’ils ont créé les emplois ?

Le rééquilibrage, qui nous l’espérons sera fait aux États-Unis, viendra quand on comprendra que devenir riche reste pour l’instant la seule incitation qui pousse les entrepreneurs à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale et à prendre des risques.

En ce sens, la victoire d’un milliardaire aux primaires présidentielles américaines semble montrer qu’aux USA, être riche n’est pas la tare dont l’opinion –ou les médias ?- veulent affubler en France ceux qui ont le malheur de réussir.

Ce rééquilibrage, c’est aussi comprendre que devenir riche n’est pas jouir de l’argent, « profiter », mais qu’avoir de l’argent est la condition pour pouvoir soi-même investir et donner aux circuits financiers la confiance qui leur permet de co-investir. C’est ce que nous rappelions récemment à propos d’Elon Musk qui, arrivé sans le sous aux USA à 20 ans, est à moins de 50 ans le créateur et l’animateur de 3 sociétés dont la capitalisation boursière dépasse les 50 milliards de dollars.

Ce n’est pas devant le dieu argent devant lequel nous nous inclinons, mais devant les 30.000 emplois que ces sociétés ont créés et qui n’auraient pas été possibles sans des milliards d’investissement et la vision de leur fondateur. Sans oublier qu’il s’agit là d’un début, puisque la promesse de la voiture électrique est de faire disparaître les voitures à moteurs thermiques.

Nous espérons que cette prise de conscience de bon sens finira par l’emporter et nous apportera ce dont nous manquons le plus, c’est-à-dire, non pas plus d’égalité, mais plus d’emplois.

 

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1 commenter

François ABBE mai 10, 2016 - 9:13 am

complément à cet article
il serait bon de rappeler dans vos articles que la réserve des voix électorales anti-capitalistes et/ou anti-libérales ou + communément appelées anti-riches (ou celles des acheteurs petits prix , je pense à ceux qui achètent un livre comme celui de Thomas Piketti par exemple), donc que cette immense réserve se trouve parmi les personnes peu favorisées par la vie et donc légitimement envieuses des riches .Et malheureusement ,les intellos de gauche ne se gênent pas pour exploiter à fond ce sentiment.Alors ça il serait bon de bien le dire,

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